When I walked out the door (Raphaelle)

Promener, balader... Faut être endurant pour ça à Slab, surtout quand on part en vadrouille. Par contre, les chances d’avoir la paix étant mince, la musique est de mise.

Six, elle avait juste besoin de prendre l’air. Pas comme si se poser sur sa terrasse pourrie à sa caravane ne fournissait pas d’air. C’est juste que si elle était restée là, elle en aurait forcément vu du monde. Ça défile au campement, c’est logique sauf que quand tu veux la paix, c’est pas ce qu’il y a de mieux. De toute façon, c’est pas comme si quelqu’un avait besoin de ses services dans l’immédiat. Pour utiliser un coursier, faut avoir un peu confiance ou avoir un bon levier. Ça finirait bien par venir. En attendant, Salvation Mountain, c’est généralement le bon plan, surtout pour elle. Ça entretient, ça fait les jambes et il faut au moins ça pour assumer un boulot de coursière avec un putain de VTT dans un foutu désert. Pas comme si elle avait le choix en fait.

Quoi qu’il en soit, elle était bien là, casquette sur la tête, short en jeans qui a vu passer des miles, débardeur court mais confortable. Qui promènerait plus vêtu dans le coin ? Ce serait un peu con, et suicidaire. Heureusement qu’elle s’y était vite habituée à la chaleur et surtout, heureusement qu’elle n’attirait pas les coups de soleil comme les fleurs attirent les abeilles. Les réservoirs aussi ça aurait pu être le bon plan, sauf qu’il y a aussi du monde, surtout ceux qui encaissent mal la chaleur ou encore ceux qui aiment juste l’eau. Elle peut comprendre, c’est agréable même si c’est pas fait pour. De toute façon, tout le monde s’en fout, tout le monde le fait. Un de ces quatre, faudrait qu’elle fasse ça de nuit. Pas que les réservoirs, Salvation Mountain aussi. Le truc, c’est qu’elle était pas encore certaine de connaître le coin assez bien pour s’amuser à ça. Déjà comme ça, elle poussait un peu sa chance. Non pas qu’elle risquait de se perdre puisqu’elle avait rapidement appris à se repérer.

Assise sur un rocher coloré à boire un peu d’eau, elle dégaine son portable pour prendre une photo de la vue. Ça donnera bien dans la caravane à côté de la vue de la maison de grand-mère à la Nouvelle-Orléans. La maison, c’est important, où qu’on soit. Un peu comme la paix, celle qui venait d’être interrompue pas le cri, l’appel de quelqu’un. Un grognement plus tard, Six se retourne.

- « Ouais. Quoi ? »

Bon, fallait reconnaître que chercher à s’isoler du côté de Salvation Mountain, c’était pas vraiment le bon plan. C’est pas comme si c’était un coin touristique avec tous ces gens qui venait rajouter de la peinture à cette aberration. Six se demandait d’ailleurs comment ce truc tenait depuis qu’elle était arrivée et qu’elle avait vu ce machin. Cela dit, fallait reconnaître que ça restait impressionnant même si elle trouvait ça de mauvais goût. Elle avait de toute façon jamais été très calée en art. Chacun son truc. Si elle avait pris une photo du paysage et de ladite aberration, c’était précisément parce que ça aurait bien plu à sa grand-mère. Elle lui rendait hommage comme elle pouvait. C’était pas comme si elle avait pu avoir un enterrement digne de ce nom.

Le calme relatif perturbée, Six regarde l’inconnue et hausse un sourcil perplexe. Ouais... du sumac. En effet, c’pas comme si elle avait fait attention avant de s’asseoir. Faudrait qu’elle pense à venir en chercher avec des gants tiens. Ça pourrait être utile. Elle en aurait presque un sourire carnassier.

- « Paraît ouais. Merci pour l’info. Cela dis, j’te retourne un conseil, balader près de Salvation Mountain avec un fusil, c’est pas un super plan à moins que ce soit juste un détour. »

C’est que les animaux sauvages avaient tendance à éviter le coin. Trop voyant peut-être, pas assez de planques, trop de touristes à l’occasion. Dieu savait à quel point les touristes pouvaient être cons. Six mois qu’elle était là et elle en était déjà là. Bah, à la Nouvelle-Orléans, c’était pareil. Humpf. Passer d’un lieu comme la Nouvelle-Orléans à ici, ça devait être logique au fond. Elle y avait jamais vraiment pensé.

- « C’t’un hybride ? »

Qu’elle dit en pointant du menton l’animal, pas impressionnée pour un balle par le grondement du chat. Après avoir été braquée, menacée et elle en passe, c’était pas un chat qui allait lui filer les jetons, fallait reconnaître. Quoi qu’il en soit, ses chats à elle, ils sont d’une taille standard. Y a peut-être que Hantise qui est grand mais il compense en ayant quelques neurones en moins. Bilquis, c’est l’inverse, pas très grande mais sacrément futée. On peut pas tout avoir. Au moins, ils foutent pas trop le bordel et restent près de la caravane.

La réaction de l’inconnue ressemble à celle qu’elle a eue la première fois qu’elle a vu ce truc. Fallait être sacrément défoncé pour en arriver là quand même. Et si c’était conscient... c’était encore pire en fait. La seule chose qu’on ne pouvait pas dire, c’et que ça n’était pas intéressant, d’une certaine manière en tout cas.

- « Hm hm. »

A la phrase ajoutée, Six renifle, amusée et esquisse une sourire en coin. C’était pas une mauvaise idée. La saison de la chasse au touriste ? Ce serait un concept intéressant.

- « Peut-être que oui, peut-être que non. Faut bien crever un jour. »

Que ce soit sérieux ou pas, ça l’indiffère totalement. C’pas non plus pour rien qu’elle se promène avec des pompes de rando montantes. Vêtements légers mais les pieds, faut les garder en sécurité et les entretenir correctement. C’est son gagne pain après tout, y compris quand elle endosse le tablier de serveuse quand l’occaz’ se présente.

- « Ça explique la taille hors norme pas si hors norme que ça finalement. »

Et oui, Six parle ! Il faut juste trouver le bon centre d’intérêt. Les humains, c’est pas tellement son truc, les animaux par contre, c’était autre chose. Pareil avec les plantes.

- « Tu l’as depuis un bail j’imagine pour qu’il écoute comme ça. »

C’était quand même censé être un animal sauvage, elle savait au moins ça malgré le peu de temps passé sur les bancs de l’école. Des lynx, y en avait en Louisiane. C’était pas courant mais pas exceptionnel quand on savait où aller. Elle avait pas vraiment chercher à les voir vu qu’elle avait d’autres préoccupations mais elle en savait assez. Un ex braconnier laisse des traces. Et une certaine haine aussi...

Fallait reconnaître que si Six avait du avoir peur de quelque chose, c’tait plutôt de l’arme et pas de l’environnement. Pas qu’elle n’aimait pas les armes non. Elle ne savait juste pas s’en servir -mis à part d’un couteau- et ne pas savoir s’en servir rendait l’objet particulièrement... anxiogène. Très douée quand il s’agissait de mettre une branlée à un connard pris au dépourvu, elle manquait franchement d’une réelle capacité de self defense dans un vrai combat équilibré. Son truc, c’était plutôt le lancer de couteaux. Elle avait acquis la pratique par ennui quand elle manquait de boulot. Bref, elle aurait dû avoir des raisons de craindre un tas de trucs sauf qu’elle avait pas l’instinct de conservation. Tout plutôt que montrer qu’elle a peur, même si pour le coup, que ce soit le sumac, les pseudos scorpions, le flingue ou la bestiole poilue au mauvais caractère, elle s’en tamponnait l’oreille avec sa sandale -si seulement elle en portait.

- « J’peux pas dire, j’en ai pas vu de près. Avant aujourd’hui. »

Elle avait tout bonnement refusé de suivre monsieur dans ses traques et avait même fini par lui planter une de ses fléchettes tranquillisantes dans le dos. Quelle idée de l’insulter et de laisser traîner les munitions sur la table. Crétin.

- « Masochiste ? »

Oh ça, elle imaginait un peu même si elle n’avait pas d’expérience en la matière. N’empêche que la question se posait. Peut-être qu’elle en aurait fait autant si la situation s’était présentée ou bien elle aurait trouvé un refuge. Aucune idée. Mais elle aurait pas laissé crever l’animal, ça, c’était clair.

- « J’ai déjà du mal à ce que mes deux chats fassent pas les cons avec mes clefs. J’peux m’estimer heureuse qu’ils fassent pas leur besoin dans la caravane. J’me vois mal gérer un bestiaux pareil. Chapeau. »

Fallait qu’elle trouve un moyen de les empêcher de jouer avec ces putains de clefs d’ailleurs. Un de ces quatre, ça allait lui causer des emmerdes et elle aurait l’air plus que débile. Ce qu’elle voit rapport au faisage de griffe instantané sur la jambe de Raphaelle ne fait que la convaincre un peu plus que cette bonne femme est maso et qu’elle, de son côté, serait pas foutue de gérer une bête comme ça avec un sacré instinct.

- « J’suis coursière et j’fais des petits boulots. Tant que ça me rapporte assez de fric pour la peine que ça me donne et que c’est dans mes compétences, je prends. » Rien à battre que ce soit légal ou pas. « J’viens mater cette horreur pour me rappeler les racines. En quelque sorte. Et toi, à part la chasse et le dressage de bestiole sauvage ? »

Ouais, masochiste. Faut le vouloir quand même s’occuper d’une petite bête comme ça. Un refuge spécialisé aurait très bien pu faire l’affaire. Bon, elle-même ne sait pas trop ce qu’elle aurait fait dans ces circonstances mais le refuge restait une option viable. Apprendre que les chats de cette femme sont des tas n’est pas étonnant, ça arrive plus souvent qu’on ne le croit. Les siens au moins étaient des saloperies remuantes qui pouvaient se montrer adorable. Parfois.

- « Par moment, j’me dis que les miens relèvent plus de l’animal sauvage que du chat domestique. La seule chose qu’ils ont de domestique, c’est la bouffe dans la gamelle. »

Et encore, c’est parce qu’ils n’avaient pas encore osé s’éloigner de la caravane pour aller chasser à la casse. C’était presque con de sa part d’avoir embarquer ses chats avec elle. Un de ces quatre, ils ne reviendraient pas et elle le savait très bien. Pour une raison ou une autre d’ailleurs. Elle gèrerait le moment venu même si elle n’avait pas particulièrement hâte que ça arrive.

- « On dirait bien oui. »

Niveau pot de glu. Même un dressage ne faisait pas rester un animal aussi proche, surtout un félin. La bestiole devait probablement suivre son humaine partout. C’était à ça que ça ressemblait vu de l’extérieur en tout cas.

- « Si je t’appelle, je pense que ce sera parce qu’on m’a piqué mon groupe électrogène surtout. »

Y avait déjà eu quelques tentatives et à chaque fois, ils avaient dû renoncer parce qu’elle avait réussi à bien le protéger et à le rendre super lourd et encombrant et difficile d’accès. N’empêche qu’un jour, quelqu’un finirait probablement par réussir à lui faucher. C’était un luxe et ce luxe, elle comptait bien le garder. Alors le planquage de clefs, c’était vraiment un problème mineur. Fallait juste qu’elle trouve comme les rendre inaccessible aux bestioles ou facilement retrouvables. Cela dit, on sait jamais, donc Six prend la carte qu’on lui tend, la regarde et l’empoche.

- « Moi c’est Six. Et ouais, pourquoi pas ? »

Même si elle ne savait pas du tout comment ça fonctionnait la chasse, en toute honnêteté. Là, elle pensait surtout au fait que Rafa serait peut-être un bon moyen d’atteindre son connard de frangin et de savoir jusqu’où allait les emmerdes qu’il lui avait créées.

Ah ça, Six aimait ses chats. Elle ne les aurait donné -ou pire, abandonné- pour rien au monde. Cléo et Hantise étaient devenus sa seule compagnie pour ainsi dire depuis qu’elle était arrivée ici. Elle avait bien quelques contacts mais on ne pouvait pas dire qu’elle avait tenté de réellement sociabiliser. Plus d’une fois, elle avait trouvé des parades pour éviter les contacts ou les longues conversations. Visiblement, après des mois, elle ressentait le besoin de casser ce code de conduite. L’être humain est un animal sociable. C’était ce que tout le monde disait et elle aurait aimé que ce soit faux.

- « Oui. »

Elle a un petit sourire en répondant. Elle les aime ses bestioles même si parfois elle a envie de les étrangler. Voilà pourquoi elle n’avait pas hâte que ses chats aient le courage de balader plus loin que la caravane. La peur de les perdre était bien présente.

- « J’sais pas si c’est mieux d’avoir une vraie maison dans ce cas précis. »

Si Six voulait être un minimum honnête, la situation dans laquelle elle vivait n’était pas atroce. Mis à part que l’argent manquait un peu trop souvent, la vie au campement n’était pas un cauchemar. Pour elle en tout cas. D’une certaine façon, elle avait vécu de pires façons dans certaines familles d’accueil. Là, elle avait un toit, un moyen de se laver et de la lumière -le plus souvent-. Non, elle vivait pas si mal.

- « Si jamais, je note. J’espère juste que j’aurais pas besoin de tes services, sans vouloir t’offenser. »

Elle chope la main tendue et se relève, époussetant son short au passage même si y a probablement rien à faire pour en virer la poussière à part une bonne machine.

- « Nan. J’suis pas fan des armes à feu, j’sais pas du tout m’en servir en fait, j’suis plus... couteaux. Ceux de lancer. »

Ouais, étrange, elle sait. Sauf que c’était plus discret comme occupation et elle pouvait le faire chez elle. Elle savait pas se battre à proprement parler alors elle avait cette solution. Cela dit, elle se baladait pas avec, elle en avait jamais vu l’intérêt. Fallait croire qu’il lui restait un peu de foi en l’humanité.

En toute honnêteté, Six comprend parfaitement que certaines personnes osent à peine passer le pas de sa porte. Au moins elle, personne devait se pointer devant chez elle. On l’appelait ou lui laissait un message et ça lui convenait parfaitement.

- « Je crois que je peux comprendre. »

Après, Raphaelle avait un toit au-dessus de la tête au moins, y en a certains qui tueraient ici pour ça, littéralement.

Si elle est surprise de l’exclamation de Raphaelle à propos du couteau, elle n’en montre rien. En vérité, elle est vraiment surprise mais ici, elle a appris à s’habituer à ça. Les exclamations, les appels, les cris. Ce genre de choses. C’est encore pire quand elle sort un couteau à cran d’arrêt comme Six en a rarement vu.

- « Pas mal. »

Quel euphémisme. Malgré l’affirmation du bon équilibre, Six peut pas s’empêcher de tester l’équilibre en question et c’est le cas. Elle le lui piquerait bien elle l’admet sans honte aucune. A elle-même en tout cas.

- « Trop de temps libre, pas de boulot, des envies de meurtres, pas de flingue et pas de stand de tir. »

Dans un appartement, les choix en la matière étaient très limités et un couteau, c’était plus simple à planquer qu’un flingue.

- « Et pour le cirque... ouais, si on veut. »

La Nouvelle-Orléans aurait pu être qualifiée de cirque à certaine période de l’année même s’il était clair qu’elle démentirait totalement avoir pensé une chose pareille. Elle n’arrivait pas à critiquer salement cette ville alors qu’elle lui avait pris tellement. Franchement, elle aurait dû haïr cette ville.

- « Comment on en arrive à chasser sa bouffe ? »

Même dans le coin, les gens avaient tendance à tenter de se fournir dans un magasin quelconque.

Apprendre à tirer ? Ce serait une idée. Six voit pas mal de point positif à un tel apprentissage. Sans parler de la petite voix qui lui souffle que ce serait infiniment plus simple de se débarrasser de son frère sans devoir lui planter un couteau dans le bide et le regarder se vider de son sang. L’estomac même... paraît que c’est atrocement douloureux comme mort. Avant de répondre cependant, elle écoute l’histoire de Raphaelle et hausse un sourcil en voyant la cicatrice. Ouais, c’est con. Si y avait bien une fois que Six ne prenait jamais à la légère, c’était les armes, à feu ou blanches, même un petit couteau pouvait causer de sacrés dégâts, sans parler des armes improvisées.

- « Hum, ça se tient. J’ai jamais vraiment pris ces trucs à la légère, disons que j’avais pas de bonnes raisons de vraiment tenter d’apprendre à m’en servir. »

Jusqu’à aujourd’hui. Elle ne savait pas jusqu’où pouvait remonter les emmerdes dans lesquels elle était et même si elle avait dû mal à l’admettre, ça la réveillait parfois la nuit quand elle entendant un bruit un peu trop fort. Inconsciemment, elle redoutait l’absence de certitudes. Le savoir, les informations, c’était le pouvoir et c’était aussi pour ça qu’elle refusait d’en apprendre plus sur ses livraisons même quand les clients essayaient. Que dalle.

- « Mais j’dis pas non pour apprendre... Même si j’imagine que ce serait pas gratuit. »

Elle ne se fait pas d’illusion, rien n’est jamais gratuit et elle n’espère pas que ça le soit. Elles ne se connaissaient pas, n’étaient pas amies. Juste deux étrangères dans le désert et pour ce qu’elle en savait, Raphaelle pouvait même la descendre et s’en tirer tranquille à moins qu’un pauvre bougre tombe sur sa carcasse.

- « Tu m’apprends à tirer et j’te fais la bouffe de temps en temps à la limite. T’en penses quoi ? »

Par nécessité, obligation, survie, Six avait dû apprendre à cuisiner même avec le minimum syndical. Ça n’avait jamais été un souci avant que sa grand-mère ne décède mais après... Disons que certaines familles d’accueil prenaient leur charge pour des domestiques voire des esclaves.

Pas vraiment consciente d’avoir froissé Raphaelle avec sa supposition, Six continue sa route. Dans la vie, elle a toujours appris qu’absolument rien n’était gratuit et c’est une certitude qu’elle a que c’est pareil pour tout le monde. Personne a jamais plus réussi à la convaincre que la gentillesse pure existait en ce monde alors forcément. La confiance, c’était une faiblesse qu’elle ne pouvait plus se permettre d’avoir. Surtout pas quand on savait où ça l’avait menée. Donc forcément, quand la gratuité du service est annoncée, Six est suspicieuse même si elle ne le fait pas voir et au fond, ça la rassure pas mal que Rafa accepte la bouffe en échange. Devoir quelque chose, c’est jamais une bonne chose.

- « On a qu’à faire comme ça alors. Je fais la tambouille et tu m’apprends à tirer. »

C’est bien mieux comme ça. Un service pour un autre. Pas de dette, pas d’attente. C’est parfait pour elle. Qui sait, ça la motivera même peut-être à manger mieux. On ne pouvait pas dire qu’elle y mettait vraiment du sien, surtout avec un budget limité.

- « Oui, ça manque pas trop dans les parages et au pire, y a toujours la casse. Y a des tas de trucs qui servent plus et qui protesteront pas non plus. »

Elle parlait de la grosse casse à l’extérieur du campement et pas la petite. Surtout qu’un type vivait juste à côté de celle-là. En attendant de vraiment apprendre à se servir d’une arme à feu, elle pouvait très bien se contenter de son couteau même s’il fallait qu’elle en rachète un. Ça avait un effet dissuasif et au pire, et bien elle serait forcée de planter quelqu’un.

Six n’avait absolument pas pensé au fait qu’effectivement, les balles pouvaient ricocher. Pas qu’elle n’était pas consciente que ce soit possible voire probablement une récurrence, elle n’y avait juste pas pensé. Ne pas vouloir prendre une balle perdue ou un ricochet était logique, surtout qu’en prime, elle n’était pas fichue d’utiliser une arme correctement alors s’ici à ce que Rafa lui apprenne, la casse n’était pas franchement une idée de génie maintenant qu’elle y pensait vraiment.

- « Ouais. Non. T’as raison, mauvaise idée, même plus tard d’ailleurs. »

Attentive une fois les premières instructions données, Six écoute. Jusque là, c’était du bon sens même si d’elle-même, elle n’aurait pas forcément pensé au fait qu’il fallait nettoyer l’arme plus que ça. Au niveau du bon sens, encore une fois, ça devait être fait d’une façon spécifique. Un autre truc à apprendre sans doute.

- « Oui, ça semble assez logique comme règle de base et puis en toute honnêteté, j’compte pas tirer sur les gens. On pourra s’estimer heureuse si j’arrive à viser juste déjà. »

Elle n’aurait pas le temps de vraiment s’entraîner et encore moins les moyens de se procurer une arme à feu sous n’importe quelle forme avant un moment. Alors d’ici à ce qu’elle veuille descendre son frère elle-même, y avait une sacrée marge et pour ça, fallait déjà savoir où était cet imbécile.

- « Aucun souci. Encore une fois, j’compte vraiment pas tirer sur des gens. Déjà, c’est pas comme si j’avais l’argent pour m’acheter une arme. Ensuite, d’ici à ce que je sache tirer correctement sur une cible donnée, on a une sacrée marge de manœuvre. C’est qu’un outil mais ça veut pas forcément dire que j’suis à l’aise avec même s’il est vachement utile. Ça changera peut-être quand j’aurais appris à m’en servir un minimum mais bon. J’suis plus à l’aise avec une lame. »

Parce qu’elle savait s’en servir et qu’elle en était bien consciente.

- « Si vraiment j’veux buter quelqu’un un jour cela dit, j’te donnerais mes raisons. Deal ? »

Bien malgré elle, Six ricane légèrement à ce que dit Rafa.

- « On est aux États-Unis, le second amendement est presque plus important qu’une Bible pour la plupart des gens. Évidemment qu’on file une arme à n’importe qui ou presque. »

Ce n’était pas tout à fait vrai mais pas loin. La réglementation existait mais Six savait de première main qu’il y avait plus d’un moyen de contourner ça. Si elle avait vraiment voulu une arme, elle en aurait eu une, c’était aussi simple que ça.

- « Tant que ça m’évite de me tirer une balle dans le pied pour commencer. Ce sera déjà pas mal. »

Sur le principe, elle voulait bien de ce cours pour éviter qu’il ne lui arrive au bricole au cas où, pouvoir charger et tirer. Ce genre de choses. Certes, ce serait plutôt pas mal d’investir dans une arme à elle qu’elle apprendrait à manier mais pour le moment, c’était hors de question, surtout pour une question d’argent.

Une fois arrivée, il n’y a plus qu’à se taire et apprendre, ce que Six fait. Attentive, elle regarde Rafa manier l’arme. Ça n’a pas l’air franchement sorcier, il faut reconnaître. Une fois l’arme en main, elle refait les mêmes gestes. Plus lentement, avec une certaine méfiance pas forcément mal venue. Il y a le poids de l’arme et mine de rien, c’est pas forcément si léger que ça. Cela dit, clairement, ce n’est pas sorcier.

- « Jusque là, ça va. C’est pas insurmontable. Bon, ça fait son poids mais ça va. »

Prudemment, le doigt le long de l’arme et pas sur la détente, elle rend l’arme ouverte à sa propriétaire. Y a encore moins de chance qu’elle ne puisse tirer comme ça.