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 sur le sol (scar)

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MessageSujet: sur le sol (scar)   sur le sol (scar) EmptyJeu 9 Aoû - 0:00



De l'alcool pour oublier, on s'assomme à dix, de toute façon quand la douleur se barre, je somatise. Une fois, j'ai même senti ma te-tê saigner, être te-bê c'est mieux. Je n'rejoins ni la folie, ni votre monde. Mon moi du futur aurait voulu que j'vive autrement mais j'ai un penchant pour les problèmes, Vie tranchante m'a fait trop d'plaies. (lomepal)

Y’a quelque chose d’dégueulasse, quelque part là-d’dans tout au fond des tripes.
Y’a quelque chose d’dégueulasse, quelque chose qui s’accroche qui l’agrippe jusqu’à ce qu’il supplie qu’on le relâche.
Goût immonde contre le palais, résidu lointain d’un traumatisme enfantin.
Y’a quelque chose d’injuste, dans le temps qui passe et efface leur trace.
Y’a quelque chose d’injuste, quelque chose qui lui donne envie d’lever les poings pour les user contre les murs mal isolés pour attraper quiconque viendrait lui parler.

Jamais s’tourner vers l’passé, qu’on lui a dit lui a répété et souvent il s’est bien débrouillé, petites cases bien ordonnées vouées à s’empoussiérer dans les méandres de ses pensées, au fond à droite sous l’escalier. Mais ces dernières semaines ces derniers mois y’a — quelque chose qui tourne pas rond, quelque chose qui va pas.
Ces derniers mois hier est revenu le chercher et lui a rappelé qu’il pouvait jamais vraiment lui échapper.

Un deux trois quatre cinq six sept Morrison.
Un deux trois quatre cinq six Morrison.
Un deux trois quatre cinq Mor — qui ?

Morceaux définitivement égarés d’une famille qui ne possédait rien, miettes éparpillées au gré du vent et tout ce qui reste à présent c’est lui et les regrets qu’il avait promis de ne jamais éprouver. (C’tout c’que ça t’fait, Saul ? C’est tout ce que ça te fait ?) Il avait quinze ans et il avait serré les dents, tout simplement, frère aîné ni modèle ni réel allié, frère aîné quand même, pilier éphémère le socle a cédé en premier et c’est tout le reste qui s’est écroulé. Il avait quinze ans et il avait serré les dents, s’était installé dans le canapé défoncé aux côtés de la mère éplorée et — il paraît qu’elle s’est envolée sans souffrir sans pleurer. Il paraît que pour une fois elle n’a ni marchandé ni hurlé. Ni gémi ni supplié. Il paraît que c’est lors de sa dernière journée qu’on a découvert qu’elle était capable de dignité.

Le temps qu’il parcoure les quatre mille trois cent kilomètres qui le séparait d’elle, c’tait trop tard pour s’en assurer.

P’tête que c’est vrai, p’tête qu’ils avaient raison. P’tête que les premières années il a oublié de prendre le temps de s’arrêter d’accepter de chialer comme un con. (C’est tout c’que ça t’fait, Saul ?) C’est v’nu plus tard, sans qu’il s’y attende. Il a d’abord cru le voir au coin d’une rue, c’est comme ça que ça a commencé. Il a voulu l’appeler, un soir, avant d’se rappeler que y’aurait personne pour décrocher. Les autres ils avaient bien enregistré, c’est bon c’est digéré, au moment où lui il commençait à peine à capter l’ampleur du merdier.
Toujours en retard, le môme, de ses yeux sombres fixés sur les cercueils des — aujourd’hui il a préféré prendre de l’avance, pour être sûr. Une deux trois quatre cinq six sept et cette fois-ci il aurait pu continuer à compter une deux trois quatre cinq six sept canettes écrasées dix douze quatorze il s’est trainé hors d’la maison délabrée pour ne pas avoir à confronter le regard apitoyé de la colocataire tracassée.

Il a fait courir ses doigts sur le bois bon marché, il s’est détourné et il est rentré. Kate lui a offert un sourire parce qu’ils ne s’étaient plus vus depuis des années, mais ça a pas duré. Pax et Tommy ont échangé des tapes dans l’dos et Kelian a parlé d’tradition à instaurer tandis qu’ils trinquaient à l’arrêt des hostilités, mais ça non plus ça a pas duré. Alors il s’est détourné et il est rentré, gueule à moitié arrachée comme à l’accoutumée, haleine parfum whisky-coca parce que c’était sa boisson de choix.
Ce soir c’est c’qu’il commande au comptoir parce qu’il sait pas ce que Zev aurait pris, lui. Parce que sans doute qu’il lui aurait ri au nez d’vouloir lui rendre hommage d’cette façon-là, parce que y’a qu’lui à être assez con pour penser qu’ça change quoique ce soit. Mais il sait rien faire d’autre, Saul, il a aucune idée de comment on répare ces choses-là. Probable qu’on répare pas.

Et y’a quelque chose d’dégueulasse, tout au fond de son verre, quelque chose qui remue lui retourne les tripes. Y’a quelque chose d’immonde, dans les rires qui éclatent tout autour de lui, les sourires qui le mortifient. Y’a l’injustice d’un deuil jamais terminé car jamais commencé qui s’éveille et qui hurle du fond de ses entrailles quand la vision se fait floue et le pas hasardeux, quand il vient à buter contre un corps malheureux et que les mots deviennent presque empoignades mais — tableau pathétique d’un gosse décidé à s’enterrer avant d’être contraint de se confronter à la réalité, et sans doute qu’il y serait arrivé si on n’l’avait pas jeté. Une seconde et il est prêt à s’débattre à rentrer dans l’tas, une seconde puis la colère s’amenuise et sans elle il est paumé, le môme éternellement révolté. Il titube plus qu’il n’avance en direction de nulle part, c’est c’qu’il pense, la chaleur extérieure lui coupant le souffle un instant, le sable puis le béton le faisant trébucher. Mille éclats de songes qui parasitent la tête remplie d’brouillard tandis qu’il se traine sans but ni raison, si ce n’est celle d’pas rentrer à la maison.

Zev souriait toujours d’travers, coin gauche des lèvres qui remontait se soulevait presque paresseusement, paillettes au fond des prunelles qui reflétaient les siennes. Il a l’même sourire, Saul, la même manière de montrer les dents juste avant de mordre, la même nonchalance désintéressée qui annonce la tempête. Mais aujourd’hui pas un rictus sur le faciès en constellation, pas de pépites dans les yeux ; pas d’tempête non plus, rien qu’un calme un peu hébété, rien qu’un autre c’tout c’que ça t’fait ? qui cogne contre les parois du crâne fatigué. Et il sait pas, lui, c’que ça lui fait, surtout il veut pas savoir. Alors il vacille de gauche à droite de droite à gauche et il se perd, il avance en équilibre au dessus de tout ce qu’il ne veut pas voir, manque de s’péter la gueule manque d’s’écraser en plein milieu des sentiments refoulés. C’est sans doute pour ça, sans doute pour ça qu’certains lui échappent, qu’il se dira plus tard.

C’est sûrement pour ça, ouais, qu’ses pieds le mènent là où il veut surtout pas s’montrer, muni d’une bouteille qu’il se rappelle déjà plus avoir achetée (mais où t’étais passé ?).

Un trois quatre cinq six neuf ceux-là il les a pas comptés pourrait en faire cent il aurait pas su les distinguer (combien de pas pour quatre mille trois cent kilomètres, tu sais, ça ?). Une fois arrivé parce qu’il est là ça y est bien arrivé merci de t’en inquiéter — une fois arrivé il s’demande pourquoi il s’est amené, exactement. Pourtant il le sait pertinemment, enfant attiré par le merdier gamin intenable infernal préférant se damner plutôt qu’accepter de tourner la page. On lui a arraché le bouquin empêché d’s’y agripper et maintenant c’est aux branches qu’il se tient fermement, parties vitales amputées mais peut-être qu’elle — il tombe plus qu’il ne s’assied à l’entrée, cul dans la poussière et tête appuyée contre le mur, et il a l’impression de se briser sous l’impact, l’impression de perdre tout ce qui l’a un jour constitué. Pas fait tout seul mais presque, Saul, allé chercher les miettes de ce qu’il observait ailleurs pour se créer, bouts de lui calqués sur ce qu’il avait un jour admiré, collage incertain d’un artiste au talent plutôt carrément restreint.

Et aujourd’hui y reste plus qu’ce quelque chose d’dégueulasse,
qu'ce goût immonde qui.

(c) SIAL ; icons VOVICUS

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MessageSujet: Re: sur le sol (scar)   sur le sol (scar) EmptyJeu 9 Aoû - 2:51

c’est le silence qui  
hurle

On aime danser avec la mort, on est égoïstes. Fantasmes et prises de drogues, cerveaux émotifs, mes pensées fusent et me détruisent, rien n'est méthodique, mes putains de cellules grises c'est ma prison ...

Eclats de verres éparpillés, larmes de rasoirs sur les joues blafards. Le silence pour témoin face à cette sentence à perpétuité. La condamnation en conclusion. Et aucun regard pour rattraper le corps cassé, le palpitant détraqué. On vient de l’enterrer, enfoncer ses os déjà brisés dans la terre pour mieux l’effacer. Eradiquer l’être dans le néant, pour ne plus entendre ses gémissements. A trop jouer, on sème ce qu’on a récolté. A trop chercher, on finit par se saigner. Il lui avait promis la destruction, elle l’avait pris pour un con mais il n’avait pas menti. Et elle est finie la jolie. Encore écrasée sur le bitume, les yeux verts face aux astres calvaires. La douleur n’est pas la même, l’horreur est bien plus pleine. Ça fait mal au fond, ça s’écorche dans les tréfonds. De la carcasse qui fonctionne de travers, qui comprend enfin son calvaire.

T’as cherché poupée à ce qu’il te tue le premier.
Et sans doute, qu’au fond tu l’as buté aussi.

Alors on prend les mêmes et on recommence. On s’enclenche dans ce déni pour contrer l’ennui. C’est de sa faute à lui. Et sans doute qu’elle se maudit trompe de vérité pour évincer la culpabilité. Pas vu pas pris. Jamais soumise pour des histoires sans lendemain, jamais esclave pour des nuits aux saveurs du paradis. Les regrets sont cousus, les remords diffus. Mais elle avance la poupée, comme elle l’a toujours fait. La gueule ensanglantée et un sourire pour effacer les plaies. Car tout n’est que question d’apparence dans cet univers de démence. Tout va bien dans le visage poupin. Mensonge grandiloquent qu’elle se conte comme une enfant. Gamine paumée loin de l’innocence et de ses nuisances, elle se ment comme elle se méprend. Sur la valse des sentiments incompétents, tempo haletant d’incompréhensions à répétition. Les paupières zippées en oeillères pour cacher les pensées meurtrières. Elle avance dans le noir en quête d’espoir. Fuyant les repères familiers, les illusions acharnées face aux regards environnants qui lui rappellent les étincelles chocolatées. Obsession partout dessinée dans son existence. Fantôme errant aux doigts sanglants. Il est tout autour en spectre discret, tatoué dans sa chair à l’envers. De bourreau à écho. De hantise à supplice. Même absent, il lui impose ce cauchemar oppressant. Malédiction et condamnation pour ses affronts. Le manque en frais pour les erreurs répétées. Alors la poupée elle emmerde ce sursis, elle casse les codes de sa survie. Exploser les règles pour s’en créer des nouvelles.

Elle se peint en rouge ce soir là, un air délicat sur ses traits en éclats. Maquillage pour cacher les fissures. Masque pour tromper les silhouettes d’usure. Envie de folie, désir de plaire. La carcasse est recouverte d’une tenue incendiaire, des fermetures éclairs pour accéder à la chair. Et elle vogue la misère pour s’infliger d’autres tourments. Besoin de se sentir vivante, d’apprendre par coeur les battements de son palpitant. Elle s’enfuit dans la nuit quand les gens biens sont endormis. Pour s’immoler sous les lumières bipolaires, sous la consommation carnassière. La trachée serrée par l’alcool, les reins agressés par la proximité. Elle oublie dans le toucher qui elle est. Mais le divertissement devient lassant, les caresses angoissantes. Lassitude précaire face aux regards lubriques, aux désirs séraphiques. Et le retour en arrière. Le refus de se briser dans la cohue. Elle s’échappe la beauté loin de l’ambiance tamisée, les poumons compressés par le manque d’air. Besoin de s’enfermer chez elle. De refaire le point pour ne pas finir en dentelle. Fuite prématurée. Détour sous les excès. Elle ne sait plus comment fonctionner. Machine brisée, écrasée sur le bitume comme un pauvre pantin désarticulé. Elle a coupé ses fils avant même de savoir marcher. Et elle est piégée…

Dans cette captivité qu’elle a crée de ses doigts.
Pour répandre l’effroi et reprendre ce qui lui vient de droit.
Mais regardes toi.

Pathétique. Mot coincé dans le crâne. Pathétique. Syllabes ancrées dans la carcasse. Rappel persistant qu’elle ne vaut rien tout simplement. Echo bruyant de son erreur de jugement. Et ses pas se font plus pressants sous les ta gueule qu’elle se répète dans le silence. Car il n’est plus là, lui, pour l’enfoncer plus bas. Plus là pour lui gueuler ses fracas. Bon débarras. Putain de toi.

Et pourtant, quand la poupée s’approche de son appartement, y’a ce corps qui l’attend en guise de jugement. Y’a ce visage absent qui lui rappelle tant de souvenirs pressants. Et elle hésite un instant à faire demi tour tout simplement. Car ce n’est pas le moment, ce n’est pas ce qu’elle attend. Maintenant c’est fini. Il lui avait dit, il l’avait promis. Et presque un mois dans la gueule pour sceller son inertie. Presque assez pour qu’elle commence à cicatriser. Presque suffisant pour se détacher. T’avais promis et t’as menti. La poupée elle refuse de se laisser bouffer, pas encore une fois, pas après ce qu’il lui a fait sans même ressentir de la pitié. Elle avance Scar, sans sourciller, le visage figé, le regard glacial et le coeur en apnée. Puis elle sort ses clés quand elle chevauche le gamin avec cruauté. La main choppant la bouteille à ses pieds, elle ouvre la porte d’entrée pour se faufiler et le môme s’écroule, l’empêchant de fermer. Soupir entre les lèvres, agacement dans son silence. Elle porte l’alcool à sa bouche en préparation à cette nuit de lamentation. Pas un mot pour l’avorton. Juste le vide dans les échos.

Car il n’y a plus rien à dire.
Ils se sont assez fait martyrs.

Pando
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