forever young (phoenix)

Invité

forever young

foodtruck // phoenix + luna

Le soleil est tombé, la marée de la nuit l'a gobé. Luna a tourné trois fois dans la coquille d'hélicoptère dont elle a fait son refuge. Sa tempête est ailleurs, dans d'autres intempéries. Luna, elle a enfilé un de ses t-shirts à lui, par dessus un pantalon de pyjama aux couleurs pastels et aux motifs dignes de l'imaginaire d'un enfant de trois ans. Elle veut le garder sur sa peau, si elle ne peut pas l'avoir au fond des yeux. Une fois le cockpit cadenassé et la clé retournée à son cou, la fille-lune traverse les camps pour trouver des humains au sommeil éparse. L'air semble porter les effluves de la faim vers les âmes dépareillées. Un camion aux fourneaux rougeoyants régurgite de la nourriture aux affamés. Luna s'amuse de la ribambelle de gens qui échangent quelques billets pour des choses comestibles.

Le ciel a revêtu ses perles. Luna veut les rejoindre, les étoiles. Dans ce désert, les châteaux de sable sont facilement balayés par le vent, la carcasse la plus grande du coin, c'est ce camion. Luna agrippe ses phalanges contre le capot, se hissant silencieusement vers le firmament. Ses genoux viennent se poser contre le toit. Elle devrait pas être là, mais c'est plus fort. Ses os deviennent attirés par la gravité. La demoiselle aux doigts encrés et aux cheveux décolorés se laisse glisser dos au métal, face au ciel. Le camion sous sa carcasse semble finalement s'assoupir, mais Luna ne quitte pas le ciel des yeux. Elle invente de noms aux brillants nocturnes. La nuit est belle.

Invité

forever young

foodtruck // phoenix + luna

Ça fait à peine quelques jours que t’es installée ici. Au campement. Quelques jours seulement et voilà que tu as déjà tes habitués qui viennent chercher à manger. Parce que t’es le seul food-truck du coin. Puis la plupart des gens, ils sont pas vraiment riches, alors parfois, en échange d’un bon petit plat, tu leur dis qu’un sourire te suffit. Mais parfois, ils reviennent avec des petits objets pour décorer ton food-truck, alors c’toi qui sourit. Ça te réchauffe un peu le cœur. Tu t’sens un peu moins seule. Un peu moins paumée en fait. Un peu moins solitaire, parce que ça faisait quand même deux années que tu roulais, sans avoir d’attaches, sans avoir de point de repère. Tes vieux, ces fous, ils t’manquent. Beaucoup, y’a toujours cette blessure, cette putain de cicatrice au cœur.

Ce soir il fait bon. Tu peux même voir les étoiles de ton food-truck, même si c’est un peu l’bordel tout autour de toi, y’a quand même un peu de beauté dans le coin. Y’a quand même des gens sympas, des âmes qui t’réchauffent le cœur, y’a cette jeune maman avec son gosse qui est revenue, cette fois-ci, tu lui as offert le repas, parce que tu connais un peu son histoire. Fin du service, tu peux enfin souffler un peu. T’as aussi un peu eu l’impression que quelqu’un a grimpé sur le toit d’ton food-truck mais t’en es pas certaine.

Si ça s’trouve, c’est un malade qui est là-haut.
Si ça s’trouve, tu vas devoir sortir ton flingue de poche pour le virer.
Ou l’attirer avec d’la bouffe.
Tu prépares vite fait un sachet de frites, une bière et un burger végan, puis tu grimpes à ton tour.
Qu’elle ne fut pas ta surprise en tombant sur une fille. Une blonde, allongée sur le toit du food-truck.
«La vue est belle d’ici hein ?» tu lui demandes, pour signaler ta présence, secouant le sachet de frites sous ses yeux.
«T’as faim ?»