Love the way you lie - Matt

Putain. Merde. C’est aujourd’hui que j’ai rendez-vous avec la belle Aislin, j’avais complètement oublié. Il faut dire aussi que j’ai pas encore eu le temps d’acheter l’agenda que je voulais, pour noter mes nombreux rendez-vous. Spoiler alert: Je mens déjà.
Bref. J’arrive en furie au conteneur qu’elle m’a indiqué une semaine plus tôt, à bord de mon vieux range rover que je gare à quelques mètres, sur une place délimitée invisiblement dans le sable et les cailloux. Je frappe à ce qui semble être la porte d’entrée sans avoir de réponse. Je décide donc d’allumer une clope en attendant qu’elle arrive, si elle est en train d’arriver, bien entendu. Ce serait bien la première fois qu’on me pose un lapin. Soudain, j’entends la voix de la demoiselle résonner derrière moi, ce qui m’oblige à me tourner, jetant le reste de la cigarette par terre. “Salut ! T’inquiète, j’viens d’arriver.” Mes yeux sont instinctivement dirigés vers sa tenue on ne peut plus légère, puisqu’elle est en maillot de bain. Si j’avais un doute sur sa corpulence, là, je n’en ai plus aucun ! Elle est définitivement trop bonne ! Je l’observe s’essorer et ça me vaut un large sourire. “Elle était bonne ?” Que je lui demande, juste pour faire la conversation. Après tout, on n’a rien sans rien et si je n’essaie pas de faire bonne impression avant de lui sauter dessus, y’a moyen que je me prenne une taule. Je la suis jusqu’à l’intérieur et regarde tout autour de moi, la déco étant quelque chose qui m’intéresse grandement; enfin pas plus que le petit cul qui s’agite juste devant mes yeux. “Si tu voulais décaler notre rendez-vous pour que tu puisses te baigner plus longtemps, tu pouvais, hein.” On avait échangé nos numéros la première fois qu’on s’était vu, j’étais pas peu fier cette fois-là.

“J’y vais assez souvent aussi à cette heure-là.” Comme quoi, ici, tout le monde fait un peu pareil. J’ai un oeil amusé quand elle croit qu’elle aura le temps d’y retourner après notre entretien, dans ma tête ça va durer des heures. “On finira p’t’être un peu trop tard, nan ?” Je lui fais miroiter que j’ai des tas de choses à lui raconter, au moins ça attise sa curiosité. La première fois qu’on s’est vus, je lui ai parlé de ma carrière de militaire et des tas de choses que j’ai du faire pour survivre parfois en milieux hostile. J’ai peut-être exagéré sur certain point pour qu’elle veuille à ce point me revoir et m'interviewer mais je ça ne me dérange pas étant donné que tout ce que je veux, c’est l’impressionner et passer à la vitesse supérieure.

Je lui emboite le pas pour rentrer et je ne sais pas ce qui m’impressionne le plus, cette installation originale ou la décoration qui l’est tout autant. “Ah ouais, carrément. C’est sympa.” J’essaie de regarder partout sauf là où mon esprit incite mes globes oculaires à regarder, c’est à dire au niveau de ses seins et ses hanches. “Ouais, pourquoi pas ! Ca m’donnera p’t’être des idées pour ma construction.” Je la suis alors qu’il m’est impossible de me concentrer sur autre chose que son cul, alors quand on s’arrête, je remonte le regard et visualise la chambre dans laquelle elle me présente son lit. Putain, elle veut me sauter je crois. “La vache ! Toi t’aimes les oreillers. On a juste envie de s’enfoncer dedans putain.” Je m’approche du lit en question et touche un coussin en mohair qui me semble agréable sous les doigts. “Ouais je comprends pour la salle de bain, je vais faire pareil dans ma baraque.” Je marche quelque peu dans la pièce en regardant toutes les décorations partout, celles accrochées au mur et celles posées au sol, au final, ça lui ressemble vraiment. “On se met où pour le faire du coup ?” Je parle bien évidemment de l’interview !

J’ai un rire léger quand elle me dit qu’elle pourrait y aller même à minuit. Je vois qu’elle n’a pas froid aux yeux, entre les bestioles, les reptiles et les rapaces, y’a de quoi être un bon repas pour la faune environnante du canal. Mais je comprends tout à fait la démarche de la demoiselle, le calme qui règne là bas le soir et la nuit est incomparable et y’a aussi ce ciel dépollué de toutes lumières qui est toujours époustouflant.

“Je construis une maison c’est pas super loin d’ici, j’te montrerai à l’occasion.” Je lui fais un sourire et tâte de nouveau un autre coussin juste pour me faire idée de l’endroit où on s’installera plus tard, surement. “Ouais, allons-y pour le canap.” Je la suis jusqu’au salon où je m’installe directement sur le canapé tout aussi confortable que les coussins que j’ai touché juste avant. “Une bière ça me va parfaitement.” J’attends qu’elle me rejoigne et attrape la bière quand elle me la tend. “Merci” Que j’ajoute avant de boire une gorgée au goulot. “Alors, j’dois commencer par mon enfance ?” J’ai un rire gêné parce que j’ai pas l’habitude qu’on s’intéresse à moi sur mon histoire personnelle -bien qu’en fait, j’doive inventer- et aussi parce que je suis pas du tout à l’aise avec le travail qu’on doit accomplir. Je bois une énième fois dans ma bière, comme si ma bouche s’asséchait immédiatement après que la bière y soit passé. “Et du coup, tu vas parler de moi à la radio c’est ça ? Ou tu m’inviteras là-bas ?”

J’ai un sourire assez fier quand on parle de la maison parce que franchement, je me bouge vraiment le cul pour la construire cette putain de baraque et ouais, j’espère bien que les gens auront cette même intonation quand je leur dirais que c’est moi qui l’ai faite. “Ouais ! J’ai commencé y’a deux mois environs… J’ai pas encore réfléchis à la déco et tout mais pour le moment je sais que j’ai envie que ce soit que du bois, du coup je cloue et découpe des planches toute la journée.” Je dodeline de la tête tout en souriant, un peu d’aide ne sera pas de refus, surtout venant d’une aussi belle créature. “Ben, p’t’être que tu pourras m’aider pour la déco j’crois parce que franchement, c’est pas trop mon truc contrairement à toi j’ai l’impression.” Je m’écarte rien qu’un peu et instinctivement lorsqu’elle vient se placer à mes côtés et je suis ravi qu’elle prenne cette décision, j’ai connu plus prude en terme de premier rapprochement. Je ris à gorge déployée malgré moi, j’avais pas du tout envie de paraître gêné, c’est juste que la situation m’est inconnue. “Je suis pas du tout mal à l’aise ! J’te jure, j’me sens même parfaitement bien, comme si j’étais chez moi ! C’est juste que je suis pas familiarisé avec l’exercice. Parler de moi c’est pas habituel, tu vois ?” Le goulot se dirige de nouveau vers mes lèvres et je prends cette fois ci une énorme gorgée. “Ouais, faire connaissance ça me plaît aussi…” Je réfléchis quelques secondes et continue. “Bon, puisque t’as tout ton temps, je sais ce qu’on va faire; on prend un moment pour apprendre à se connaître et on a qu’à préparer l’interview après ? Ca me semble être un bon compromi, tu crois pas ?” Puis ça se trouve, on aura pas le temps d’apprendre à se connaître qu’on se sera déjà sauté dessus.

“Putain tu m’étonnes ! Tu m’as jamais vu avec une truelle dans les mains, vaut mieux se cacher !” La maçonnerie c’est pas totalement mon truc, la seule fois où j’ai voulu construire un truc en béton ça a mal fini, puis le plâtre ça tâche, c’est pas super pratique. “Ouais, franchement j’aime bien, ça change de tout ce qu’on voit habituellement. Même si rien ne s’accorde, y’a quand même une sorte d’harmonie.” J’ai un regard autour de moi à nouveau, comme pour me convaincre une nouvelle fois que ça me plaît.

Je bois dans ma bière tandis qu’elle boit dans son verre de jus de fruit. Elle ne tient peut-être pas l’alcool et c’est la raison pour laquelle elle a décidé de prendre un soft ? Je relève la tête, en plein dans mes pensées quand elle me demande ce que je veux savoir. Franchement, j’aimerais tout savoir, de A à Z, et aussi la taille de son bonnet parce que putain, j’avais pas trop fait attention avant mais là c’est flagrant ! Elle a une belle paire de seins ! Je relève les yeux vers les siens et bafouille quelque peu avant de m’exprimer: “Pardon, mais tu peux pas savoir à quel point c’est difficile de se concentrer quand t’es là, comme ça, presque à poil à côté de moi !” Je m’éclaircis la gorge avant de lever les mains. “Je suis pas un pervers, j’te jure.” Enfin, je suis juste de ceux qui s’ignore, peut-être !

Aislin semble être le genre de fille extrêmement facile à vivre qui ne se prend la tête pour rien et c’est aussi le genre de fille super accessible qui pourrait parler de tout et de rien pendant des heures. En tout cas, c’est l’impression que j’ai quand on parle ensemble comme si on se connaissait depuis des années. “Ouais, je serais vraiment honoré, j’me demande ce que tu m’apporterais…” Je plisse un peu les yeux en imaginant quelle genre de chose farfelue Aislin pourrait m’offrir.

Je sais que j’ai l’air con à être aussi perturbé en buguant sur sa poitrine et que ça me donne l’air d’un ado qui découvre pour la première fois une femme à moitié nue mais je peux pas m’en défaire, c’est comme ça que je fonctionne. Mais elle rit et ça me soulagerait presque étant donné que j’avais réellement peur qu’elle le prenne mal, pire, qu’elle se lève pour me foutre une claque comme le ferait certaines de ses semblables. “Oh si j’en vois, tous les jours même, mais j’crois pas avoir vu une nana aussi sexy que toi dans le coin, vraiment.” Je ris à mon tour en la voyant passer un paréo qui casse complètement mon délire et mon envie soudaine de lui sauter dessus sans prémices. “Mhhh, j’vais faire avec.” Je lui souris, intimement convaincu qu’on va bien s’entendre elle et moi. “Bon, trêve de plaisanterie.. Tu viens d’où ?” Je commence par lui demander avant de boire une énième fois dans la bière qui me semble moins fraîche maintenant que mon corps est en ébullition.

“C’est quand tu veux. Tu n’auras qu’à passer quand t’auras le temps, j’y suis tout le temps.” Matin, midi et soir, c’est vraiment le cas de le dire. Certes, il y a des fois où je me retrouve sans le vouloir dans un bar à boire des bières et draguer des filles, mais ces jours-là, c’est que vraiment j’ai besoin de changer d’air !

J’étais pas bien sûr de moi quand j’ai dit qu’elle était sexy pas même quand j’ai avoué voir des nanas presque à poil tous les jours parce que je savais que ce genre de franchise pourrait être mal vue et je comprends donc tout à fait le léger froncement de sourcils que j’observe chez Aislin. “Nan mais ! J’dis pas ça parce qu’elles se déshabillent pour moi, j’dis ça parce que la plupart des filles se promènent en petite tenue ! En même temps, vue la chaleur et le temps que je passe au canal, ça pourrait pas en être autrement.” J’essaie de me rattraper comme je peux !

Wow, je ne m’attendais pas à tomber sur une originaire d’Irlande ! On dit que les femmes là-bas ont toutes un caractère super dur mais pourtant, elle, me semble super mignonne. “Ah tiens, c’est intéressant…” Je la regarde avec un léger sourire, toujours assez pensif quand les images de mon enfance refont surface. “J’suis né à Baton-Rouge puis j’ai vécu quelques années à la Nouvelle-Orléans mais j’suis même pas sûr que je puisse dire que j’y ai vécu puisque j’étais quasiment jamais là, avec les missions et tout. En fait j’étais plus à l’étranger qu’ailleurs. Une fois que j’ai arrêté l’armée y’a trois-quatre ans, j’ai commencé à voyager et essayer de repérer là où j’pourrais me poser.” Je bois dans ma bière et de parade amoureuse je suis passé à grand discours personnel sur la vie que j’ai vécu avant d’arriver ici, le ton est sacrément plus sérieux ! “Pourquoi t’as décidé de rester ici ? C’est bizarre pour une fille toute seule…” Enfin, j’imagine qu’elle est toute seule ! A moins que son mec se cache sous le canapé, ou le tas de coussins que j’ai vu sur son lit tout à l’heure !

“Parce que j’trouve ça vraiment intéressant que tu viennes d’Irlande, ça paraissait pas sincère ?” J’ai un sourire étiré quand je la regarde parce que c’est vrai que mon intonation pouvait porter à confusion. “Ouais ! J’adore aussi la Louisiane, j’y retourne de temps en temps.” Pas pour voir ma mère, que cette vieille parte en fumée, ça m’est vraiment égal; mais c’est surtout pour retrouver quelques potes de la fac ou du lycée. “J’ai fait tout le sud; Mexique, Brésil, Argentine, Chili, Bolivie… Après je suis allé au Canada, c’est top aussi là-bas, les gens sont vraiment amicaux c’est un truc de fou. Après j’suis redescendu, j’ai fait un roadtrip aux Etats-Unis parce que j’avais jamais vraiment eu l’occasion de le faire et j’ai atterri ici. J’pense que je repartirais l’année prochaine mais plutôt en Europe, Afrique et Asie, j’avais évité de le faire l’année dernière parce qu’on faisait principalement nos missions là-haut donc j’avais pas vu l'intérêt d’y retourner mais je suis en train de réfléchir aux villes que je vais visiter. J’espère que cette fois-ci j’aurais quelqu’un pour m’accompagner, j’adore voyager seul c’est pas le problème, mais quand tu dois passer des semaines à marcher, ou à trouver des moyens de transports, parfois c’est lassant. Tu voudras le faire avec moi ?” Mon sourire devient plus mutin et mes yeux la jaugent avec sympathie. Je crois que ce serait excellent de faire ça avec elle parce que je vois Aislin comme quelqu’un de super facile à vivre et pas chiante pour deux sous. On se met à parler de Slab City et je vois exactement ce qu’elle veut m’expliquer par la liberté qu’elle ressent en étant ici. “Oui, j’comprends. Franchement, c’est vrai que j’ai jamais vu un endroit aussi libre que Slab… Il s’appelait comment le groupe de ton père ? C’est excellent !” Putain, qu’est-ce que j’aurais aimé avoir un père chanteur ! Ca aurait été le feu ! A la place j’ai eu le droit à une éducation matriarcale et hystérique, ce qui fait que parfois j’ai vraiment l’impression d’avoir un utérus à la place des couilles.
Je me souviens de l’insistance qu’elle avait eu à mon égard pour que je fasse de la danse classique alors que je détestais ça. Son refus à chaque fois que je voulais faire du sport et aussi toute ces fois où elle a péter un cable parce que je voulais jouer au ballon avec mes potes. Sacrée mère. “Je suis content de t’avoir rencontré ici, du coup. Dans une autre ville, t’aurais pas été cette Aislin là, du coup.”

Je réfléchis un instant et Ce genre de remarque, on me l’a déjà faite. Je suis difficile à cerner parce que je ne parle jamais de moi, parce que j’écoute toujours plus les autres pendant de longues conversations et que je ne me livre pas si on ne me le demande pas. Je sais que je peux paraître un peu bougre parfois, ou pire, devenir le mec inintéressant que tout l’monde déteste MAIS je ne tombe jamais aussi bas ! Alors, j’esquisse un sourire en coin et baisse le regard quelques secondes avant de le remonter sur la jeune femme. “Je sais, mais t’inquiète je vais me livrer à toi et il n’y aura plus aucun secret entre nous.” J’exagère, comme à mon habitude et j’espère qu’Aislin ne me prendra pas trop au sérieux durant notre échange, sinon je suis pas mal dans la merde. J’espère d’ailleurs que la spontanéité dont je fais preuve ne lui fera pas peur, parce qu’on ne se connait pas et je lui propose déjà de partir en voyage ensemble. “Ouais, le Mexique c’est top, c’est d’ailleurs parce que c’est pas loin que j’ai décidé de m’installer à Slab City, enfin, c’est une des raisons.”

Non seulement le nom du groupe est hilarant mais en plus, Aislin a l’air super fière de son père quand elle en parle. J’me demande si Jade a ce même regard quand elle parle de moi, j’crois pas, non. “Sérieux ?! P.U.S.S, juste P.U.S.S ?!” Je ris sans réellement me moquer, c’est juste improbable quoi. “Excellent ! Tu devais être super contente d’les accompagner quand t’étais gamine. C’est l’genre de truc que t’oublie jamais ça. J’écouterais quand j’aurais l’occasion.” Faut dire que ma connexion internet me permet tout juste de regarder la météo et encore, faut qu’y’ai du réseau. “T’es libre le week-end prochain ? On pourrait prévoir un truc.” Je m’enfonce dans le canapé et bois de nouveau dans la canette que je tiens toujours dans ma main en lançant un regard franc à Aislin. Après tout, partir n’importe où avec n’importe qui ne peut pas être pire que de partir seul, pour quelqu’un de super interactif comme moi, être seul est la pire des choses.

“Ah ouais ? Quoi comme technique ?” J’ai un sourire en coin, non sans penser à des choses perverses diverses et variées. Mon esprit est souvent tumultueux et ombré de ce genre de pensées obscènes mais je crois que ça fait parti du patrimoine génétique de tous les mecs, enfin, d’après moi. “Nan mais, t’en fais pas, j’suis pas du tout stressé, loin de là ! On commence quand tu veux, d’ailleurs !” Je bois dans ma bière et me rend soudainement compte que putain, je la descends super vite ! Pourtant, il fait pas trop chaud dans ces containers, ce qui m’étonne quand même, on pourrait croire le contraire.

J’ai un dernier rire par rapport au nom du groupe puis écoute Aislin plus attentivement, imaginant l’ado rebelle qu’elle devait être, accompagnée de son déjanté de père. “Tijuana c’est sympa et c’est pas très loin, franchement on pourrait s’amuser là-bas. Ca te plairait ?” Moi en tout cas j’en ai vraiment envie, ça me changerait les idées et puis Aislin a l’air d’être d’une excellente compagnie, rien de tel pour faire un bon voyage. Puis comme dit auparavant, il nous faut un week-end test pour voir si on pourrait voyager ensemble plus loin et plus longtemps !