Je viens d’y arriver, ça y est. Slab City, là où Niilo m’a dit de les rejoindre par message déposé sur mon téléphone. Un nom que je ne connaissais de nulle part, et qui m’a mené à travers ce pays qui n’est pas le mien, jusqu’à un désert et à sa chaleur infernale. Je m’étais attendue à tout et sous l’angoisse qui me rongeait l’estomac, j’avais encore un peu de rêves et d’envie. Mais je crois que mon voyage les a finalement salis et martyrisé…
La dernière voiture qui m’a déposée ici m’a indiqué le “centre” de la ville en me disant que j’y trouverais des gens et sûrement un endroit où dormir. Je n’ai pas eu le cran de raconter mon histoire à ce dernier type, sûrement plus louche que ce que Ivar peut paraître parfois. J’ai donc simplement l’espoir de croiser quelqu’un qui saura me dire où se trouvent Alyosha, Niilo et ma cousine. Quelqu’un qui pourra mettre une fin à mon voyage.
Avec l’après-midi qui touche à sa fin, c’est l’angoisse qui monte en moi. Je tourne dans les rus depuis des heures (en tout cas c’est la sensation que j’en ai) et je n’ai toujours interrogé personne. La raison est simple : je ne sais pas ce que je peux dire sans risque… Et les regards que les ivrognes me jettent me font froid dans le dos. J’ai l’impression d’être une créature du petit peuple envoyé tout droit dans les enfers…
Mon sac sur mon épaule pèse de plus en plus lourd et je finis par m’arrêter dans une rue un peu moins grande. Je me laisse tomber assise sur le sol, mon sac sous mes fesses, pour essayer de faire le point. Je n’ai plus de batterie dans mon téléphone depuis des jours… comment les retrouver ?
J’en suis à prier tous les Dieux que je connais pour me sortir de là quand mes yeux s’accrochent à une silhouette au loin, dans le soleil mourant. Une silhouette de titan, rassurante comme je les aime. Une forme qui fait battre brusquement mon coeur. Est-ce possible ?
L’homme part dans la direction opposé à moi et je panique. En tremblant, je me remets debout et attrape la lanière de mon sac de voyage. Puis sans réfléchir je cours comme une démente, alors que la silhouette se précise. Je suis au bord du malaise quand le cri coincé dans ma gorge s’échappe enfin de moi :
«
Niilo ! »