Slavenko Kovács - reloaded...

NOM Kovács depuis qu’il est aux USA. Avant ça, Dražavič, un nom maudit au parfum de guerre civile  PRÉNOM(s) Slavenko, il parait que ça veut dire le Glorieux, elle est loin la Gloire, et fuyante aussiÂGE 40 ans DATE ET LIEU DE NAISSANCE Né le 12 avril 1978 à Subotica en Bosnie-Herzégovine ORIGINES/NATIONALITÉ Américain depuis un mariage blanc, il est serbe de Bosnie, ça le suivra toute sa vie. TAFF Il a toujours baigné dans l’illégalité, hommes de main, proxénète, mercenaire. Aujourd’hui il se retrouve à faire passer des êtres en mal d’American DreamSTATUT CIVIL Marié avec Nina, son trésor GROUPE Suestado , la rage qui couve en lui est une tempête

Et ta piaule, à quoi elle ressemble ? Si j'en avais une de piaule, ça serait vraiment le pied. On m'a prêté une tente, des amis de Nina, pour nous dépanner. Et puis vu que notre séjour semblait parti pour durer, on s'est dégoter un vieux van qui ne roule même plus mais qui a le mérite de constituer quatre murs et un toit. C'est ça ma piaule aujourd'hui...

Comment t'as débarqué ? On était bien dans le Bronx et puis du jour au lendemain ça nous a pété à la gueule. Littéralement. On a été rattrapé par le passé et par une grossière erreur de ma part. On est en fuite. Ici c'est l'idéal pour se planquer et se faire oublier

Qu'est-ce que t'espères trouver ici ? Rien, l'oubli, un peu de répit, ce que le Destin voudra bien me donner.

“Les snipers sont toujours des enculés.” Enki Bilal

La Bosnie, mon pays, mon amour. Il reste à jamais ancré en moi, le déraciné, l’exilé. Peu importe la dureté de mon pays, la nostalgie de ces années-là, avant la guerre, avant l’horreur. Oh, j’pourrais vous en raconter des histoires, du sale, du violent, du sanglant. Je pourrais vous raconter la Sniper Alley, ou le massacre de Srebrenica. A quoi bon ? Je sais que ce n’est pas fini pourtant, ça couve encore, foyer mal éteint dont les braises repartiront un jour, j’en suis persuadé. Mais c’est fini pour moi, ils ont brulé mon âme, même à Nina, je n’en parle pas, je n’en parle plus.

“- Si tu la mérites, tu la retrouveras, ta Belle au bois dormant... Tu sais, Nike, j'ai toujours dit : au regard des mouches, la seule partie vraiment sérieuse de l'humanité ce sont les femmes, qui elles ne se massacrent pas...
- C'est pas de toi. C'est de Malraux.” Enki Bilal

Nina, ma femme, ma beauté, mon amour brisé. Nul n’arrive ici par hasard, chacun a une histoire. La notre est comme celle de mon adolescence, teintée de violence. Je l’ai rencontrée dans le Bronx, en sortant de taule - j’avais plongé pour proxénétisme, ouaip vous apprendrez que je suis vraiment pas un ange - et tout de suite je l’ai voulue, passionnément. De cette passion qui nous a brûlé les ailes, et pourtant, je suis incapable de vivre sans elle, je l’aime, Nina est mon unique raison de vivre.

“Prenez ce que l’on vous offre; parfois, ce doit être suffisant.”   Richard Morgan

Le bonheur, on l’a touché du bout des doigts. On a galéré pourtant, notre relation n’était faite que d’engueulades et de réconciliations, d’extrêmes, de drames. Mais on commençait à voir le bout du tunnel. On a construit notre nid. On parlait de fonder une famille, moi qui n’en voulais pas, qui étais terrifié par l’idée de devenir père. Nina, par son amour, avait brisé toutes mes barrières, toutes mes défenses. Nina ma rédemption. Pour elle, je devenais un autre et plus ce monstre qu’ils avaient voulu faire de moi.

-“Never escape them. They just wait, don't they?
-What?
-The monsters inside us.” Penny Dreadful (Ethan & Vanessa)

Ils, ma famille, mes amis, mes frères d’armes. Tous, un à un, ils m’ont trahis, trompés. J’ai appris la douleur de la solitude, l’amertume de la trahison. Moi qui avait tout donné à ma famille, mon oncle, mon père, j’ai découvert leur forfaiture à mon égard, à celle de ceux que j’ai aimé. Ce qu’ils voulaient d emoi, c’est que je sois le bon petit soldat, sacrifiable à volonté. C’est ce qu’ils ont toujours voulu de moi, toute ma vie. Il m’a fallu quarante ans et l’amour d’une femme pour m’en rendre compte.

“N'abdiquez pas en faveur de votre conditionnement, vos visions ou votre connerie de sens de... ce que vous voulez. REGARDEZ LA RÉALITÉ EN FACE. PUIS agissez.” Richard Morgan

Alors j’ai rendu coup pour coup, et j’ai trahi à mon tour, vengeur. J’ai brisé mes chaînes dans la douleur et la haine, dans le sang pour revenir à l’essentiel. J’ai cessé d’être celui qu’ils voulaient, et j’ai tué le Tigre. Mais ce faisant, j’ai aussi tué une partie moi et ma survie - notre survie - en a pâti. J’ai baissé ma garde et le coup est venu de là où je ne l’attendais pas...non pas mon passé, mais celui de Nina. Tout ce que nous avions bâti, les quelques amis fidèles qu’il me restait, tout s’est envolé en une sombre journée. Nous nous pensions à l’abri, mais c’était une erreur. Nous en avons payés le prix fort.

“Nous sommes de l’étoffe dont sont tissés les vents” Alain Damasio

Et nous avons échoués à Slab City après une longue fuite en avant, corps et âmes brisés. Nina s’est murée dans le silence tandis que je tentais d’assurer notre survie envers et contre tout, envers et contre moi. Sans elle, je serais mort, je n’aurais eu aucune raison de lutter. Mais elle est là, mon amour, et je donnerais ma vie pour voir à nouveau une lumière dans son regard plus noir qu’une nuit sans étoile. Nous avons retrouvés ici - au bout de nulle part - des amis, des connaissances, qui nous ont aidé. J’ai trouvé un taf, dans mes compétences, j’aide un mexicain qui fait passer illégalement des migrants. Ici, peut-être bien que nous pourrons panser nos blessures et oublier nos rêves réduits en cendres.