Héra || Si l'amour est un opéra, c'est parce qu'il doit rester comique.

NOM. LISTA, comme un lys je suis une plante magnifique qui cache un doux poison. PRENOM(S). Héra, femme et sœur de Zeus, remarquée par ses vengeances envers les maîtresses de son mari infidèle. Ca colle plutôt bien. ÂGE. texte ici. DATE ET LIEU DE NAISSANCE. texte ici. ORIGINES/NATIONALITÉ. Américano-mexicaine, ma mère est une douce princesse américaine déchue. Mon père est un mexicain, immigré sans papier et sans avenir. TAFF.dénicheuse de talent, à sa façon...STATUT CIVIL. célibataire. GROUPE. Ostria.

Et ta piaule, à quoi elle ressemble ? Quatre murs de taules pour seuls repères, ma vieille caravane, elle sera mon tombeau lorsque sur ma vie finira par souffler la tempête finale. Perdue au milieu de la Steppe, à l'image de mon enfance. La porte rouillée ne ferme plus depuis des lustres, qui oserait m’approcher de toute façon ? Ma porte est gardée par les chiens de mon père, ces types défoncés au crack qui exploseraient la mâchoire du premier venu d’une simple pression entre leur pouce et leur index. A l’intérieur le froid sidéral à l’image de mon cœur, pas une once de chaleur à l’image de ma vie. Un vieux cendrier dégueulant un flot de mégots de Malboro, une paire de Louboutin, volait par les narcos, jonche le linoléum troué, un reste d’esquisse de Néo au mur, cadeau d’Adonis à sa douce Aphrodite que je garde jalousement, mon plus beau trophée…

Comment t'as débarqué ?  Ca ou le pilori pour moi et l'échafaud pour mon père. Tu y crois si je te dis que j'ai pas eu le choix ? J'sais pas s'il n'aurait pas été préférable qu'il crève au bout de sa corde, plutôt que de venir dans ce trou à rat. J'y vis déjà depuis quelques années, mais marcher dans la merde à longueur de journée j'crois que je m'y fais pas. Alors, la nuit venue je me casse aussi loin que possible, je vais chercher ses mecs en mal d'amour et aux talents d'Héphaïstos, je les façonne et puis les laisse divaguant sur le bord d'un trottoir. Enfin c'est une autre histoire...


Qu'est-ce que t'espères trouver ici ? La mort, pourvue qu’elle ne tarde pas. J’ai hâte de me taper un tête à tête avec le diable, j’suis certaine d’avoir le dernier mot.

Ma mère ? Une connasse d’Amérloche qui a cru aux bonnes paroles d’un mec, à elle on lui a jamais appris à se méfier des hommes. Elle était douce, brillante et cultivée mais elle connaissait rien à la vie. Elle, elle a grandi en pensant qu’elle serait un jour Cendrillon et le pire vous savez quoi ? C’est qu’elle a cru que mon père serait son prince ! Alfonso LISTA, clandestin mexicain qui recherchait une bonne poire pour l’épouser. Oui une vraie conne ma mère. Elle a cru à ses beaux discours et ses jolies promesses. Ils se sont mariés, puis elle a enfin ouvert les yeux lorsqu’elle a vu les kilos de cocaïne débarquer chez-elle. Il était trop tard Cendrillon, minuit avait déjà sonné le glas ! Elle est vite tombée enceinte, il fallait bien occuper ses journées. L’accouchement dans une vieille caravane qui ne tenait debout qu’avec la grâce de la sainte-vierge qui les observait au-dessus de la porte a mis une fin définitive à ses rêves de conte. Oui c’est comme ça que j’ai vu le jour, entre de la coc’ et les narcos, sous la protection de cette trainée de Marie ! Mon père a fini par acheter une maison, fallait que j’grandisse normalement, la normalité n’étant qu’une notion bien subjective. Fallait surtout qu’il se range avant que les flics ne lui tombent dessus. Sauf que c’est pas les flics qui ont débarqués un matin de 1998 et ça il ne l’avait pas vu venir mon père. Il était retourné au Mexique pour ses affaires, ils ont débarqué en bande, mon père avait baisé la mauvaise putain, alors ils sont venus laver leur honneur. Et ouai c’est comme ça chez les trafiquants parait-il. Alors ma mère a hurlé moi j’me suis planquée comme on me l’avait appris. La foudre a claqué, ma mère est tombée, ils se sont barrés. Cendrillon a agonisé dans une marre de sang, ainsi se clos les contes « dé-faits » chez nous.

Mon père n'a pas versé une larme pour ma mère, c'est comme ça que j'ai compris qu'il faudrait que je me joue des hommes avant qu'ils n'aient ma peau. La vie en Amérique était devenue trop dangereuse pour mon père. Parait qu'il pouvait plus faire un pas dehors sans qu'on tente de lui faire la peau. Alors il a décidé un beau matin de nous faire traverser la frontière. Au Mexique les zinnias se hissent pour trouver la lumière et disputent leur place au soleil aux dahlias, drapés dans leur port majestueux voir orgueilleux. Ici, seules les fleurs se prélassent au soleil, moi on me fout à l'école publique pour occuper mes journées. Les mômes ici sont aussi tarés que leurs parents, j'sais pas où j'ai atterri, mais je suis bien trop loin de mes terres. J'ai pas encore dix ans et j'pense avoir fait le tour de cette merde qu'on appelle la vie, j'sais pas ce que je peux en attendre, mais elle, elle n'a pas l'air d'attendre grand-chose de moi. Je grandie et je découvre le Mexique, comme je découvre le pouvoir que j'ai dans le regard. Un battement de cil et ils sont aux abois, c'est con un mec, encore plus con qu'une Cendrillon. J'les regarde me tourner autour comme une foutue abeille autour d'un pot de miel. Et comme ces bestioles, ils viennent se coller à moi et finissent tous par en mourir agonisant de n'avoir pu gouter le nectar t'en convoité. J'arrive au crépuscule de mes dix-huit ans. Je sais que je n'ai aucun foutu avenir dans ce pays, il me faut retourner en Amérique, cependant il y avait un problème, mon père. Dans un cartel les femmes n'ont aucun pouvoir et moi, j'suis pas l'une de leur boniche, j'obéie pas au doigt et à l'oeil, ça il le sais, mon père. Alors un soir je lui ai posé un ultimatum soit il me laisse repartir en Amérique, soit je me barre faire la putain dans le cartel voisin. Ca il a pas aimé mon père... Il a plié car il savait au fond que je l'aurais fait, alors il m'a envoyé chez des « amis » à lui, des défoncés au crack dans un camp au milieu de la Steppe. J'aurais mieux fait de fermer ma gueule, mais j'avais eu ce que je voulais. Me voilà arrivée les deux pieds dans la merde de Slab City.

Me voilà perdue depuis quelques années, à mi-chemin entre les camés et le néant. Je vis dans une caravane, princesse désabusée. Je lutte contre l'ennuie en détruisant le peu de chaleur qui émane des hommes. Mes parents auraient dû me prénommer Âmmout, je vais en quête d'homme déchu, je pèse leur coeur et dévore leur âme. Ca à commencer avec un Apollon à la plume de Voltaire. Il a croisé mon chemin dans un bar, s'est perdu dans mon regard et est mort entre mes cuisses. Il a cru bon de m'aimer, m'écrivait des tirades à vous transpercer le coeur et vous toucher l'âme. Mais je n'ai ni coeur, ni âme. Je lui ai promis qu'il s'envolerait, que sa grâce toucherait le ciel. Ce con m'a cru. Lorsque ses tirades commençaient à tourner en rond, lorsque la détresse de Voltaire a quitté sa plume je l'ai laissé errant sur son bout de trottoir à pleurer son désespoir. Un homme amoureux est un homme heureux, vous ne pouvez plus vous nourrir de ses craintes, il ne reste que le rêve, moi j'sais pas rêver, je ne connais que l'abysse des cauchemars.

Après avoir tué Voltaire il me fallait une pause, Aello avait mérité un peu de repos. Bouffer des âmes, c’est marrant et excitant, mais c’est foutrement crevant. Je suis retournée au Mexique, j’pensais pouvoir passer à autre chose quelques temps, mais Neo a croisé mon chemin. Lui c’était pas une plume qu’il avait entre les mains mais du charbon et dans les yeux l’abandon. Neo, j’pensais pas qu’il tomberait si facilement, j’voyais en lui un défi. Pourtant il a vite craqué Neo, je lui ai fait toucher du bout des doigts le paradis pendant que lui se bousillait les phalanges à dessiner Aphrodite. Les étoiles dans les yeux je lui ai dit ce qu’il voulait entendre, je lui ai promis qu’il aurait le monde à ses pieds s’il me suivait. C’est ce qu’il a fait Neo, il a traversé avec moi, j’lui ai fait voir Slab City, steppe d’artiste en mal d’amour comme lui. Sauf que Neo lui il avait cru l’avoir trouvé, l’amour, il a cru que j’avais un cœur, il a pas vu que sous ma cage thoracique ça sonnait aussi creux que la bouteille de whisky de l’alcoolo d’à côté.

J'y travaille