C’est l’histoire d’un mec • Aidan

Je jette un coup d’œil à la peinture bleue qui orne désormais les parois métalliques du vieux bus qui ne roulera pas avant un moment. Je sais pas si ça plaira à Pussy, mais le moins qu’on puisse dire, c’est que ça en jette. Je tends le bras pour attraper la bouteille de bière qui trône sous le petit parasol qui la préserve du soleil et chasse d’un revers du bras, la transpiration qui perle sur mon front. Le soir est tranquillement en train de tomber. De toute façon, dans le coin, personne est assez con pour travailler en début d’après midi.

Un chat qui crache me tire de ma biere et je fronce les sourcils. Ce chaton traine autour du bus depuis quelques jours. Les miens sont restés à New York en bonne compagnie, et j’ai décidé de donner asile au petit réfugié climatique. Le truc, c’est que même s’il passe sa vie à miauler, je ne l’ai encore jamais entendu craché.
Je me redresse dans un souffle sonore et mes yeux rencontrent la silhouette d’un husky que je jurerais avoir déjà… oh. Ça c’est une sacré paire de jambe et une sacré paire de… « Bordel, mais c’est ici que la concierge envoie ses locataires trop bordéliques? » Aidan. Ben putain. Je ne saurais dire si sa présence me surprend plus ou moins que celle des autres. En tout cas ses seins font plaisir à voir, et ses yeux avec.

J’esquisse un sourire et attrape son regard: « Pas trop chiant le sable avec les talons? Viens là toi.» La demie portion poilue me grimpe sur l’épaule et se niche dans ma nuque nue. C’est pas comme si je crevais de chaud déjà hein.

Le petit minou, tout à fait convaincu qu’il peut se battre contre le husky, se niche contre moi et n’a plus l’air décidé d’en décamper. Bon, en même temps, son choix est stratégique: je fais probablement un garde du corps impressionnant aux yeux du clebard. Mais je ne m’attendais en revanche pas à reconnaître ce chien, et la maîtresse qui va avec. « A qui le dis tu. Putain de merde! Qu’est ce que tu fous là? » Y’a beaucoup trop de gens du Bronx qui débarquent ici. C’est un coup à ce que ça finisse par dégénérer à nouveau. Pas sûr que l’endroit ait besoin de nous remarque.
Je hoche la tête avec un sourire en remontant les yeux dans les siens plutôt qu’un peu plus bas. Je vais essayer de pas vexer la demoiselle: « Ca va ! Et toi? »

Je hoche la tête sans perdre me sourire a sa remarque. Effectivement, elle doit être vachement moins tout terrain ici. Après avoir déposé deux bises sur ses joues, je reprends: « ouai. J’ai racheté ce bus. Il roule plus mais y’a de l’espace et je vais en faire une maison. Il était tristoune en blanc alors… j’ai opté pour du bleu. T’en dis quoi? » Elle a toujours eu bon goût, et puis quelque chose me dit que vu le chic qu’elle a pour se fringuer, si ça lui plaît à elle, ça plaira à Leg aussi.

Sûr que y'aurait eu des choses à dire entre Aidan et moi, mais pourquoi faire? On ne s'est pas laissés en mauvais termes, pas en bons non plus. Dans une autre vie, j'pense qu'elle aurait pu me plaire, et peut-être que l'inverse aussi. Dans l'actuelle, ça a été une rencontre ratée, mais ça reste une chouette fille. Et j'ai pas envie de traîner ici, les vieux dossiers du passé New Yorkais. - Ca va. Les meubles sont de récups, mais j'ai réussi à trouver des trucs aux bonnes dimensions. Un van hein? Le mien doit arriver dans les prochaines semaines. Si Legence n'y a pas foutu le feu depuis.
Je dis pas que c'est son genre, juste qu'il a le chic pour s'attirer des emmerdes.

Je hoche la tête: - Je sais pas vraiment combien de temps, mais pour l'instant oui. J'ai quelques soucis, et si j'peux me faire petit en attendant, c'est cool. Et vous? Qu'est-ce que vous faites là? Deirdre a lâché son garage? J'aurais pas parié là dessus. En même temps, j'aurais pas parié qu'elle aimerait les meufs non plus.