Le plus difficile, dans le désert, c'est de trouver la sortie (Aislyn)

Le plus difficile, dans le désert, c'est de trouver la sortie

31-07-2018

Merci Earl !!!

A peine ai-je posé les pieds sur la terre sablonneuse que la chaleur tente de m'assommer. Je claque la portière du camion qui m'a déposé non loin de Slab City. Je salue une dernière fois le sympathique Earl puis le regarde pendant un moment s'éloigner pour la frontière mexicaine dans un nuage de poussière. Quand le camion n'est plus qu'un point à l'horizon, je prends la route qui mène à Slab City. L'une de mes mains en visière, je vois se découper la ville du Sud des Etats-Unis. A droite à quelques kilomètres de là, il semblerait qu'il y a une espèce de campement organisé autour d'une montagne multicolore et un mirador. Avant de venir, j'ai fait mes devoirs de petite espionne. Slab City est aménagé sur le site d'une ancienne base militaire qui a fermé après la seconde guerre mondiale. La ville a été fondée par la suite par des soldats qui ont décidé de rester sur place. Le nombre de résident a commencé à décliner dans les années 80. En parallèle, une nouvelle population hétéroclite composée pour la plupart de marginaux, de retraités ou paumés du système crée un campement au confort spartiate à proximité de la ville. Cette population est plus importante en hivers à cause des températures clément de la région. Si je la joue discrète, personne n'aura l'idée de venir me chercher dans ce trou à rat.

Je noue ma veste en jean autour de ma taille. Si je ne portais pas un débardeur et un short, je crèverais encore plus de chaud. Je sors de mon sac une bouteille d'eau et la finit d'une traite. J'espère de la planque qu'on m'a dégoté, a une douche convenable car j'ai les vêtements qui collent à cause de la transpiration. Une fois installée, je penserais à noter sur ma liste de course d'acheter une tonne de crème solaire. Sans cela, ma peau de Croate n'y survivra pas.

STAFF - White rabbit

Les fenêtres ouvertes du pick-up laissent filer les notes de la playlist country qui passe en boucle dans l'habitacle. C'est loin d'être la musique que je préfère, mais la bagnole n'est pas la mienne et je n'ai pas vraiment eu le temps d'apporter mes propres playlist. D'autant que l'autoradio n'est plus toute jeune et qu'il n'y a pas le moindre port USB dessus. Lunettes de soleil vissées sur le nez, j'ai quand même du baisser le pare-soleil pour avoir une chance d'y voir quelque chose. En plein après-midi, il cogne terriblement fort et la chaleur est telle qu'elle déforme l'horizon, donnant l'impression que le bitume ondule par vagues. La voiture n'est évidemment pas climatisée et la sueur colle désagréablement les fringues à ma peau.

Je fronce les sourcils, croyant d'abord à un mirage, une illusion d'optique lorsqu'une silhouette semble se dessiner sur le sable. Mais à mesure que j'approche je réalise qu'elle est bien réelle, et je stoppe le pick-up à côté d'elle pour l’interpeller. Eh, salut, tu t'es perdue ? Je n'ai pas pour habitude de passer à côté des gens sans m'arrêter, ce n'est pas courant de croiser des inconnus à pied dans le désert. Des nomades, oui, constamment, mais ils sont toujours véhiculés parce que Slab City est loin de tout, la ville la plus proche, Niland, étant à plus d'une heure de marche... C'est faisable en temps normal, mais par une chaleur pareille c'est presque suicidaire. J'peux te déposer quelque part ? Je propose, puisqu'il semble évident que nous allons pour l'instant dans la même direction. Si je dois pousser jusqu'à la frontière mexicaine, je peux le faire aussi, le pick-up a le plein et ce n'est pas moi qui l'ait payé, haha.

Le plus difficile, dans le désert, c'est de trouver la sortie

31-07-2018

Marcher sous ce soleil de plomb est comme une épreuve du purgatoire. J'ai beau faire un pas devant l'autre, j'ai toujours l'impression que ma destination ne se rapproche pas. Pour m'occuper l'esprit, je me mets à réécrire mentalement la ligne de code d'un virus espion que j'utilise pour l'améliorer et le rendre indétectable. Un bruit de moteur me sort de mes pensées. J'en cherche l'origine du regard. Le pick-up prend peu à peu forme sur la route. J'hésite à lever le pouce pour jouer à l'auto-stoppeuse. Comme le coin est paumé et que l'on ne sait pas sur qui on tombe. Cette situation ferait un début de film pour un remake de la Colline a des Yeux. Je remarque que le véhicule ralentit et que c'est une femme au volant.

Salut

Je m'approche de la portière sur mes gardes pour voir de plus près la jolie brune avant de poursuivre ma réponse.

Je vais à Slab City et si tu peux m'y déposer cela serait cool.

Je dois avouer que l'idée de ne plus marcher au soleil est séduisante. J'ouvre la portière et m'installe sur le siège passager. D'après la carte routière que j'avais consultée et les infos données par Earl le camionneur, la route sur laquelle on se trouve mené directement à Slab City.

STAFF - White rabbit

J'ai un sourire engageant pour la jeune-femme, et je hoche la tête en déverrouillant les portières. Ça tombe bien, c'est là que je vais aussi. Grimpe. J'ai déjà été à sa place par le passé, à la place de celle qui marche seule dans le désert sous un soleil de plomb, et je sais à quel point il est miraculeux de trouver quelqu'un pour raccourcir un peu la marche. Pourtant je suis de nature plutôt sportive, mais les conditions ici font que c'est plus une torture que le plaisir du sport, malheureusement. Je vais au campement, mais j'ai d'abord un arrêt à faire en ville pour récupérer un colis. Du coup tu me dis, je te dépose où tu veux, c'est selon. Je ne sais pas pourquoi mais j'aurais tendance à penser qu'une fille comme elle s'arrêterait plutôt en ville, si elle allait au campement, je crois que je l'aurais déjà vue, je connais tous les campeurs... A moins qu'elle ne soit nouvelle ? C'est possible aussi.

Je me remets en route vers la ville, baissant le son de la radio pour ne pas l'incommoder. T'es du coin ? Ton visage me dit rien. J'espère ne pas l'effrayer, c'est seulement qu'ici les habitants réguliers se connaissent tous, au moins de vue. Qu'est-ce qui t'amène ici ? Et comment s'est-elle retrouvée sur la route sans véhicule, surtout ? Parce que merde, la ville la plus proche, c'est quand même pas la porte à côté.

Le plus difficile, dans le désert, c'est de trouver la sortie

31-07-2018

Je fous le sac de voyage - qui contient actuellement le peu d'effet personnel que j'ai- à mes pieds. J'attache ma ceinture lors qu'elle redémarre et reprends sa route.

La ville me conviendra parfaitement. Dis-je dans un Américain impeccable

Bien que l'intérieur de Jeep soit un four par manque de climatisation, elle offre un répit d'ombre. Je crois que j'ai attrapé un coup de soleil sur les épaules. Ma peau me picote légèrement. La conductrice baisse le son de l'autoradio et commence à poser des questions. Bien naturelle quand on prend une inconnue en auto-stop sur le bord d'une route déserte. C'est aussi le moment pour moi, de raconter ma nouvelle histoire de vie.

Non je ne suis pas du coin répondis-je tout en secouant négativement la tête. Je sors la main et l'avant-bras par la fenêtre de la portière ouverte et me met à jouer avec la pression de l'air provoqué par le déplacement du véhicule.

Disons que j'ai décidé de changer d'air dis d'un ton blasé. Je ne dois pas être la seule à venir à Slab City pour échapper à quelques choses. Mon regard scrute le paysage brulé par le soleil californien d'été puis se pose sur la jolie brune aux yeux vert. J'estime son âge aux alentours de 23 - 26 ans.

T'es du coin ou juste de passage ?

Je pose la question pour faire genre "je converse" par politesse et obtenir peut-être quelques infos sur le coin. Je suis passée au tutoiement, car elle l'avait fait la première.

STAFF - White rabbit

Je prends note, acquiesce dans un sourire, sa décision m'arrange d'une certaine façon puisque je dois de toute façon passer en ville avant de regagner le campement. Vous allez y rester quelques temps ? Ou bien vous vous contentez de passer ? Mes questions peuvent parfois sembler indiscrètes, c'est vrai, mais je pars toujours du principe que je n'oblige personne à y répondre. J'ai passé le plus clair de mon temps à réaliser des documentaires et à interviewer des gens, je ne peux pas vraiment m'empêcher d'être curieuse, disons que c'est une déformation professionnelle... Si on m'autorise à parler de profession, or rien n'est moins sûr.

J'acquiesce d'un air entendu, son explication est la même que pour la plupart des gens ici... Un besoin de changer d'air. Soit ils se retrouvent obligés de fuir quelque chose, soit ils ont envie de découvrir quelque chose de nouveau, un mode de vie différent de ce qu'ils connaissent. Parfois, certains se perdent aussi, arrivent ici par hasard, et restent finalement bien plus longtemps qu'ils ne l'auraient pensé. Non, moi j'habite ici depuis quelques années maintenant. Mais pas en ville, sur le campement. Je ne sais pas si elle sait vraiment comment les choses fonctionnent ici, disons qu'on en parle peu en-dehors de Slab City... On essaie de garder tout ça aussi discret que possible, pour que les autorités ne commencent pas à s'intéresser à nous de trop près. On peut vivre en marge de la société tant qu'on est peu nombreux, et qu'on est loin du reste du monde.

Le plus difficile, dans le désert, c'est de trouver la sortie

31-07-2018

Quand elle passe au vouvoiement, j'arque un sourcil. Un coup tu tutoies, un coup tu vouvoies, tu n'arrives pas à choisir ma belle. Dans une conversation en général on fait l'inverse. Ou soit, elle est complètement perchée par des substances plus ou moins illicites et elle pense avoir affaire à mon double maléfique et moi. Je laisse de côté mes théories foireuses sur ce changement de pronom pour lui répondre.

Je dois avouer que je ne sais pas encore .... Cela dépendra de beaucoup de choses.

Je me contente de hausser les épaules. En soit c'était la pure vérité. Je ne sais pas combien de temps les instances Croates ont décidé que je reste planqué. Mon dernier coup avait dû remuer pas mal de merde qui mettrait du monde sur la sellette. Puis je préfère rester évasive.

Elle me dit qu'elle habite depuis quelques années au campement qui se trouve près de la ville. C'est marrant, elle n'est pas l'idée que je m'étais faite des personnes qui squattent ce campement. Après les informations que j'avais récoltées sur Slab City - vidéo, documentaires, articles sur le net -, je m'attendais plus à voir des skateurs, des vieux hippies, des femmes ridées la Malboro au bec ou des punaises de Sacristie qui brandissent des versets prêchant l'amour des autres à tout va.

Vous êtes nombreux à cette période de l'année au campement ?

Je me doute que vu la chaleur ambiante, il doit avoir pas mal de mouvement. Mais tout le monde n'a pas les moyens de se balader en camping-car.

STAFF - White rabbit

Je hoche la tête sans insister, la plupart des gens s'imaginent qu'ils vont seulement rester quelques jours et finissent par s'éterniser dans le coin. Moi la première, je pensais au départ venir seulement pour le festival, et j'ai fini par m'installer ici. Au moins la blonde est-elle lucide sur le fait qu'elle ne sache absolument pas quand est-ce qu'elle repartira. Les seuls qui semblent être réellement sûrs de la durée de leur séjour, ce sont les routiers, parce qu'ils ont une destination précise et des délais à respecter qui les empêchent de rester trop longtemps. Mais en-dehors de ces mecs-là, Slab City a une fâcheuse tendance à... Happer les voyageurs.

Si je suis passée au vouvoiement, c'est que ma narratrice manque cruellement de sommeil et qu'elle n'a visiblement pas les yeux en face des trous ! J'esquisse un sourire en haussant les épaules. On est moins nombreux que le reste du temps, ce sont les mois où il y a le moins de monde... Mais c'est pas désert pour autant. Quelle ironie quand on sait pourtant qu'on est en plein milieu du désert, n'est-ce pas ? A partir du mois d'octobre déjà les températures commencent à baisser, et dès novembre les gens arrivent en masse parce qu'il commence à faire trop froid ailleurs. En septembre il fait encore beaucoup trop chaud pour que ce soit agréable... J'ai beau être habituée depuis le temps, j'ai hâte que l'été se termine pour qu'on respire un peu mieux !

Le plus difficile, dans le désert, c'est de trouver la sortie

31-07-2018

Elle confirme mes suppositions sur le flux migratoire de personne qui squattent le campement. Tout comme les oiseaux, beaucoup descendent dans les terres plus chaudes lorsque l'hiver vient puis monte dans le nord l'été pour plus de fraicheur. Moi dans tout cela, je devrais me fondre, devenir l'une d'eux. Je n'ai qu'une vague idée de l'histoire que je vais leur raconter. En général, cela se fait aux fils du temps et des rencontres.

Je reporte mon regard sur le paysage que se reflète sur les verres de mes lunettes de soleil et défile à grande vitesse. Au loin, j'aperçois un genre d'édifice blanc où est peint en grand "Welcome Slab City". La fameuse Salvation Moutain se dessine derrière sur la ligne d'horizon.

Je suppose que dans ce bled vaut mieux avoir une voiture ?

J'avais décidé de faire du stop pour venir a Slab City, car cela laisse moins de trace que de prendre le bus ou voler une voiture. Si je devais rester ici plus de raisons, il me faudrait un moyen de locomotion. J'éviterais de louer une voiture, trop cher et trop repérable. Peut-être que si je trouve un accès internet convenable, je demanderai si "Everyone" -mon collectif d'hackeur - n'aurait pas un plan à me proposer.

C'est quoi la tour là-bas ?

Je lui montre du doigt le mirador qui se trouve au milieu du campement. De là-haut, on doit avoir une vue sur plusieurs kilomètres et c'est un endroit suffisamment dégagé pour mettre une antenne relais ou une balise.

STAFF - White rabbit

Sa question me fait hausser des épaules. Bah pas nécessairement, en fait... Ça dépend ce que tu fais dans la vie et pourquoi t'es là. Si c'est pour aller dans les "grandes" villes, y a des bus tous les jours. Qui vont soit à la frontière mexicaine, soit à Niland, ensuite il y a des correspondances pour aller jusqu'à Las Vegas ou à Phoenix et franchement, ça se fait plutôt bien. Le stop, ça marche bien aussi. On vous prend quasiment systématiquement, mais tout dépend de l'endroit où vous vous postez. Si on est comme elle, à moitié paumée dans le désert, il y a plus de chances de ne croiser personne. Y a un ou deux chauffeurs de taxis en ville, et puis après vous pouvez toujours demander aux habitants de vous emmener quelque part. En échange d'un service. On fonctionne beaucoup comme ça dans le coin, l'argent pose rarement problème parce qu'on peut toujours s'arranger autrement. Bouffer gratuit dans un resto à condition d'aider en cuisine ou au service, emprunter la voiture d'un petit vieux à condition d'aller faire ses courses au passage, ce genre de choses. Le seul truc, c'est que ça ne fonctionne pas forcément très bien avec les étrangers, les habitants restent assez méfiants et il faut quelques semaines pour s'acclimater et se faire accepter.

Mon visage s'illumine à son questionnement et je réponds dans un sourire : Ça ? C'est la tour de la radio locale, le Talk Show Host. Je bosse là-bas une fois par semaine. C'est un concept génial, tous les habitants peuvent participer à partir du moment où ils ont quelque chose à proposer, on refuse rarement une émission. Celle présentée par Samuel est, à mon sens, indispensable pour tout Slabbeur qui se respecte et qui voudrait être au courant des dernières nouveautés ou des choses à ne pas manquer dans le coin.

Le plus difficile, dans le désert, c'est de trouver la sortie

31-07-2018

Je médite sa réponse sur les moyens de se déplacer dans le coin. Des bus, la régularité se résume à un ou deux part jours, selon la destination. L'auto-stop, cela fonctionne pas trop mal si on a de la chance et un physique attrayant. J'avais presque tout le chemin de cette manière et ne suis pas tombée sur des gros lourdauds. Si cela avait été le cas, ils auraient vite compris avec moi à ne pas faire trop les malins. Les taxis doivent couter une blinde et je ne me vois pas y faire appel pour faire mes courses. Je ne suis pas certaine que Slab City fasse partie de la tournée des livraisons des restaurants des villes voisines. Quant à la générosité des habitants, il va surement me falloir du temps pour gagner leur confiance avant qu'ils ne me rendent quelque service qu'il soit.

Elle semble s'illuminer tout à coup quand je lui parle de la tour que nous apercevons au loin. Il s'agirait de la radio locale.

Il passe quoi sur cette radio ?

J'imagine le truc comme une version pirate un peu fouillis. Son nom me rappelle une vielle chanson des années quatre-vingt de Radiohead.

Vous êtes animatrice radio ?

STAFF - White rabbit

Un peu tout et n'importe quoi... Tout dépend de qui est à l'antenne. En réalité, Samuel n'est pas regardant et il laisse les animateurs faire ce qu'ils veulent, les émissions sont aussi variées que les personnes qui les présentent. Mais globalement, puisque ça reste une radio, certaines choses ne changent pas : On y passe de la musique, évidemment. Un peu tous les genres, ou presque... Je n'ai pas souvenir d'avoir entendu du rap par exemple, mais peut-être que je n'écoutais pas au bon moment. Et sinon l'animateur présente toutes les infos sur la ville, les événements, ce genre de choses... Si tu t'ennuies et qu'tu cherches une idée d'activité, écoute la radio. Samuel tient toujours au courant des films qui passent, des expositions étranges sur le campement, de tout ce qu'on peut faire, finalement.

Je hausse les épaules. Animatrice... a temps-partiel, ouais. Entre autres choses. Si on m'avait demandé mon métier, j'aurais eu du mal à répondre en un seul mot. Parce qu'il y a trop de choses qui me plaisent et que je suis susceptible de changer toutes les semaines, alors c'est un peu compliqué. Ca dépend de ce que j'ai sous la main mais souvent je présente des interviews ou des documentaires, des reportages courts sur un événement ou sur une personne en particulier. On n'imagine pas les personnalités intéressantes qui traînent à Slab City ! D'ailleurs si t'as des histoires intéressantes à raconter, n'hésite pas.

Le plus difficile, dans le désert, c'est de trouver la sortie

31-07-2018

La radio semble être la façon dont les habitants de se tenir au courant des événements qui rythment la vie à Slab City. Il est bien possible que je finisse par l'écouter a un moment ou un autre. M'ennuyer risque de devenir une activité récurrente dans les prochains jours. Je me demande encore comment je vais survivre sans un accès haut débit à internet. Ville plus paumée, tu meurs. Je tique un peu quand elle me sort qu'elle fait des interviews et des documentaires sur les gens du coin. J'ai pour mission de la jouer discrète. Raconter ma vie à la radio du coin n'est pas dans mon intérêt.

Je fais non de la tête pour répondre à sa dernière question. Moins t'en sera sur moi, mieux tu te porteras. Je change de sujet.

Il y a un endroit au manger pas trop cher en ville ?

Je commençais à avoir les crocs avec toute cette route.

STAFF - White rabbit

Je suis mal tombée, il semblerait que ma camarade de route ne soit pas d'humeur bavarde. Moi qui suis d'une curiosité absolument maladive et qui ait tendance à parler tant que les gens ne m'arrêtent pas... Ca peut vite devenir un problème ! Je me mords la lèvre pour ne pas l'assaillir de questions auxquelles elle ne répondra sans doute pas, mais c'est un effort surhumain pour moi.

Mon regard s'illumine d'ailleurs lorsqu'elle m'interroge et je repars dans un monologue enjoué, désireuse de lui faire apprécier Slab City. Oh mais oui, carrément ! Si tu veux, y a le dinner de Queenie, il est ouvert 24/24 et franchement on y mange pas trop mal, c'est pas cher du tout, et c'est café à volonté ! Bon la clim' fonctionne rarement par contre, mais il f'ra toujours moins chaud que quand tu marchais dans l'désert, hein ? Je plisse les yeux, pas super concentrée sur la route parce que de toute façon c'est toujours tout droit ! Sinon y a le Sleepy Wolverine, c'est un bar à la base mais ils font des frites et des burgers... Par contre je sais pas si c'est déjà ouvert à c't'heure-là...

Le plus difficile, dans le désert, c'est de trouver la sortie

31-07-2018

La conductrice me file deux noms d'endroit où manger un bout dans la ville. Les sleepy-Wolverine me fait hausser un sourcil. Cela me fait penser à deux films .. Sleepy Hollow et Wolverine … Deux univers de films complètement différents. Qu'est-ce qu'il avait bien pu passer par la tête du propriétaire pour l'appeler comme cela.

Ok merci pour l'info.

Reportant le regard sur la route, je me mets à hurler malgré moi -Attention!!!! - afin de prévenir la jeune femme de la présence d'un animal et d'un homme qui traversent la route. C'est moi, ou c'est un mec qui poursuit un cochon. Surement par réflexe je mets les mains devant et appuie du pied une pédale de frein imaginaire. Comme cela allait fonctionner. Nous nous trouvions à l'entrée de la ville de Slab City.

STAFF - White rabbit

Je dois l'admettre, les routes -si on ose encore les appeler ainsi- sont si souvent désertes (haha) dans le coin que j'ai tendance à régulièrement oublier de regarder devant moi quand je conduis. Et forcément, c'est le jour où je suis accompagnée que ça se retourne contre moi puisqu'il faut un hurlement de mon auto-stoppeuse pour me faire tourner la tête, pousser un couinement suraigu et piler d'un coup en enfonçant à fond une pédale de frein qui n'est pas imaginaire du tout ! La voiture fait un bond désagréable qui nous fait basculer vers l'avant et je reprends mon souffle dans un hoquet. Oh mon dieu désolée ! Tu vas bien ?

Le plus difficile, dans le désert, c'est de trouver la sortie

31-07-2018

Propulsé en avant, la ceinture de sécurité qui manque de m'étrangler à cause du freinage brutal. J'avais levé les bras pour protéger mon visage au cas où l'airbag se déploie – il n'y a peut-être pas d'airbag en fin de compte ? - L'incident avait soulevé de la poussière.
Ouai. Finis-je par dire quand j'ai assez de souffle pour répondre.

Le grand-père coiffé d'un bob portait à présent son cochon ...non sa truie. On pouvait constater ses nombreuses mamelles qui gigotent, car l'animal veut s'échapper de son ravisseur. L'homme n'a que faire du remuant animal et file un coup de pied au pare-chocs de la voiture tout en vociférant des trucs. J'ai du mal à en saisir le contenu tant il articule mal.
Un ami à toi ? Dis-je sur un ton amusé

Nous devions être à l'entrée de la ville car plus loin je vois la vitrine du Dinner et d'autre boui-boui du coin.
Nous sommes bientôt arrivées ?

» Sly || Folle du Désert
» Trouver des liens
» La seule chose à trouver, c'est vous. Tout le reste est sur google. || Apolline