stormy night, moonless sky. (artemis)

campements // artemis + luna

Luna a des étincelles dans ses cheveux aux airs de sculpture contemporaine. Sa peau sens la fumée, celle du bois bien sec qui craque sous les flammes en transe. Luna, elle aime bien se coller aux petits groupes pour leur voler chaleur et histoires. Ces gens, ce sont comme des étoiles, à traverser la voie lactée, pas une semblable, pas une pareille, juste un univers de singularité. Luna, elle a tressé les cheveux d'une gamine sauvage aux parents colorés. Quelques rires partagés, puis l'heure de se souhaiter bonne nuit. La chaleur maintenant évaporée, le sable est tiède, mais l'air frisquet. La fille de la lune veut simplement retrouver sa tempête, pour se recroqueviller dans la chaleur de son chaos, pour frotter son nez au sien et s'aimer un peu, jusqu'au matin.

Leur hélicoptère de guerre paisible est posé sur une dune, des mobiles accrochés aux hélices, babioles sentimentales, certaines chantent comme des cloches métalliques quand elles dansent avec le vent. Luna repère Artemis, avec sa noirceur envoûtante qui fait compétition à la nuit. Lune de ses nuits, elle s'approche, avec l'intention de se scotcher à ses épaules, mais ça lui prends au ventre. Ses choses, dans des sacs, prêtes à l'aventure. Son absence, même pour quelques nuits, la laisse toujours abandonnée. Elle ne voit plus les étoiles quand il est pas là pour les pointer. " oh, tu pars. " qu'elle laisse tomber, un trou dans sa voix.

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Tic tac, l’heure qui tourne, les aiguilles qui se suivent, se dépassent chacune à leur tour. Il tire comme il peut sur sa cigarette, les yeux rivés sur sa montre, à attendre quelque chose qui ne vient pas. Non. Pas quelque chose. Quelqu’un. Il l’attend elle, juste elle, toujours elle. Pas foutu d’attendre quelqu’un d’autre de toute manière, le cœur à l’envers, de travers, il se languit d’un seul astre. Ca suffit comme ça. Ca fait déjà assez de ravage.
Le truc c’est qu’elle ne se pointe pas. Jamais là quand il faut, à gambader quelque part ailleurs, poussière d’étoile dans les cheveux, à partager un peu de sa chaleur humaine à tout ceux qui ne la méritent sans doute pas assez. « T’es où Luna » qu’il marmonne entre ses dents, la patience qui s’effiloche un peu plus, alors qu’il écrase son mégot contre la carcasse de l’hélico. Il n’a plus le temps, faut qu’il commence à bouger s’il ne veut pas prendre du retard. Voyager de nuit, arriver au matin, repartir pour le soir. C’est chronométré avec précision, des mois qu’il a mis au point son système.
Alors tant pis, il ne la verra pas sa Luna. Pas avant des heures, trop nombreuses, de quoi foutre son moral dans le bas de ses chaussettes, lui donner envie de rouler trop vite, trop fort, déconner pour oublier. T’es débile Artemis putain, mais t’y peux rien. Il se décolle de l’hélico avant d’attraper son sac, direction la bagnole, les yeux rivés vers les étoiles quand un son le fait s’arrêter. oh, tu pars. Sourire désabusé sur un visage qu’elle ne voit sans doute pas dans la nuit, il reste statique, le sac qui retombe à ses pieds.  « Ouais. Je t’ai attendu. Mais t’avais l’air bien occupée. » un peu amer. Beaucoup surement. Un brin d’envie déguisé dans la voix. Et moi ?. Egoïste gamin, trop gourmand, ça te perdra.

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Artemis, il a un sourire triste sous ses trois petits mots. Elle voudrait lui dire de rester, que c'est pas légal d'être aussi misérables séparés. Artemis, il a des yeux qui disent au revoir alors que son âme se bats pour rester. Faut être sage, pas faire de scène, le laisser filer pour mieux revenir. Ils en ont besoin, de ses voyages, de ses escapades vers la civilisation. Luna, elle tends un peu sa main pour attraper les phalanges qui se sont retrouvées vides, la ganse d'un sac reposant dans le sable sombre, encore tiède de la caresse du soleil. « Ouais. Je t’ai attendu. Mais t’avais l’air bien occupée. » qu'il dit, la voix grondante de ressentiment. Ils arrivent pas à s'accorder, quand il part. Ils savent pas s'aimer à distance. Luna lui serre les doigts à les casser, avec l'envie de pleurer. Elle regarde le ciel, inspirant profondément, demandant du courage aux étoiles. " parfois, je me dis que plus longtemps je prends à revenir, moins vite tu vas partir. " qu'elle laisse filer, ses mots qui grelottent comme son corps.

Elle lève une paire de prunelles lunaires vers sa tempête, voyant bien qu'il a le noir au coeur, peut-être qu'elle pourrait lui redonner couleur, juste le temps de le marquer sien, avant qu'il ne se fasse gober par la route. " serres-moi fort, avant de partir, ok ? pour que je te sentes encore, même quand tu seras plus là. " qu'elle demande, le tirant par la main pour qu'il abandonne cette humeur de mauvais temps. La nuit est belle, mais elle a le coeur à la dérive. La lune et sa tempête, deux petits grands de sable dans un océan désert.

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Parfois il voudrait revenir au début, démêler les fils qui les entourent tous les deux, se serrent autour de leurs cou pour mieux les étouffer. Il voudrait mettre son doigt sur le nœud originel, essayer de le défaire, voir si ça va un peu mieux après ça, s’il arrive à respirer quand Luna lui attrape les doigts.
surement que non. Ca changerait rien. Il le sait au fond de lui.
parfois, je me dis que plus longtemps je prends à revenir, moins vite tu vas partir. Les mots légers de la gamine qui viennent s’échouer sur sa poitrine, il sent la tristesse dans le fond de sa voix, comprend qu’il la blesse maladroitement, égoïstement, vengeance mesquine pour un caprice d’idiot. « J’ai pas le choix Luna, tu le sais » qu’il murmure tout bas, serrant à son tour la main de sa lune, essayer de se persuader qu’elle n’est pas éphémère, bien présente.
serres-moi fort, avant de partir, ok ? pour que je te sentes encore, même quand tu seras plus là. Il soupire, balancé entre l’agacement et la défaite, instinctivement il glisse ses bras autour de la taille de Luna, l’attire vers lui, les doigts curieux qui viennent se perdre dans le creux de sa nuque, de son dos.  « fais pas ça, pas ce soir » il est contradictoire mais elle aussi. Tous les deux, ils dansent pas assez bien pour tourner droit, ça a jamais été leur forte. Pourtant les voilà.  « tu me fatigues » qu’il finit par murmurer, souffle un peu pour chasser le vent qui remplit sa poitrine, les tourbillons du white squall qui feront trembler ses os quand il se sera éloigné de la ville de papier, quand y aura plus que le désert pour le contenir.

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« J’ai pas le choix Luna, tu le sais » dit la tempête, pour tenter de raisonner les astres. Elle a du mal avec ça, mettre les obligations avant les désirs. Luna, elle aurait terminé au fond d'un fossé sans Artemis pour lui tenir la main et la garder sur le bon chemin. Parfois les loups aimer hurler à la lune, et la lune, elle aime pas qu'on lui hurle dessus. Luna garde ses grandes phalanges nouées aux siennes, comme pour le retenir. Elle n'ajoute rien, ça donne quoi de s'engueuler s'il va s'en aller.

Il la tient comme il faut, pour pas qu'elle s'envole, avec des bras comme des remparts. Artemis, il sait comment apaiser son coeur qui bats trop fort. Il le sait, mais il le fait pas. « fais pas ça, pas ce soir » qu'il grince, comme pour s'arracher de ses bras à force de mots. " quand alors ? quand tu seras parti ? " qu'elle demande, avec la voix qui claque, avec l'ironie qui ronge son innocence. Elle aime bien ne pas avoir de soucis, mais elle peut être beaucoup. Ça prends de la patience pour savoir gérer la lune. Elle a de ces cycles qui reviennent, de ces lubies qui vont dans tous les sens. « tu me fatigues » gronde la tempête à mi-souffle. Luna veut juste se baigner dans la nuit de ses yeux, encore un peu. Sauf qu'il veut pas, il a les mains sur elle, mais le coeur ailleurs. " si je te fatigues, peut-être qu'au moins tu vas rêver à moi. " qu'elle lâche, s'extirpant de son étreinte.

Luna croise ses bras contre son abdomen. Elle se sens vide. La face cachée de la lune, elle est laide, pleine de doute et d'angoisses. " vas t'en, plus vite tu pars, plus vite tu reviens. " qu'elle glisse, argentée conte le sable sombre, de métal, comme son hélicoptère aux engins détraqués. Son regard ne quitte pas les épaules solides de sa tempête, s'accrochant à son image faute de pouvoir s'accrocher à son corps. " allez, t'attends quoi. " qu'elle le pousse, ne réclamant pas son baiser d'au revoir, espérant qu'il vienne le chercher par lui-même, pour se souvenir, pour l'avoir aux lèvres et au coeur, quand il va rouler jusqu'au soleil. La lune ou le soleil, c'est pas possible d'avoir les deux.

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C’est compliqué, toujours un peu trop, suffit de quelques mots pour tout envoyer dans le décors, tout dézingues à coup de sentiments mal placés. Il se demande comment ils font les autres, ceux qui sont pas compliqués, les gens comme Nova et Billy qui savent s’aimer. Il se demande aussi si ça a la même saveur, la même force, la même douleur. Masochiste de la première heure à en redemander encore alors que les bleus ne se sont pas encore estompés. quand alors ? quand tu seras parti ? Il ne dit rien, garde les yeux rivés sur la blonde, la brune, la rose, la psychédélique. Il sait qu’elle le cherche, il sait. Il la connait. Par cœur. Malheureusement. si je te fatigues, peut-être qu'au moins tu vas rêver à moi. et Artemis qui contemple le vide nouveau entre ses bras, l’absence de corps sous ses doigts, elle qui file encore et encore. « Je rêve toujours de toi » qu’il marmonne trop bas, comme le gars trop grincheux qu’il est, usé par les caprices de sa Lune illuminée.

vas t'en, plus vite tu pars, plus vite tu reviens. Ca fait mal dans la poitrine, ça fait mal partout, la grimace qu’il n’arrive pas à réfréner, l’envie de casser quelque chose qui commence à monter. allez, t'attends quoi. « T’es sérieuse ? » qu’il murmure incrédule, incapable de voir les jeux déguisés de Luna. Trop terre à terre, trop borné. « Je t’ai attendu toute la soirée et tu me dis de me casser comme ça ? » y a des orages dans la voix d’Artemis, des éclaires dans ses pupilles, de quoi faire trembler des continents, promesse d’apocalypse si on ne le contient pas. « Pourquoi tu veux que je partes aussi vite ? Pour aller retrouver je sais pas qui là bas ? » jalousie tenace, jalousie poison, jalousie dégueulasse qui pousse les manettes, appuie sur l’accélérateur. Il inspire lentement, comme on lui a appris, souffler par le nez, inspirer, expirer, oublier. Il se baisse pour rattraper son sac, le mettre sur son épaule, tourne le dos à la Luna pour se diriger vers la voiture. Il lui faut pas cinq minute pour craquer donner un coup de pied contre la carrosserie qu’a déjà trop morflé.

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« Je rêve toujours de toi » qu'il avoue à demi-mots. Et Luna, elle veut être la seule âme qui hante ses songes quand ses paupières se ferment. Elle veut être toute seule à danser dans les abysses de son subconscient, prendre toute la place. Ça lui fait plaisir, à la lune, les choses qu'il ose pas dire tout haut. Les murmures de la tempête avant qu'elle ne prenne son envol vers d'autres horizons de destruction.

Luna, elle appuie sur tous les boutons, espérant avoir une réaction. La tempête, elle a des grands sentiments qui vont dans tous les sens, bordel de sensations humaines, grands enfants qui savent pas comment s'aimer comme il faut, mais qui supportent pas d'être séparés. « T’es sérieuse ? » demande Artemis, sans attendre de réponse, avec des trous noirs au fond des prunelles, comme si c'était la chose la plus ridicule qu'il a entendu dans sa vie. « Je t’ai attendu toute la soirée et tu me dis de me casser comme ça ? » Luna, elle dit rien, parce qu'elle sait pas rattraper les mots qu'elle laisse s'envoler. Les intempéries, ça lui fait mal au ventre, ça la chamboule, et elle a envie de s'accrocher, plus que jamais. « Pourquoi tu veux que je partes aussi vite ? Pour aller retrouver je sais pas qui là bas ? » qu'il crache, comme des mots-épées. Et ça la transperce, sans qu'elle ait pu se protéger. Ça la fixe au mur d'air et de sable qui la retient de tomber.

Et il est plus là, il marche vers sa bagnole, pour la malmener. Luna, elle récupère ses jambes et traîne sa carcasse vers Artemis, plus vite que les étoiles filantes, plus fort que la gravité. Elle a ses bras qui se serrent autour de sa taille, pour le retenir, et sa joue qui vient épouser son dos, se caler, là, à sa place, entre ses deux omoplates. " tu sais que je reviens toujours à toi. " qu'elle siffle d'une voix râpée par l'air saturé de sable. Luna, elle veut pas que sa tempête la regarde, alors elle serre plus fort, de ses deux bras allumettes, à s'en briser les os. " j'espère juste que tu me reviendras. " qu'elle échappe, doute qui glisse à ses pieds, craque dans son scaphandre de fille lunaire.

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Y a toujours ce trop plein de tout à l’intérieur de lui, corps remplis de glycérine, suffit d’un choc pour le faire exploser. Il a jamais su gérer, pas quand il était gosse et encore moins maintenant, à croire que la chaleur du désert ne fait qu’accélérer la réaction chimique. tic tic boom, alors qu’il se défoule sur sa voiture – non la voiture de sa mère – donne un coup de pompe dans la carrosserie comme le gosse exigeant qu’il est. Des tempêtes il en a hurlé, Luna s’en souvient surement encore, de ses vents crachés pour la faire reculer. Idiot, si t’avais su qu’elle te ferait cramer t’aurais peut-être soufflé encore plus fort.
Il sait qu’elle va venir. Ou peut-être qu’il espère. Compte les secondes avant l’impact, 5,4,3,2,1 et les bras de la Lune qui se glissent autour de sa taille trop fine, elle lui vole un souffle, un duo de battement cardiaque. Non. Elle ne lui vole pas. Il les lui a toujours donné de bon cœur. tu sais que je reviens toujours à toi. « Jusqu’à quand Luna » les yeux fermés, il ne sais pas, n’arrive pas à chasser le goût dégueulasse qu’il a dans la gorge, la sensation qui le prend aux trippes la nuit quand il se réveille en panique, qu’il la cherche, persuadé qu’elle a finit par se tirer. j'espère juste que tu me reviendras. Alors qu’elle serre si fort, mais jamais assez pour l’étouffer, il sent ses défenses s’effondrer, son allure de mec un peu trop sur s’étaler à ses pieds. « Putain » [/color] encore, encore. Trop vulgaire. Son beau père le lui à trop répété : arrête de jurer Artemis, majeur en l’air et langue tirée pour le provoquer. « Je reviens toujours. Toujours. » Faudra plus qu’un désert pour l’empêcher de revenir se perdre dans ses bras, lover son visage dans son cou, respirer chaque parcelle de celle qui à elle toute seule représente son système solaire personnel. « Mais toi Luna ? Jusqu’à quand est-ce que tu reviendras ? » Il écarte doucement les mains de la jeune fille, desserre l’étreinte pour pouvoir se tourner, la regarder. Même après toutes ces années il se sent encore incapable de déchiffrer les étoiles dans son regard, il en connait par cœur les noms de constellation mais pas encore leur signification. « Regarde toi merde. » les doigts qui se perdent sur son visage, il repousse une mèche rebelle, la glisse derrière l’oreille de Luna. « T’es un monde à toi toute seule, un jour tu comprendra que t’as pas besoin de moi pour prospérer » ça lui bouffe la gorge, le cœur, il sent la voix qui déraille un peu, sentiments infernaux qui crament dans son ventre, il se sent mis à nu. « T’es même pas un monde Luna, t’es un univers » une galaxie en pleine expansion, un big bang humanisé. Et lui n’est qu’un trou noir, qui ne sait qu’avaler. Sans fin ni fond. Il se contente de détruire.