We'll be counting stars - Slavina

We'll be counting stars

Je me rappelais de mon anniversaire la semaine dernière encore, mais avec les récents événements, j'ai complètement oublié la date. Depuis que je sais que Slavenko a été "approché" par une détective à la frontière, je vis dans l'angoisse constante. Oui, plus encore qu'avant, et c'est pas peu dire. Le terme exact, ce serait même plutôt de dire que je suis paralysée de trouille, parce que ma plus grande crainte depuis qu'on est arrivés ici s'est quasiment réalisée. Chaque fois qu'il part à la frontière, j'ai peur qu'il ne revienne jamais, et il a bel et bien failli ne pas revenir. Je n'en dors plus la nuit tellement ça me pétrifie, je dois me faire violence pour le laisser partir bosser à chaque fois, et je ne ferme de toute façon pas l'oeil jusqu'à ce qu'il soit rentré. La seule chose qui m'empêche de le harceler de textos, c'est le fait que je sais que ça le mettrait en danger, et qu'il ne pourrait pas bosser ET me répondre, sinon je passerais mes soirées pendue à mon téléphone.

Ce soir, je ne sais pas qu'il n'est pas allé bosser, aussi dès que l'horloge affiche quatre heures sur le mur, je me tire de chez Queenie, sans même chercher à savoir si la relève est arrivée ou pas. Ma lampe torche n'a plus de piles, malheureusement, et je presse le pas sur le chemin qui mène au van parce que je flippe ma race de marcher seule dans la nuit noire. Mon rythme cardiaque s'accélère dangereusement, mes mains sont moites et pourtant je cille, incrédule, parce qu'il y a de la lumière qui provient du campement. Je m'immobilise, écarquille les yeux, frôle la crise de panique avant de capter que ce sont des bougies, et que c'est Slavenko qui m'attend près du feu.

Je réduis la distance qui nous sépare, m'approche de lui en clignant des yeux sans comprendre, paniquée au point que je ne fais pas le lien avec mon anniversaire, pas du tout. Mais qu'est-ce que...

J'entends des pas et je me tends, je n'ai pas le glock, je le laisse toujours à Nina malgré ce qui s'est passé à la frontière. Réellement, je ne suis pas sur qu'avoir le flingue aurait changé la donne à part peut-être finir réellement troué. Je m'en suis sorti avec un coup de couteau et des contusions, j'ai eu de la chance, j'en suis bien conscient. Bien sur c'est Nina, je reconnais son pas léger avant même sa voix ou sa silhouette. Mon cœur s'accélère, surtout de trouille, j'avoue. J'ai peur qu'elle trouve ça ridicule, inutile, ou qu'en comparaison des anniversaires passés, ça la fasse chialer. Super Slavo, t'aurais pu y penser avant. Mais j'y ai pensé avant crétin, seulement j'ai stupidement décidé de prendre le risque. Tant pis.

—Hé ! Salut Zlato ! Bon anniversaire ... ? Autant dire que je ne parviens pas à éteindre totalement la note interrogative et angoissée de mon ton, mais je fais de mon mieux. Je montre l'installation et les coussins près de moi dans un geste d'invite. —faut quand même le fêter non ? Marshmallow grillés et thé glacé... Ça te va ?

Je le dévisage un moment, incrédule, le cœur battant à tout rompre, et les mots ne font pas vraiment sens dans mon esprit. J'essaie, vraiment, de me raisonner, de me maîtriser, mais je dois y parvenir trente secondes à tout casser avant de me précipiter vers lui. Je me jette à genoux devant lui qui s'est assis près du feu, j'enroule mes bras autour de son cou et je le serre à l'étouffer, retenant mon souffle. Il ne sera pas surpris, c'est plus ou moins l'accueil que je lui réserve toutes les nuits depuis qu'il m'a dit pour la détective. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine, sans doute parce que je réalise qu'il n'est pas mort, qu'il est rentré, et je le tiens contre moi quelques instants avant d'enfin le relâcher pour reprendre contact avec la réalité.

C'est seulement à ce moment-là que je réalise ce qu'il m'a dit, et je me recule, posant mes fesses sur mes talons pour observer autour de moi, le regard émerveillé. J'avais complètement oublié... Je n'aurais pas eu le même discours une semaine plus tôt, mais là c'est vrai ! J'avise les photophores, une boule d'émotion stupidement coincée dans la gorge. Mais où est-ce que t'as trouvé tout ça ? Et ça a dû lui coûter une blinde. Enfin, non pas que ce soit cher, mais en comparaison du fric qu'on possède, voilà quoi... Je reporte mon attention sur lui, les lèvres étirées en un sourire gêné. C'est vrai, t'as trouvé des marshmallows ?

Je gronde de soulagement et de joie quand elle se précipite pour me serrer dans ses bras. Un peu de douleur aussi, mais je la refoule ne voulant surtout pas l'affoler en faisant ma chochotte. Je suis avant tout content que ça ait l'air de lui plaire. C'est ce que j'essaye de lire sur son visage, à la lueur des flammes et des ombres qui dansent sur sa peau. J'ai un sourire fiérot tant elle a l'air surprise et émerveillée. —A Mexicali, au poste frontière, on trouve de tout tu sais. Y a pas que des clopes, ha ha...Et j'ai un gros sac de marshmallow, ouai, à s'en rendre malade !

Je prends une des branches que j'ai taillé pour la brandir avec un sourire avant de lui donner ainsi que le sac de bonbons destinés au grill. Je me penche pour fouiller dans le sac isotherme et je prends la bouteille de thé à la pêche. Je la pose avec précaution sur la "table basse" près des verres. —J'ai un pain de glace là dedans, il a déjà fondu à moitié, c'est dingue non ? Par jeu, je pose mes doigts glacés sur sa cuisse. —j'ai un cadeau pour toi. Tu le veux maintenant ? Ou on trinque d'abord ?

J'ai beau m'inquiéter constamment pour lui, j'oublie systématiquement ses blessures quand je le retrouve et que je le serre dans mes bras. Disons que le soulagement de le revoir a tendance à me faire perdre la tête et la raison. C'est toujours comme ça, j'ai besoin de prendre ma dose de lui avant de pouvoir passer à autre chose, me concentrer sur le reste. C'était déjà comme ça quand on était dans le Bronx, mais pas du tout pour les mêmes raisons. Ah ? Et Machete dit rien que tu vas acheter des marshmallows et des bougies pour ta femme sur tes heures de taf, mh ? J'ai un sourire, toujours émerveillé, d'adoration pure aussi, parce qu'il a pensé à mon anniversaire et qu'il a organisé quelque chose pour moi. Contrairement à ce qu'il a l'air de penser, je n'ai pas besoin d'aller dans un hôtel de luxe pour être heureuse ! Non, le simple fait qu'il ait des attentions à mon égard, qu'il pense à moi, c'est amplement suffisant.

Un long frisson me hérisse l'échine, vague de chaleur qui s'enroule autour de ma cuisse, remonte vers mon ventre quand il pose sa main glacée sur ma peau. Mes pupilles se dilatent légèrement sous le choc, l'afflux de souvenirs qui me paraissent si lointains, quand on jouait à l'appartement avec une bouteille de vodka givrée qu'il s'amusait à presser contre ma peau pour me faire geindre. J'ai les joues rouges soudain, mais je peux accuser la chaleur du feu pour ça, n'est-ce pas ? Je cligne des yeux, encore, ramenée à la réalité par sa phrase qui me tire un sourire espiègle d'enfant. Non, je le veux maintenant, bien-sûr que je le veux maintenant !

J'ai pas bossé les deux jours qui ont suivi ma confrontation avec la chasseuse, puis j'y suis retourné parce qu'il me fallait du fric, mais ça s'est avéré compliqué. Et ce soir, bien sur que j'y suis pas allé. Plus ça va et moins j'ai envie de faire ce boulot, mais je ne dit rien pour l'instant, je n'ai pas d'autres options ou aucune qui me plaisent en tout cas. Alors j'y vais quand j'ai besoin d'argent,
voilà tout. C'est pas comme si j'avais signé un contrat. Je me pointe et s'il a besoin de moi, Machete m'embarque. Mais pas ce soir bien sur. De toute façon s'il y a bien une chose dont je ne parle pas, c'est de Nina. Je ne sais même pas s'il sait que je suis marié, ou avec quelqu'un. J'imagine que oui s'il a pris la peine de se renseigner, tout se sait ici, mais je m'en fous en fait, je ne copine pas avec ce gars. —Non, Machete dit rien. J'ai pas bossé ce soir. J'ai pris le bus. Et pour rentrer de nuit, je me suis démerdé en stop. Je ne précise pas toutes mes galères de transports !

Je sens sa peau frissonner sous mes doigts froids, bien sur ils sont froids ! Je ne m'attarde pas sur la question puisqu'elle me réclame son cadeau. Je m'illumine et je me penche de coté, dans une extension douloureuse de mon torse pour attraper le paquet fragilement emballé de papier fin. Il est mou, rectangle d'environ  quarante centimètres sur trente et mince. A l'intérieur, il y a ceci

Spoiler:

Je l'ai achetée dans une petite boutique de la frontière, c'est pas de la bonne qualité, mais c'est une petite robe noire moulante comme elle en mettait avant et je l'ai aimée quand je l'ai vue. Peut-être parce qu'elle m'a aussi fait pensé à ce body-lingerie que je lui avais offert. Je l'entends parfois soupirer quand elle enfile les fringues de la mexicaine, beaucoup trop colorées, et je me suis dit que ça lui ferait plaisir, au delà du prix dérisoire. J'ai un peu peur qu'elle trouve ça trop sexy, mais moi j'aime toujours bien quand elle l'est.

J'écarquille les yeux quand il me dit qu'il a pris le bus pour aller jusqu'à Mexicali, je sais bien la galère que c'est pour l'avoir fait avec lui quand on a été cambrioler cette baraque. Cela dit je ne fais aucun commentaire, je me contente de sourire, un peu niaisement sans doute parce que je trouve ça absolument adorable de sa part. Le fait qu'il ait quand même pensé à mon anniversaire dans ces circonstances m'émeut. Je suis de toute façon sujette à la mélancolie, et je suis nostalgique de l'époque où toutes les dates étaient importantes pour lui. Avec lui, j'ai fêté tous nos anniversaires mensuels mais aussi la Saint-Valentin ou encore Noël, ce que je ne faisais jamais avant. Alors oui, le fait qu'on fête mon anniversaire ce soir représente beaucoup à mes yeux, vraiment.

Mon visage s'éclaire, mon regard s'illumine quand il se penche pour récupérer le paquet cadeau que je n'avais même pas vu ! Je l'attrape fébrilement, impatiente, trop heureuse d'avoir droit à une surprise, et je le déballe avec la même impatience. Je découvre la robe avec un regard surpris, je ne m'attendais pas du tout à ça... En même temps je ne m'attendais pas à avoir un cadeau alors forcément... Je pose l'emballage au sol et déplie la robe noire, moulante, terriblement sexy et qui ressemble diablement aux robes que je portais dans le Bronx. Un sourire plus grand encore fleurit sur mes lèvres, je me fiche qu'elle soit trop courte, trop provoquante, je n'ai pas à la porter pour sortir, je peux très bien ne la mettre que pour rester seule avec lui. J'adore ! Je me lève d'un bond en déclarant : Je vais l'essayer. Et je file dans la caravane pour troquer mon uniforme contre cette merveille.

Je mords ma lèvre inférieure quand elle déballe son paquet, attendant anxieusement sa réaction. Mon regard s'éclaire instantanément quand elle jette avec joie qu'elle aime la robe. Je suis soulagé, je ne veux pas qu'une ombre vienne au tableau quand j'ai essayé d'organisé au mieux quelque chose. Quelque chose pour lui faire plaisir, pour lui plaire, pour témoigner de mon amour en ce jour important, celui de la naissance de mon Amour, de mon Âme. Tandis qu'elle file se changer, je range l'emballage de coté et je verse du thé glacé avant de tailler tant bien que mal des glaçons dans le pain de glace à l'aide d'un des couteaux de cuisine. Je les glisse dans les verres et je referme le sac isotherme. Cette nuit, il a beau être quatre heures du mat', il fait encore trente degrés, mais c'est différent la nuit, le soleil ne tape pas sur la peau, et vu qu'il fait quarante cinq dans la journée, on a quand même une fausse impression de fraîcheur.

Très franchement, je ne pense pas m'être gouré de taille, j'ai juste pris une taille plus petite qu'avant, vu comme elle est toute mince, et le tissu est de toute façon stretch. Quand elle revient, vêtue de cette seconde peau, j'ai le souffle coupé. Ça me rappelle tellement notre première sortie, et depuis je suis amoureux de ces robes noires et sexy qu'elle portait souvent. Je ne regrette pas mon choix et je m'exclame avec un long regard d'admiration à l'appui —Waouh, c'que t'es sexy là dedans mon amour ! C'est quand même plus affriolant que son uniforme retro de chez Queenie, bien forcé de l'admettre. Je me lève pour tendre les mains vers elle, attiré comme un papillon de nuit par la lumière —est-ce qu'elle te plait ?

Je n'ai pas de mal à enfiler la robe qui me va parfaitement, pas trop grande heureusement, mais pas serrée non plus grâce à la matière assez élastique. J'aimerais pouvoir voir le résultat dans un miroir mais malheureusement il n'y en a pas dans la caravane, ça fait longtemps que je n'ai pas pu me maquiller ou me coiffer correctement. Généralement je le fais dans les toilettes du Queenie's, il y a un grand miroir au-dessus des lavabos mais ce n'est pas particulièrement pratique. Je lisse ma robe, attrape rapidement une brosse pour démêler mes cheveux et les nouer rapidement en un chignon haut. J'espère qu'il est droit, je sais qu'il aime mes cheveux relevés, ma nuque dégagée.

Je ressors à l'extérieur, anxieuse, guettant son regard, son approbation aussi en plissant les yeux. Son exclamation, qui m'a l'air sincère, me fait vibrer de bonheur pur. Avant il me le disait constamment, que j'étais belle, sexy, bandante. Il se lève pour venir vers moi et mon cœur s'emballe dangereusement. Elle est superbe. Si tu savais comme ça me manquait d'avoir des fringues... À moi. Quelque chose qui me ressemble, quelque chose pour lui plaire. Je prends sa main dans la mienne et tourne sur moi-même pour lui montrer les lanières qui se croisent dans mon dos. Et à toi, elle te plaît...? Je demande en m'immobilisant à nouveau devant lui, levant sur lui un regard brillant. Je tends les bras, les passe autour de son cou, mes mains dans ses cheveux, et je me hisse sur la pointe des pieds pour réclamer un long baiser. Merci... Je souffle d'une voix émue.

J'ai un sourire un peu triste à se remarque mais c'est quand le contentement et la joie qui domine. —mais je sais mon amour. C’est bien la raison de ce cadeau. Quelque chose d'utile et qui en même temps lui fait plaisir. Vu que je n'ai pas pu travailler ces jours derniers, je n'avais pas assez d'argent pour une radio, qui était mon premier choix. On verra plus tard si ma situation s'améliore. Je lève la main pour repousser une mèche qui frisotte près de son oreille. J'ai toujours aimé qu'elle coiffe ses cheveux comme ça. Je trouve ça très sexy la vue de son cou gracile et dénudé. —ti si lepa moj andjeo.

Mon sourire se fait amusé avant que je ne réponde —bien sur qu'elle me plait, c'est moi qui l'ai choisie. Je sais ce qu'elle aime, du noir et des robes, mais je n'aurais jamais pris quelque chose qui ne me plait pas à moi aussi ! Son baiser me fait vibrer d'amour et je la serre contre moi. La robe est vraiment une seconde peau, et ses seins épousent mon torse, m'affolant les sens. A son merci je réponds juste —bon anniversaire srce, je t'aime. Aussi bon que possible vu les circonstances. Je la tiens toujours contre moi, la hissant et me voûtant pour que nos visage soient proches. Je pose une main sur son dos dégagé de ses cheveux, et glisse sensuellement sur les lanières qui laissent la peau nue. —tu feras attention de mettre de la crème, sinon tu vas te retrouver zébrée façon grillade. A propos de grill, tu veux des marshmallow ? Et je t'ai servi un verre de thé glacé. Je veux que tout soit parfait pour elle, qu'elle soit un instant heureuse d'être choyée.

Je fronce le nez. Elle te plaisait sur le cintre, elle aurait pu ne pas te plaire sur moi... Après tout je n'ai plus suffisamment de formes pour que le tissu moulant soit aussi affriolant qu'il peut l'être, le résultat aurait sans doute été plus plaisant pour lui avec un peu plus de poitrine ou des fesses plus rebondies... Peut-être aussi qu'à présent que j'ai bronzé, le contraste du noir sur ma peau est moins prononcé, moins comme il aime... C'est à tout ça que je pense mais il m'assure que ça lui plaît alors je n'insiste pas. J'ai envie, besoin de le croire. Je souris contre ses lèvres, enchantée. I ja volim te. Rien n'aurait pu me faire plus plaisir, je crois que même sans cadeau j'aurais été comblée par le simple fait qu'il pense à mon anniversaire.

Ses mains sur ma peau nue me font frémir de désir qui s'éveille, et j'ai envie de continuer à goûter sa bouche, de me laisser aller contre lui. Des fantasmes de volupté, de nos corps enlacés envahissent mon esprit mais il me ramène à la réalité sans que je cherche à lutter. Je ne suis pas encore assez à l'aise pour laisser mon désir s'exprimer librement, je crains trop de l'incommoder avec mes envies qui ne font plus si souvent écho aux siennes. Alors j'étouffe le désir qui commençait doucement à me chauffer les reins et je hoche la tête dans un sourire en m'écartant de lui. J'ai bien l'intention de goûter tout ça. On retourne s'asseoir près du feu, et je prends mon verre de thé glacé pour le lever et trinquer avec lui. D'une voix à la fois émue et gênée, je demande : A mon anniversaire, alors ?

—Quoi ? Mais tu rends toutes les fringues encore plus belles que sur un cintre ! C'est quoi cette drôle d'idée que la robe ne lui irait pas ? C'est tout à fait le genre qu'elle portait et moi j'aime ça, la voir en tenue courte et moulante mais finalement très sobre.


— Hé oui, à ton anniversaire srce moje ! Mon vere à la main, je m'assieds derrière elle, les jambes écartées pour me placer dans son dos. Le désir est bel et bien là, sage et lové dans le creux de mon ventre et Dieu que c'est agréable cette sensation plus légère. On n'a fait l'amour une fois en rentrant du réservoir et puis une autre fois quand je suis rentré blessé, pour évacuer la trouille plutôt que par recherche de la volupté. Du sexe anxiolytique. Depuis, nada, calme plat. Mais ce soir, bien installé, j'ai une vue imprenable sur le décolleté zébré et sa nuque émouvante.  Ainsi je peux lui servir de dossier - encore qu'il fait chaud pour se coller - et on peut partager nos branches et le paquet de marshmallow. Elle sait bien que je ne suis pas grand amateur, mais on partage quand même toujours. Je trinque avant de boire la moitié de mon verre dans une gorgée goulue due à la chaleur. Je prends une branche et je lui donne avant de lui présenter que paquet de guimauve que j'ai ouvert. —Tu en fais griller un s'il te plait ? Pfff quelle idée de faire du feu, ha ha...

À son compliment si spontané, presque outré comme lorsqu'il s'insurgeait que j'ose me dénigrer, mon regard s'éclaire et je souris bêtement rassérénée. Tout mon corps vibre de contentement quand il se place derrière moi, dans mon dos, ses jambes de chaque côté de mon corps. Je me fiche bien de mourir de chaud et je viens appuyer mon dos contre son torse, j'ai trop besoin de son contact, de le sentir contre moi. C'est toujours un peu compliqué entre nous, on a beau s'être plus ou moins retrouvés ce n'est pas encore ça et il me manque toujours terriblement, quand bien même j'essaie de ne pas le montrer. Chez moi le désir est revenu en force depuis que j'ai retrouvé le chemin de ses bras, mais je ne suis pas habituée du tout à ce que ce ne soit pas réciproque et ma confiance en moi, déjà bien mise à mal, ne s'en porte pas très bien. Mais je ne réclame rien, je ne vais que peu vers lui parce que j'ai promis de lui laisser tout le temps dont il aurait besoin.

Moi aussi, je bois le thé glacé avec délice, trop contente de me désaltérer, et je récupère une branche pour planter un marshmallow dessus. Je tends le bras pour faire griller la sucrerie au-dessus du feu, avec une pensée émue pour la fois où nous sommes allés camper ensemble... C'était juste avant qu'il ne fasse une commotion cérébrale et passe plusieurs jours dans le coma. Bon sang la vie ne nous a pas épargnés, jamais, j'en suis à me dire qu'on ne sera jamais tranquilles et j'attends la prochaine catastrophe qui nous tombera sur la gueule avec anxiété. Ouais, mais au moins ça éloigne les bêtes... C'est bien le seul avantage du feu de camp ici ! Je lui tends le marshallow grillé par-dessus mon épaule avec un sourire attendri. Tiens, j'vois que tu meurs de faim.

J'ai posé ma main sur son épaule dans un besoin soudain de contact. Si le besoin de sexe ne me taraude pas comme il a pu le faire autrefois, je suis en recherche de câlins et de gestes tendres. Un peu collant parfois dans ma façon de rechercher silencieusement le réconfort. C'est ma façon de réapprivoiser le lien, et surtout mon corps, ses limites, dans le contact du sien. Ça évolue doucement, je n'ai plus de gestes de sursaut incontrôlés quand elle vient et je n'ai plus peur non plus qu'elle me touche, ou qu'elle me voit nu. Ma pudeur s'étiole en ce qui la concerne en tout cas, en ce qui nous concerne !

Autour de nous, les palissades ont avancé - j'ai quand même tenu à bosser un peu - et nous isolent, c'est appréciable. Les gens évitent maintenant la zone en sachant qu'on y habite, on a un arbre à nous, la tente, la bagnole et le van. On est posé si on compare à y a quinze jours. Je hume subtilement son odeur, bon, elle sent un peu le bacon grillé,ha ha ha, un reste de Queenie mais ça la rend encore plus appétissante ! J'attrape la branche en faisant attention de ne pas me brûler, c'est traître ces trucs là, ça a l'air froid quand le sucre est brûlant est fondant à l'intérieur. —merci ! t'inquiète pas j'ai mangé à Mexicali Souvent, quand elle peut, elle ramène des restes du Dinner, ce qui nous permet d'économiser de l'argent. Parfois je mange à la frontière quand je bosse, après le service. Un tacos vite fait, un sandwich, ce genre de chose.

Je souffle précautionneusement sur le bonbon grillé avant de mordre dedans, je fais attention que ça ne coule pas sur sa robe, ce serait dommage, alors je finis par l'engloutir en entier! —déjolé... Je me fends d'un sourire plus espiègle quand je m'approche en soufflant (non sans appréhension d'un refus, ou d'une hésitation) —tu veux un baiser sucré ?

Ah ? T'as bien fait j'ai rien ramené ce soir. Il n'y a pas forcément toujours des restes, ça dépend un peu de ce qu'est le plat du jour et des commandes de la soirée. En plus de ça, depuis quelques jours j'ai tendance à partir très vite à quatre heures pétantes parce que je flippe de ne pas trouver Slavenko en rentrant. Si le cuistot ne m'interpelle pas pour me filer un tupperware, je n'y pense pas moi-même. C'est ridicule pourtant parce que quand il bosse il finit plus tard que moi et je me retrouve à tourner en rond dans le van, où je suis encore plus flippée qu'au dinner parce que j'y suis complètement seule. Mais c'est plus fort que moi, j'ai besoin d'être là quand il arrive, ou alors de le retrouver dès que je rentre. L'attente me tue d'angoisse.

J'ai un peu changé de position pour être à demi tournée vers lui, mon dos appuyé contre sa jambe et mon épaule contre son torse finalement, c'est plus pratique pour partager les bonbons. Je n'ai d'ailleurs pas le temps de me plaindre qu'il ne partage pas, parce qu'il propose un baiser et que je saute sur l'occasion, trop heureuse d'avoir droit à sa bouche. Mh mh, tu sais bien que le sucre c'est mon péché mignon... J'approche mon visage du sien dans un sourire et je passe la pointe de ma langue sur sa bouche pour lécher doucement le sucre sur ses lèvres. Le geste me fait frémir mais j'essaie de ne pas me laisser submerger par des images trop précises. Il entrouvre la bouche et ma langue se lie enfin à la sienne pour un baiser voluptueux.

Sans savoir ce qui est prévu au programme, si elle ramènera quelque chose ou pas, je mange quand j'en ai l'opportunité. C'est une adaptation de survie il parait. Comme à Sarajevo. Je retrouve étonnamment les mêmes réflexes qu'à cette période, mais pas tous heureusement ! —c'est pas grave. On a encore des réserves en plus.

Je laisse mes lèvres s'écraser sur les siennes quand elle vient chercher le baiser proposé, mon souffle brusquement rate une respiration quand nos langues se nouent, le sucre se dilue, on se mélange, c'est bon. Elle est tournée vers moi et je lâche le long bâtonnet pour pouvoir encadrer son visage de ma main. Ses cheveux relevés me permette de caresser son cou au passage et ça me fout des frissons. J'éloigne ma bouche de la sienne pour aller embrasser son cou, je le mordille et le lèche, le bécote plusieurs fois en la maintenant contre moi. Je ronronne tout bas —A ton tour, fais-en griller un pour toi, srce... Je sais que tu aimes ça.

Je me moque bien des marshmallow comme on s'en doute, sauf que je savais que ça lui ferait plaisir, en tout cas je l'espérais. La fois où on avait fait du camping me reste en mémoire et aussi la cheminée au chalet. Je reste le nez niché dans son cou, une main de l'autre coté et une posée sur sa cuisse, assez haut pour être posée sur le tissu. J'esquisse un sourire ainsi caché —tu sais que tu sens un mélange de bacon et de sucre grillé ? Ça me donne envie de te manger.

Je me liquéfie littéralement chaque fois que sa paume encadre mon visage, c'est un geste terriblement possessif qui me fait un bien fou par sa symbolique, la tendresse dont il est empreint aussi. Je ferme les yeux pour tenter d'enrayer les ondes chaudes qui se déploient sous ma peau mais ses baisers dans mon cou ne m'y aident pas du tout. Chaque geste de sa part me donne envie de plus et me fait culpabiliser tout à la fois. Je ne devrais pas être capable de ressentir du désir après ce que j'ai vécu, ce que nous avons vécu et pourtant il est bel et bien présent. Pas aussi fort qu'avant mais réel, tangible et frustré de ne pas pouvoir être assouvi. Il y a encore des choses sur lesquelles je bloque, des gestes que je n'ose pas, d'autres qui me font peur mais je sais malgré tout que je n'ai plus peur de lui et que j'ai besoin de ce lien charnel entre nous. Justement pour reprendre possession de mon corps et effacer les souvenirs douloureux. J'ai besoin que le visage de Slavenko, ses mains, sa bouche, son odeur et sa peau effacent tout le reste.

Je pique une autre sucrerie pour la faire griller mais son contact me distrait de ma tâche. Quand il souffle ces quelques mots dans lesquels je ne peux que lire un sous-entendu, je suis à deux doigts de faire cramer le marshallow que je tiens bien trop près de la flamme. C'est vrai ? Je glisse ma main libre dans sa nuque, le bout de mes doigts accrochant ses cheveux tandis que mon souffle, inévitablement, se fait plus court. Personne ne t'en empêche tu sais... Ja sam tvoj... Ma voix est basse, à la fois rauque de désir et vibrante, presque tremblante parce que comme à chaque fois, je crains d'être -gentiment- repoussée. Je me fais l'effet d'une ado en manque qui collerait aux basques de son gars... Le pire c'est que je ne suis pas en manque ! Je me fiche du sexe pour le sexe, je n'ai pas envie de jouir à tout prix. J'ai juste envie de lier mon corps au sien, de ressentir de nouveau cette connexion de nos êtres quand on ne fait plus qu'un. Et puis on est mariés, je ne devrais pas me sentir mal d'avoir envie de mon mari, et pourtant c'est le cas, je culpabilise atrocement du désir ressenti, comme s'il m'était interdit.

Je frémis de joie quand elle glisse ses doigts dans mes cheveux, mon corps se tend vers elle d'instinct, mon dos collé à son épaule. —hummmmm tu sens bon i ti si moja. Je me sens en confiance ce soir, avec la surprise préparée qui visiblement lui plait, le fait que ma blessure aille mieux bien que j'ai un peu forcé dans la journée, et la saine fatigue physique qui a tendance à endormir mes angoisses, ce n'est pas plus mal. Et j'avoue que sa tenue très sexy n'y est pas pour rien non plus, elle me rappelle gentiment de très bons souvenirs. Je ramène son chamallow qui est en train de prendre feu ! —Attention srce ! J'ai un petit rire mais sitôt ôté du feu, la guimauve s'éteint —Il est tout pour toi celui-ci. Un peu croustillant mais... Je la relâche assez pour qu'elle puisse le manger, alors que ma main sur sa cuisse glisse plus bas pour toucher la peau. Je la remonte en retroussant le tissu dans le même mouvement, enhardi par sa suggestion que je trouve excellente.

Je viens caresser la peau de l'entrecuisse, toute douce, en prenant mon temps pour apprécier la sensation, pour laisser le désir s'éveiller, s'enrouler comme une liane de feu autour de moi. Je viens effleurer le tissu de sa culotte, il est loin le temps des culottes fendues ou quand elle n'en mettait pas parce qu'elle voulait jouer avec moi. Mais ça m'est égal, ce n'est qu'un piètre obstacle après tout. Ma deuxième main glisse de son cou sous sa gorge, pour la caresser, la renversant légèrement contre mon épaule avant de descendre empaumé un sein, le couvrir entièrement, le presser avec exigence. Une bouffée de chaleur me submerge et une érection plus consistante se loge dans le creux des reins de Nina. Excité, je viens chercher un baiser sur ses lèvres sucrées et collantes.

C'est dingue comme il suffit qu'il pose ses mains sur ma peau pour que je me désintéresse subitement de tout le reste. Ses doigts glissent sur ma cuisse et soudain les guimauves perdent tout leur attrait à mes yeux. Je n'ai plus faim, et pourtant je n'ai pas pris le temps de manger au dinner, mon univers ne se résume plus qu'au slave qui me tient dans ses bras et comme chaque fois dans ces moments-là, mes besoins primaires n'ont plus d'importance. Je ne pose les yeux sur le bonbon grillé que parce qu'il me le tend en me rappelant à l'ordre et je récupère la branche dans un soupir. Je porte la friandise à ma bouche, me crame à moitié la langue tant je l'ai laissé brûler mais je pousse malgré tout un soupir de contentement parce que je dois admettre que c'est foutrement bon ces conneries.

La bouche encore pleine de guimauve, je loupe une inspiration quand ses doigts se posent sur ma culotte, et je déglutis difficilement en m'accrochant plus fort à lui. Je sais bien que j'ai dit ne pas être en manque et c'est le cas, il n'empêche que passer de baiser douze fois par jour à une fois par semaine me rend bien plus réceptive encore et assez fébrile aussi. Instinctivement je me tends pour presser mon sein contre sa paume dans un geste qui réclame avidement ses caresses. Je ne porte plus de culottes fendues, en revanche je ne porte toujours pas de soutien-gorge et à travers le tissu qui épouse ma peau, mon téton se dresse visiblement. Dans mon dos je sens son érection qui se déploie, et mon sang s'embrase à ce simple constat. Mon baiser est sans doute trop avide, je suçote le sucre sur sa langue avec envie, aspire doucement ses lèvres dans un gémissement plaintif. Moi aussi j'ai envie de le dévorer, mais je n'y ai toujours pas eu droit.

Elle est tout douce et sucrée et notre baiser devient rapidement avide. Je soupire contre sa bouche, repousse la branche où se trouvait le chamallow il y a peu. Comme elle se presse contre moi, je serre plus fermement son sein, le malaxe avec envie, un grondement rauque dans la gorge. J'ai plus envie de la baiser que de la goûter. J'écarte franchement la culotte de mon passage pour glisser deux doigts entre les plis des lèvres de son sexe. humide. Je mords sa bouche plus fort en le constatant, enfonce ma langue pour prendre possession de sa bouche de façon totalitaire, perdant ma timidité nouvelle dans la fébrilité qui me saisit.

Je décale ma main pour la glisser sous la lanière et venir toucher son sein à même la peau, Mon corps appuie contre le sien, pesant, mais je la retiens de basculer en la serrant contre moi alors que mon bassin se colle à ses fesses. J'enfonce mes doigts en elle avec un grognement de frustration et de satisfaction mêlée. Elle est déjà accueillante et mouillée. Alors, je la bascule de trois quart, relève sa robe sur sa croupe que j'expose à ma vue. J'ai quitté sa bouche pour mordre d'un baiser possessif sa nuque offerte. Son odeur m'affole, son corps gainé de noir encore plus. Je dois la libérer de ma main pour défaire ma ceinture et ma fermeture éclair. Je me libère dans un cri bas d'impatience, mon érection se déployant pour venir se frotter, dure, contre sa peau brûlante. Je guide mon sexe à l'entrée du sien, étale la cyprine avec, sans la prendre encore, attendant juste ce moment où elle va se tendre, me réclamer, gémir. J'en tremble d'anticipation et de désir.

Nos corps n'ont jamais su se mentir, depuis le premier jour, et je le connais trop bien pour ne pas sentir la fébrilité qui le saisit à mesure qu'il se presse contre moi. Son désir grandissant affole mes sens, fait flamber le mien plus fort comme une autorisation à me laisser aller. Je geins en me serrant contre son corps, couine au contact de ses doigts entre mes cuisses, sa prise de possession soudaine m'empêchant de lui dissimuler mon état. C'est la première fois depuis qu'on s'est retrouvés que ses gestes sont réellement francs, qu'il ne demande pas la permission avant de me toucher, ou qu'il ne me demande pas timidement de le toucher, lui. Ses morsures, ses gestes plus brusques font rusher le sang dans mes veines et des images d'étreintes passées, passionnelles, se superposent à la réalité.

Je dois relâcher son cou quand il me fait basculer en avant, m'allongeant à moitié pour venir se frotter à moi. Sa main m'abandonne et je feule de frustration, de désir non assouvi quand bien même j'entends le bruit de la fermeture éclair qu'il défait. Je me tends brusquement vers lui, me cambre dans un gémissement quand il vient appuyer sa queue contre l'entrée brûlante de mon sexe. La violence du désir qui m'étreint me fait perdre toute retenue, pourtant Dieu sait que je m'efforce de me maîtriser au mieux depuis cinq jours. Ça fait cinq jours qu'on ne s'est pas touchés. J'attrape sa main de nouveau libre, vient la presser contre mon sein encore en feulant : Molim te, molim te. Je roule des hanches, me frotte à sa queue, tente de m'empaler sur lui quand la position le laisse d'office mener la danse, lui permettant à loisir de reculer pour se refuser.

Je me rends compte que j'ai besoin d'avoir le contrôle pour passer outre ce qui s'est passé dans la cave. Quand j'ai le contrôle, je ne peux pas faire d'amalgame et c'est bien plus facile. Au début, c'était compliqué parce que Nina avait peur, et moi avec, mais à présent, elle semble avoir dépassé ses appréhensions bien plus vite que moi les miennes, malheureusement comme elle a si bien dit, elle a l'habitude, ce n'est pas la première fois. Et puis, je préfère aussi baiser habillé, ou dans les draps, dans l'eau, dans quelque chose qui me donne l'illusion d'être camouflé, et non pas vulnérable. Ma peau n'est plus l'armure d'autrefois. Et pantalon baissé à mi-cuisses, je m'enfonce d'une poussée dans le corps de Nina qui se tend vers moi.

Je m'écrase sur elle dans un grondement de plaisir qui me laisse à chaque fois étonné d'en ressentir encore. Je m'appuie sur un genou pour aller et venir en elle sur un tempo profond et rythmé qui ne va pourtant pas trop vite. Le plaisir est trop lancinant et brûlant pour que je veuille jouir vite, mais on fait si peu l'amour - et je sais que j'en suis responsable - que le besoin me tenaille les reins. J'ai tellement envie que le naturel revient au galop, annihilant les pensées et la peur. Je tiens solidement Nina, main sur son flanc, l'autre ayant remontée sur sa gorge tandis que je la laboure avec délice, nos hanches s'accordant, nos chairs se heurtant. Je pousse des soupirs, des halètements en reprenant mon souffle, des grognements expirants dans des exclamations de plaisir. —Jebote, oui, putain oui... Le plaisir vient de monter d'un cran et je vais et viens plus fort, d'instinct, pour chercher la délivrance qui monte dans mes reins, me serre les couilles brutalement pour me vider dans le corps brûlant qui s'offre à moi. Je pousse un cri de victoire très mâle, me plante en Nina plus fort allant et venant encore un peu avant de m'écrouler, à bout de souffle et de plaisir, les nerfs vrillés.

J'ai subi tant de fois les désirs d'hommes dont je ne voulais pas -quel euphémisme- que j'ai longtemps été persuadée que mon corps était simplement une propriété publique, un bien matériel dont tout le monde avait le droit d'user et d'abuser à sa guise. Après la Louisiane, je suis restée presque un an sans laisser personne me toucher, et quand je suis parvenue à passer outre, c'était toujours avec ce même dégoût de moi-même. Je ne dormais pas avec mes amants, je quittais leurs draps dès l'étreinte terminée, trop pressée de rentrer chez moi pour oublier. C'est Slavenko qui a changé tout ça, c'est lui qui m'a redonné goût au plaisir. Pire, il m'a rendue insatiable ! Avec lui, j'ai appris à quel point ça pouvait être bon, j'ai appris qu'il n'y avait pas de tabous, qu'on pouvait ne pas me vouloir de mal, que ça pouvait être violent sans être douloureux. J'ai découvert le sexe non pas comme une fin en soi mais comme un moyen d'exprimer cet amour trop fort qui m'oppresse. Ses bras m'ont offert la renaissance à laquelle je ne croyais pas, que je ne pensais pas mériter. Lui faire confiance, le laisser m'apprivoiser, ce n'est pas tant une épreuve qu'on pourrait le penser parce que ce n'est pas nouveau, il m'a déjà domptée par le passé, j'étais farouche quand je l'ai rencontré et il a brisé toutes mes défenses, il m'a sauvée de moi-même aussi.

J'exhale un piaulement quand il plonge en moi jusqu'à la garde, et je crispe mes doigts sur sa main que je tiens toujours fermement, mes ongles s'enfonçant dans sa chair. Je ferme les yeux, le souffle coupé par la vague de plaisir qui me heurte de plein fouet, violente parce qu'elle répond à un désir trop longtemps frustré. Ses coups de reins sont profonds, puissants et je gémis chaque fois qu'il revient buter au fond de mon ventre, me ramenant plus fort vers lui. Ma respiration se perd en halètements plaintifs, grondements rauques qui me coupent le souffle. L'orgasme me fauche brusquement, m'arrachant un cri avant de me tétaniser. J'ai rêvé de lui chaque nuit depuis cinq jours et le contrecoup est brutal. Je m'accroche à ses mains en tremblant, la conscience flashée.

A bout de souffle , je grogne de plaisir et roule dans les coussins en offrant mon corps à Nina, en venant chercher le sien. Je la ramène contre moi, me fracasse contre sa bouche dans un élan irrésistible de volupté et de gratitude mêlées. —volim te. Oh oui je l'aime ! Comme un fou, avec espoir et désespoir, passion, intransigeance. J'aurais voulu mourir pour elle, mais je dois faire bien plus dur, je dois vivre pour elle.

Abandonnant sa bouche, je presse mon visage contre sa peau. Je me suis rasé plus court, pour lui plaire et pour avoir moins chaud, mais là tout de suite, mon tee-shirt me colle à la peau mais je m'en fiche. Je suis bien, j'emmêle mes jambes aux siennes dans un geste possessif pour la tenir contre moi. J'ai un rire de bien-être contre ses seins où je me frotte le nez — mon p'tit marshmallow, ma guimauve. J'aime vraiment bien le cadeau que j'ai t'ai fait Sa robe est relevée à hauteur de ses hanches et je viens frotter ses fesses dans un geste taquin.

Elle a bossé toute la nuit et j'imagine qu'elle est crevée. Dans une heure l'aube sera là et avec elle la température va rapidement remonter, et à neuf heures du matin, ce sera déjà intenable dehors. —on va pas pouvoir dormir dehors tu sais. En attendant, ma main se promène sur sa peau dans le besoin de la toucher, de la peloter, de me l'approprier. Je hume nos odeurs mélangées, c'est quelque chose qui me rend dingue d'amour et brise toute mes défenses. J'ai envie de me coller contre elle, me jeter dans ses bras, d'avoir ses baisers, ses câlins, sa tendresse, d'avoir du sexe torride et de jouir encore de son corps, d'oublier dans la débauche notre misère et tout ce qu'on a perdu. Je soupire de ces bouffées douloureuses d'amour et de désirs qui m'explosent à la gueule sans que j'y puisse rien. —vo-lim-te.