Keep your eyes up [ft Rauera]

31/07
Lorsque je quitte la reconstitution de jungle qui nous sert de domicile, il le soleil décroît de plus en plus et ses rayons de feu rasent le sol. J’ai attendu toute la journée pour bouger, me mettre en route et reprendre là où je me suis arrêtée hier soir… Quoi, exactement ? Mon exploration de cette ville, et comprendre pourquoi c’est ici que je me suis échouée, auprès de ma famille.
Je suis arrivée il y a quelques jours, après un dernier auto-stop avec un gars bizarre qui semblait encore plus surpris que je demande d’aller à Slab City que moi quand il m’a longuement détaillé. Le soleil était brûlant et j’ai pris directement un sacré coup de soleil sur les épaules, la gorge et la nuque. Me voilà à moitié de neige et de feu… et ça résume plutôt bien l’état dans lequel je me trouve.
Vu la chaleur qu’il fait toujours, dehors, j’ai enfilé un short et un débardeur les plus fins que j’avais mais j’ai pris la peine de mettre un châle sur mes épaules pour protéger ma peau. C’est dans cette tenue de touriste, que je décide de continuer à fourrer mon nez dans la ville. Comprendre comme elle s’articule, et retenir les lieux qui m’intéresse.

« Eh blondinette, tu te crois à la plage ?! Si tu veux, je t’accompagne te mouiller un peu ! »

Ou quelque chose comme ça, résonne près de moi. Un homme, d’un certain âge, peut-être ivre, ou simplement avec le soleil grillé par la chaleur. Un homme qui me regarde avec les yeux luisants et un sourire lubrique. Un homme comme je les évite habituellement. Sauf que depuis Slab’, il n’y a plus rien d’habituel.
*Baisse pas la tête quand on te parle, ca laisse croire aux gens qu’ils peuvent te faire du mal.* C’est ce qu’un de mes covoitureurs m’a dit. Un homme que je n’osais pas regarder en face quand il s’est arrêté dans son taudis roulant, parce qu’il portait un treilli militaire qui m’a fait pensé à mon père. Drôle de coïncidence qu’il me parle de faire de mal dans un tel accoutrement, que j’ai pensé, mais bêtement ça m’a donné suffisamment confiance pour relever ma tête et voir l’azur de ses yeux. Je suis grimpée dans sa voiture, sans réfléchir plus et il m’a avancé d’une demi-journée de route, en me bassinant sur ce que je devais faire ou pas pour éviter d’être agressée.
C’est con, comme histoire, non ? Pourquoi ça m’a marqué… vraiment.

« Va donc te rafraîchir tout seul, tu veux ? Je suis assez grande pour ne pas avoir envie de passer ma soirée avec quelqu’un dans ton genre. »

C’est sorti tout seul. Le plus agressif de ce que je peux faire visiblement. D’une voix plate, parce que je ne sais pas être dans l’attaque. Et je relève mes yeux vers lui, pour bien marquer le coup… Et je prends peur. Il met un temps à réagir, mais c’est la fureur qui s’empare de son visage. Et quand il se jette sur moi, je tente de m’enfuir, avant de perdre l’équilibre parce qu’il s’accroche à mon châle que je ne pense pas à lâcher.
Good idea, dear. Me voilà dans une belle merde.