Roulette 1 : Je t'assure, mets de la crème solaire. || Jess & Lazulis

Je t'assure, mets de la crème solaire.



Les deux dernières semaines ont été bien étrange. Le jour est devenu perpétuel sur cet hémisphère de la planète. Au début, j'ai eu du mal à croire ce que je voyais. Des sujets sur le phénomène passaient en boucle sur les chaînes de télé et les radios. Chaque expert y allait de sa théorie, plus ou moins farfelus. Du réchauffement planétaire à l'invasion d'extra-terrestre. Le soleil qui brille en continue n'offre plus de répit de fraîcheur d'autant qu'il n'y avait pas plus de vent. Silver a ouvert ses portes jour et "nuit" de son bar et c'est pourquoi je me suis retrouvé à faire la serveuse presque h24. Beaucoup de ses habituées et autres habitants de Slab City s'étaient réfugiés dans le bar.

Après une grosse journée de travail - enfin avec le jour continue difficile de connaitre l'heure qu'il est - je regagne le deux pièces minables que j'occupe sous un soleil de plomb. Malgré que je sois couverte de la tête aux pieds, je sens la brûlure de l'astre du jour me brûler. Une fois la porte passée, je vire fringues et chaussures pour filer sous la douche. L'eau est chaude, mais je n'ai pas le choix. Je pue la transpiration. Une fois fait, je ne prends pas la peine de me sécher et m'affales sur le matelas a même le sol qui me sert de lit. La tête à peine poser sur l'oreiller je m'endors....

Je suis réveillé en sursaut par le volet qui claque sur la fenêtre. Je baragouine un truc en Croate qui ressemble à " Fait chier, bordel de merde " et me lève énervée à poil pour bloquer ce putain de volet. Mais je m'immobilise devant ma fenêtre. Un spectacle d'apocalypse règne à l'extérieur. Tout ce qui n'est pas solidement attaché vole comme une plume. Il y a des tornades en Californie ? Je n'ai pas trop le temps d'y réfléchir plus longtemps, car un objet non identifié vient fracasser la fenêtre. J'ai à peine le temps de me coller au mur pour éviter les éclats de verre. Puis le silence vient.

Je sens une brulure sur l'avant-bras et remarque que j'ai une estafilade qui saigne. Je profère un nouveau juron Croate et me dirige vers la cuisine pour attraper un torchon pour faire compression. Mais un sentiment d'angoisse m'en sert les tripes d'un coup. C'est le silence qui me provoque ça. Pourquoi il n'y a pas de bruit alors que trente secondes plus tout c'est le déluge. Puis, je remarque la pénombre ambiante. C'est quoi ce bordel.

Je noue le torchon sur mon avant-bras et va vers ma chambre en évitant les bouts de verre qui jonchent le sol pour enfile un jean et un tee-shirt. Puis, je saisis l'arme que je planque sous mon oreiller et puis enfile une paire de chaussure. Je m'approche de la fenêtre sans vitre. Au loin sur la dune je distingue du mouvement. Difficile à determiner ce que c'est, car il fait nuit à présent. Il y a un truc qui cloche. Je n'arrive pas à le définir. Ma main sert plus fort la crosse de mon arme.

Un oeil sur mon portable, je vois qu'il est 4h du mat. Le mouvement au loin se rapprochent, je distingue des silhouettes informes. Je décide de descendre pour rejoindre le Sleepy Wolverine mais j'embarque mon portable et mon arme que je planque dans la ceinture de mon jean au creux de mes reins....

 

 

Je t'assure, mets de la crème solaire.



Une fois sortie dans la rue, je longe les bâtiments a pas de loup. Il fait nuit noire, mais la chaleur est toujours de mise. J'ai la chair de poule à cause de ce silence de mort... Je vois filtrer de la lumière à travers les fenêtres de quelques bâtiments qui composent la ville de Slab City. Parfois une silhouette inquiète s'y dessine. La "Tornade" a laissé des cadavres de taule, de bois et de tissu dans la rue principale. Alors que je m'apprête à entrer dans le bar, une brume blanche se met à ramper sur le sol. Je suis en train de rêver ? Je m'attends presque à voir un cavalier sans tête apparaitre d'un instant à l'autre.

Je fous mon imagination fertile dans un coin de mon esprit et pénètre dans le bar. Il n'y a personne enfin si deux piliers de bar qui depuis deux semaines campaient h24 dans le bar comme deux vampires fuyant le soleil. Sauf qu'eux ne boivent que de la Bière. J'avais fini par m'y habituer et les considérer comme la décoration du Bar. Puis la voix de Silver tonne dans une pièce voisine de la salle. Je vais voir ce qu'il en est. Il semble s'acharner à faire démarrer un générateur de secours avec l'aide du cuisiner du Bar. Le patron me demande ce que je fous là et je lui réponds sur un ton sarcastique "j'ai une insomnie". Il se contente d'un rictus puis reporte son attention sur le générateur. Moi, je retourne dans la salle principale du bar et constate qu'elle n'est éclairée que par des lanternes à l'huile. Les mouvements d'air font danser les flammes et les ombres.

La porte du bar s'ouvre. Par réflexe, de la main gauche je saisi la crosse de mon flingue que je dissimule dans le creux de mes reins sans le déloger pour autant. Quand je me détends légèrement quand je vois la blonde et replace mon tee-shirt pour cacher mon arme. C'est une Cliente qui vient avec une certaine régularité ces deux derniers mois. Elle a un nom de pierre précieuse. C'est quoi déjà, Rubis? Saphir ? Lapis? ...

Je grommèle un "S'lut " en réponse de sa salutation. Il ne faut pas m'en demander trop à quatre heures du mat, mal réveillé et avec une ambiance digne d'un film d'horreur. Je regarde le torchon taché de sang sur mon avant-bras quand elle me demande ce qui s'est passé. Ah oui, merde j'avais oublié. Faudrait peut-être que je m'occupe.

Je me suis coupée. Réponse laconique et simple.

L'un des" piliers de Bar décoratif "nous fait part qu'il y a des types louches qui se radinent par là. Je ne peux pas m'empêcher de ricaner un bref instant, car c'est un euphémisme ça. Il y a que ça des Types louches à Slab City. Dehors, la tornade semble de retour. On entend des trucs se fracasser et les vitres tremblent sous la force du vent.

Puis la scène devient surréaliste - encore plus quoi - Tic et Tac les piliers, Silver le patron et le cuisinier du bar sortent des fusils à pompe. Mais depuis quand, ils sont armés ceux-là ? Blondie au nom de pierre se colle à mes côtés et tremble comme une feuille. La porte du Bar vole en éclat pour laisser place à un flot de silhouette décharnée et affamée. Blondie me vrille les oreilles de son cri aigu tout en se planquant derrière moi.. Si un truc ne m'avait pas percuté, je lui aurais mis une baffe pour qu'elle arrête de faire autant de raffut. Mais voilà, je me retrouve plaqué au sol par un type qui claque des dents à quelques centimètres de ma carotide. Des coups de feu éclatent dans la pièce, mais je n'y fais pas attention, car le type essai de m'arracher la gorge. Plus les secondes s'écoulent plus la distance que j'essaie de maintenir entre nous diminue. A cause de la proximité entre nous, je peux détailler tous les traits de son visage. Sa peau est toute ridée comme si elle était déshydratée, ses yeux sont injectés de sang et il n'arrête pas d'émettre des grognements sauvages. Je remarque aussi qu'il a des canines anormalement développer. Il ressemble plus à une bête sauvage qu'un être humain. Des coups de feu sont tirés, des hurlements sont poussés, des bruits de succions se font entendre... Moi je lutte comme un diable pour survivre. Je profite pour ramener les pieds sous mon adversaire quand il tente une autre technique pour me mordre. Bordel pourquoi ce con tente de me bouffer ? Sans trop savoir, j'arrive à faire basculer mon adversaire pour me dégager. Une fois libre, le premier truc que je fais c'est dégainer mon arme et appuie sur la détente. Ma balle se loge dans le front de la "créature " qui s'écroule. Je cherche à me relever, mais ma main glisse dans un liquide poisseux. C'est du sang. Mais à qui appartient-il ?
 

 

Je t'assure, mets de la crème solaire.



Je trouve vite l'origine du sang qui macule ma main. C'est celui de Georges le pilier de Bar numéros 1. Il git à terre et un trou sanguinolent remplace sa gorge. Une autre "créature" se délecte du sang qui sort en geyser de sa carotide arrachée. Mon esprit a du mal à saisir l'horreur de la situation. Les sons sont comme en sourdines. Surement dû aux différents coups feu tirés depuis les dernières minutes. L'odeur de la poudre et du sang se mêlent. Je me mets sur mes pieds et lève sans hésitation mon arme pour loger une balle dans le crane de la bête qui se nourrit de -feu- mon Client. Du sang éclabousse mon jean et mon tee-shirt, cela m'est égale. Un mouvement sur ma droite attire mon attention à temps pour que j'évite une autre Créature qui me fonce dessus. Je ne réfléchis pas plus longtemps et tire une nouvelle fois. Ma balle se loge à bout portant dans l'oeil de mon adversaire, faisant exploser l'arrière de sa boite crânienne. Mais, le corps sans vie s'écroule sur moi et me fait basculer de nouveau à terre. Le temps que j'arrive à m'en débarrasser le silence est revenu. Plus pesant que tout à l'heure. Mon regard balaye les corps sans vie qui jonchent le plancher du bar. J'en compte huit. Méchants et gentils confondues. Je ne peux m'empêcher de penser que je vais en passer des heures à récurer tous ce sang.

La voix de l'homme qui m'interpelle me fait sursauter. Heu... je crois que je suis en état de choc. Je le dévisage blondie -mal en point - et lui un bref instant avant d'aller chercher derrière le bar la première bouteille qui me passe sous la main. Cela sera du Gin pour Blondie. Je reviens lui tendre la bouteille, mais pas le temps. Il semblerait qu'une autre vague de créature se radine vers nous. Il hisse Blondie sur son épaule et je le suis dans la cuisine.

C'est quoi ce bordel ? Finis-je par demander à haute voix tout en tentant de bloquer la porte avec un manche à balais. Vu la force de ces connards, je ne suis pas sûr que cela soit efficace.

D'où ils viennent hein ?  

Je ne suis pas certaine que l'autre type a les réponses à mes questions. Il semble vouloir s'acharner à sauver Blondie qu'il avait allongé sur une table. Si cela tenait qu'à moi, je l'aurais laissé pour morte dans la salle principale. Je suis espionne et nos "éducateur "m'ont appris à ne pas m'encombrer de personne qui risque de me ralentir.

Et vous êtes qui ?  

Je lui demande cela tout en vérifiant le nombre de balle qu'il me reste. J'ai tiré trois fois et il me reste encore 16 balles.