Si vous parlez à dieu, vous êtes croyant. S’il vous répond c’est que vous êtes schyzo - Sebastian

Sur ici. Parfait. Tant qu'on ne lui pose pas des questions sur sa vie d'avant... Il déteste ça. Quelle importance hein ? L'essentiel est ce qu'il est aujourd'hui. Avant c'est le passé, c'est mort d'abord.
Le sourire de Sebastian s'élargit en voyant celui d'Aislin. Héhé. Et comme elle aussi a fait, ça tombe bien, il ouvre une fois encore, la yourte, laissant passé un rayon de soleil flamboyant dans la pièce. La chaleur semble soudain étouffante, l'air irrespirable. Alors qu'il laisse passer Aislin devant lui, il appuie discrètement sur un bouton au sol, et le ronronnement d'un ventilateur se met en route. Hors de question qu'il fasse trop chaud quand il reviendra faire la sieste hey !

Les voilà donc qui arrivent à table, exactement comme lors du petit déjeuner. Tout le monde est affairé et s'arrête pour le saluer. C'est plus rapide que le matin puisqu'ils se sont déjà vu.
Une jeune femme, la vingtaine, coupe impeccable et chignon tiré à quatre épingles est assise à table avec un ordinateur portable sur les genoux, visiblement très concentrée. Elle lève un œil sur Sebastian, se contente de hocher de la tête en guise de salut et regarde ensuite Aislin avec un très vague sourire en coin, avant de retourner à son écran. Que tout le monde s'agite autour d'elle la laisse apparemment de marbre. A peine soulève-t-elle l'ordinateur pour laisser passer un plat de salade composé mis sous son nez. Elle n'a pas arrêté son travail pour autant.

Elle, c'est... Mon bras droit si tu veux.

Effectivement, Seb installé, elle est assise à sa droite. Et personne ne semble étonné de sa présence ou de son apparente indifférence à ce qui l'entoure. Elle soupire juste quand elle doit fermer son outil de travail. Alors qu'elle ouvre la bouche pour dire quelque chose, le Pasteur fait un petit signe de la main en dénégation.

Plus tard Lisbeth. Nous avons une invitée aujourd'hui. Aislin a eu la générosité de venir aider aux cultures. Allez à table, j'ai faim. PRIONS mes Frères et Soeurs. Prions.

Et Sebastian se met en tête de faire une prière à haute voix, apparemment dans la plus totale des improvisations. Il remercie Dieu pour la nourriture, lui demande de baisser la température extérieure, le salue bien bas, fait un signe de croix orthodoxe en direction de la nourriture et hop.

BON APPETIT !

STAFF - White rabbit

Les travaux manuels -si on peut qualifier ainsi la récolte de marijuana- attisent toujours mon appétit et je suis soulagée que le repas soit déjà prêt. J'aurais pu aider à sa préparation, cela dit, je n'y ai pas pensé, je suis plutôt bonne cuisinière et ça tombe bien parce que c'est une activité qui me plaît. Ce qui me fait faire cette réflexion à voix haute : Je serais ravie d'aider la prochaine fois, je me débrouille pas trop mal en cuisine. Et je trouve que je suis encore assez modeste, mais de toute façon les plats préparés pour une si grande tablée doivent rarement être sophistiqués.

Je plisse le nez en avisant la jeune-femme qu'il qualifie comme étant son bras droit. Dieu qu'elle dénote dans le paysage, au milieu de tous ces gens auxquels elle ne ressemble absolument pas. A la façon dont il parle d'elle, à sa tenue, à l'ordinateur qu'elle fixe avec sérieux aussi... Je devine sans mal qu'elle s'occupe probablement de tout ce dont Sebastian n'a pas envie de s'occuper. Le côté administratif. S'ils revendent leur production aux pharmacies et autres, il doit y avoir pas mal de paperasse à gérer. Enchantée ! Je lance, tout sourire, n'obtenant un retour qu'un vague mouvement de la tête qui me fait refermer la bouche.

Je suis de toute façon bien forcée de me taire lorsqu'il invite tout le monde à la prière. Prière que j'écoute avec étonnement, avant de hocher la tête l'air de dire que j'ai tout compris. Mh, oui, bon appétit. Je m'installe, toujours à côté de Sebastian, à sa gauche cette fois, et me sert à manger avant de tourner la tête vers Lisbeth. Je n'abandonnerais pas si facilement. Vous travaillez pour Sebastian depuis longtemps ?

Lisbeth, qui a pris un plat de salade et s’est servi deux feuilles dans son assiette, le tend à sa gauche avant de tenir un plat pour que Sebastian se serve. Elle hausse les sourcils à la question d’Aislin et le Pasteur se met à glousser.

Nous avons rarement des invités qui ne sont pas… Comment dire… Qui ne montrent pas un enthousiasme débordant, jurant foi et conversion immédiate. Voilà. C’est ça. Du coup, ils s’intéressent rarement à elle. Elle… Dénote.

Il rit. Beaucoup. Lisbeth claque la langue avant de faire un premier vrai sourire.

Depuis trop longtemps je le crains. Ernesto, passe moi le maïs s’il te plait. Ça doit faire 7 ou 8 ans. J’étais contrôleuse fiscale et je suis venue voir ce qu’il faisait.

Les plats tournent et Sebastian les présentent à Aislin et Lisbeth avec l’air d’un coq veillant sur son poulailler. Il y a franchement pire que d’être si bien encadré, même si les deux femmes ne se ressemblent pas. Ce qui est d’autant plus intéressant à son très humble avis.

Je m’ennuyais affreusement et à peine je suis arrivée dans sa chose qu’il appelle tente qu’il m’a dit : Ah ! Tu en a mis du temps. J’ai besoin de toi pour cette paperasse. Il m’a donné une pile énorme de papiers, sans me laisser le temps d’en placer une, il m’a expliqué son projet et…
Elle a marché immédiatement. Je le savais. Dieu me l’envoyait pour que notre communauté ait une forme plus légale et officielle. Merci Liz. Sans toi je ne serais rien.

Lisbeth a une espèce de rougeur sur les joues, un sourire en coin et se contente de manger en silence. Comme si elle avait eu son quota de mots pour le déjeuner.

Je sais quand quelque chose de positif arrive pour la communauté. Elle était belle comme un cœur mais j’ai su immédiatement qu’elle pouvait faire tellement mieux que travailler pour le Gouvernement.

Et le regard de Sebastian laisse sous-entendre qu’il en va de même pour Aislin. Pendant ce temps là, Ernesto, qui reluque Aislin depuis un moment, se montre affable, à grands renforts de sourire, d’offres pour remplir son assiette et pour savoir, avec la subtilité d'un rhinocéros qui charge, ce qu’elle compte faire par la suite.

STAFF - White rabbit

La jeune-femme semble surprise non pas par ma question, mais par le fait que j'ose lui en poser une, ce qui me fait froncer les sourcils. Je crains d'avoir commis un impair, mais j'ai l'habitude de déranger les gens avec des questions auxquelles ils n'ont pas envie de répondre, aussi je ne me vexe pas. Heureusement cela dit, Sebastian dissipe tout malentendu et j'esquisse un sourire.

C'est justement parce qu'elle dénote que ça m'intéresse. Bien plus que toutes les autres personnes présentes ici, en-dehors de Sebastian bien entendu. Dans ce genre d'endroit malheureusement, je suis quasiment sûre que si je posais les mêmes questions à tout le monde, ils répondraient tous sensiblement la même chose. Ce n'est pas vraiment ce qui m'importe ou ce que j'ai envie d'entendre, ça n'apporterait rien de plus à mes recherches. Alors qu'une femme comme elle, j'ai justement très envie de savoir comment elle a pu se retrouver entraînée dans une aventure comme celle-ci. Ses explications me font sourire parce qu'au-delà des apparences, elle semble heureuse d'être là. Aux regards que Sebastian lui lance et à sa façon de rougir, je me demande s'il y a eu quelque chose entre eux. Quelque chose de plus que du sexe, puisqu'il semblerait que tout le monde couche avec tout le monde sous cette tente. C'est dingue, on n'imaginerait pas qu'une contrôleuse fiscale se retrouve à Salvation mountain. Dans une culture de cannabis en plus ! Il y a du sourire dans ma voix mais nulle moquerie. Elle se tait, mais je lance quand même, un peu comme une bouteille à la mer : J'aimerais beaucoup discuter avec vous... A l'occasion.

Je lève le nez vers le type qui me sert et dont je ne connais pas le nom, répondant à ses sourires avec enthousiasme. Je perçois ses sous-entendus et si je ne le remballe pas, je n'y réponds pas pour autant. J'explique seulement que je ne sais pas encore, puisque je ne sais jamais à l'avance de quoi demain sera fait.

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