We'll be counting stars - Slavina

—Surement des dons oui...Il y a peut-être plus de monde en hiver, quand les snowbirds sont là. On en revient toujours là, le désert en plein été, qui a envie de s'infliger ça ? Tandis que l'hiver quand il neige au Nord, tout le monde a envie de profiter de la douceur du climat d'ici. Pour l'instant la douceur est bien loin, on crame et je fais attention à la peau de Nina. Je vérifie si elle n'est pas en train de chopper un coup de soleil, mon regard caressant ses épaules. Le chapeau m'empêche de l'embrasser furtivement, alors je me contente de la regarder et d'imaginer la douceur de sa peau sur mes lèvres. Je me laisse entrainer pour faire le tour, qu'on prend assez large pour regarder la petite montagne de paille ultra colorée. Il fallait vraiment qu'il ait la foi, c'est impressionnant, délirant même !

J'avise le coin des campements, et surtout la camionnette qui vend des souvenirs et des boissons. Il y a aussi quelques arbres, et une tonnelle tendue avec un robinet d'eau planté au milieu de nulle part et doit servir de fontaine. Je tends la main pour lui proposer d'y aller. Je lâche la main de Nina et j'ouvre le robinet pour me passer de l'eau sur le visage et dans les cheveux, me rafraichissant par cet infernale chaleur. Je cède ma place à Nina et je l'attends à l'ombre de la tonnelle pour tirer la bouteille d'eau de mon sac, celle du robinet étant clairement indiquée non potable !

Je crois qu'on vivrais mieux la situation, tous les deux, si on était arrivés ici en hiver. Dormir sous la tente n'aurait pas été si désagréable, l'eau du canal serait fraîche, je n'aurais pas peur de faire un malaise dès que je passe quelques heures au soleil... La chaleur étouffante est vraiment difficile à vivre dans ces conditions. Pour ceux qui vivent en ville, ce doit encore être différent, si nous étions dans un appartement avec une climatisation ou même des ventilateurs, si on pouvait prendre des douches froides n'importe quand pour se rafraîchir, si on pouvait même fermer les volets pour empêcher le soleil de cogner trop fort à l'intérieur... Là on subit cette canicule de plein fouet et je sens bien que ça nous épuise, travailler s'avère compliqué, tout est fatiguant, éreintant... Et trouver de l'eau en plein désert relève du miracle. Je prends la place du slave pour m'asperger d'eau tiède, le robinet reste trop au chaud pour que ce soit rafraîchissant, et je soupire en attendant mon tour pour boire. Bon sang, ce que je donnerais pour une boisson fraîche !

Même à l'ombre on meurt de chaud... C'est quand même fou que certains campeurs vivent ici à l'année, nous on n'a pas le choix mais si j'avais pu il y a longtemps que je serais partie pour un coin plus frais ! Je récupère la bouteille tendue, bois plusieurs longues gorgées tout en faisant attention de ne pas la vider, et je la lui rends pour qu'il la range. Je souris en désignant la camionnette. Tu veux un souvenir de Salvation mountain à accrocher dans la caravane ? Ou des posters de fleurs à coller sur les palissades ? Ou tiens, cet énorme crucifix pour l'accrocher à côté de la porte d'entrée !

Je la regarde de loin se mouiller les joues, tenter de se rafraichir, et je la trouve belle avec ses cheveux ramenés sur le coté, les gouttes d'eau qui s'accrochent à sa peau qui malgré tous mes efforts se teinte sous le soleil de plomb. Je la mange des yeux tandis qu'elle boit à la bouteille que je trimballe partout. Je ne détourne le regard que lorsqu'elle me parle des souvenirs, et je jauge la camionnette de souvenirs avant de secouer négativement ma tête —Non, j'ai pas envie d'un crucifix ou de fleurs géantes ! La guirlande lumineuse suffit à mes envies de couleurs. La seule chose qui serait acceptable pour moi c'est une icône comme celle que nous avions choisi à notre mariage religieux et qui était censée protéger notre foyer. Un saint ou une sainte pour notre famille et pouvoir fêter la Slava. Tout ça est bien loin.

Je trouve un coin où s'asseoir sous le peu d'ombre, histoire de souffler un peu après cette balade. La sueur me coule dans le dos, sensation désagréable au possible. —qu'est-ce que tu veux faire maintenant srce ?

J'ai un sourire entendu et j'acquiesce à ses propos. Ouais, entre toi et moi risque pas d'y avoir beaucoup de couleurs hein... On va faire tache dans le paysage. Là-dessus on se ressemble beaucoup, il suffit de voir ma garde-robe, ou en tout cas mon ancienne garde-robe, pour s'en rendre compte. Et puis pour l'aménagement du Chalet ou même de l'appartement, on parvenait toujours à tomber d'accord sur quelque chose qui nous plaise à tous les deux. J'ai un sourire soudain plus ému en ajoutant : Et la guirlande lumineuse me plaît beaucoup... C'est un cadeau très intime parce que je sais ce qu'il signifie, ce n'est pas seulement pour faire joli, non, c'est parce que j'ai peur du noir et il le sait parfaitement. D'ailleurs il fait toujours en sorte d'apaiser mes peurs, mais il ne m'en parle jamais, il ne m'a jamais fait le moindre commentaire à ce sujet.

Je m'assieds à côté de lui, à l'ombre, les joues rouges à cause de la chaleur moi aussi. On fait un tour comme on a dit, pour voir... Les bunkers et tout ça ? Le sujet me paraît délicat et je soupire en levant le nez vers lui. Je sais bien que ça t'es égal, et que ça te fait peur aussi, mais j'aimerais bien trouver quelque chose de plus... Stable ? C'est qu'on a l'air partis pour rester ici un moment... Tu m'as dit que le russe avait une douche, ça veut dire qu'on doit pouvoir trouver ça nous aussi, tu crois pas ? J'ai désespérément envie de me poser avec lui, de recréer un quotidien qui ressemble ne serait-ce qu'un peu à ce qu'on était en train de construire ensemble. Seul le bébé a complètement disparu de mon esprit, j'ai enterré ce rêve pour toujours je crois.

Ça pour faire tâche, on se demande même ce qu'on fout là quand on regarde la population ambiante! Je baisse les yeux vers mon tee-shirt qui a été noir à une époque, treillis de même couleur, parfait pour cuire au soleil. J'esquisse un sourire quand elle me dit que la guirlande lui plait, parce que c'était vraiment le but, trouver quelque chose qui lui plaise, la rassure, adoucisse un peu son angoisse. Comme la robe. Je voudrais qu'elle se retrouve, qu'elle aille mieux, je voudrais effacer ses cernes et son air hâve.

J'avais déjà oublié ce but de balade, comme si mon esprit refusait d'envisager qu'on puisse réellement trouver autre chose. Blocage ? Peur d'être déçu ? Je ne sais pas. Je m'excuse doucement d'avoir posé la question — ah oui, pardon... Je hausse les épaules, hoche la tête —Je ne sais pas s'il en a une, je dis juste que connaissant comme il est précieux... je l'imagine pas sans douche ! De toute façon, tout est possible. Et même si tu veux habiter en ville, on peut chercher quelque chose, je pense que y a des proprio pas trop regardant sur les papiers... Oui je cède, mais le fait d'avoir été retrouvé quand même malgré nos précautions changent mes perspectives. J'attrape la main de Nina et la presse en geste d'encouragement, je ne veux pas qu'elle pense que je m'en fiche ! —Alors en route, on prend la voiture et on sillonne lentement dans la zone de l'ancien camp militaire, ça te va comme programme ?

Je hausse les sourcils, surprise par sa proposition parce qu'aller vivre en ville semblait réellement proscrit il n'y a encore pas si longtemps. Je ne sais pas d'où vient ce revirement de situation, est-ce par peur que je ne finisse par m'en aller ? Je crains de lui mettre la pression soudain avec mes envies d'ailleurs. Bien-sûr que je veux autre chose, c'est terriblement important pour moi, je sais que je vais mourir à petit feu si on ne fait rien... Mais ça ne signifie pas pour autant que je partirais loin de lui, je serais incapable d'une telle décision ! Je veux pas te forcer à aller vivre en ville mon amour, je sais que t'en as aucune envie... On va chercher, d'accord ? On va chercher, se renseigner, économiser plus d'argent et on va voir si on peut avoir de l'eau et de l'électricité tout en restant sur le campement. Ce n'est pas forcément si utopique que ça, les installations existent, il faut juste les trouver, qu'elles soient libres et avoir les moyens de se les procurer.

Je lui souris pour le réconforter et je hoche la tête. C'est parfait comme programme. Sa main dans la mienne, je me lève pour qu'on retourne à la voiture et j'attends qu'il s'installe pour l'interpeller. Slavo ? Je pivote pour lui faire face. Je veux pas que tu te sentes forcé de quoi que ce soit, tu sais ? C'est juste... Je sais qu'on peut avoir mieux que ça. Ça va demander du temps et de l'argent mais de toute façon on est coincés ici, on a que ça, du temps à tuer. Alors autant essayer, tu crois pas ? J'veux qu'on ait quelque chose de bien tous les deux... On a tout perdu, est-ce que ça signifie pour autant qu'on n'y a plus droit ?

Me forcer ? Je fronce très légèrement les sourcils. —Je sais. Je sais bien qu'elle ne me force à rien si ce n’est à relever à la tête ce qui n'est pas une mauvaise chose. C'est vrai que je préfère le campement, à cause de la mentalité des gens je crois. Moins les gens possèdent et plus ils sont solidaires, et en plus sur le campement, l'omerta qui règne sur les habitants est réconfortante pour qui se cache. Mais moi aussi j'aimerais une douche, et de l'électricité, je ne suis pas un adepte de la survie hardcore si je peux faire autrement ! Après tout, je me démène pour le van, pour les palissades, pour que ce soit un peu plus chez nous.

Une fois au volant, penché pour trafiquer le démarrer, je m'arrête quand elle prononce mon nom pour lever les yeux vers elle d'un air interrogative. Je me redresse pour préciser vraiment parce qu'elle a l'air de croire que ses idées me pèsent. —Mais Nina, je sais bien que tu ne me forces pas. J'ai l'air aussi réticent que ça ? Moi aussi j'aimerais pouvoir me doucher avec de l'eau propre. C'est juste... c'est juste que oui, faut un peu de pognon Je suis surement bien trop terre à terre pour me projeter. C'était la même chose avec le chalet. Je me remets à démarrer la voiture —Allons déjà voir ces installations militaires ! Je suis sur qu'on trouvera quelque chose de bien pour nous. Même si c'est pas aujourd'hui ! Moi je roule, toi tu checkes.

Je hausse légèrement les épaules quand il me demande s'il a l'air si réticent que ça. On ne peut pas dire qu'il ait l'air particulièrement emballé en tout cas... Mais c'est surtout que je le connais et j'ai peur qu'il ne me le dise pas si vraiment quelque chose le dérange. J'esquisse un sourire rassurant... Ou bien rassuré plutôt, après tout je crois que c'est lui qui est en train de me réconforter, là, et je hoche la tête. Je t'aime. Voilà, c'est tout ce que je trouve à dire, mais je crois que c'est le plus important. Je ne veux rien faire toute seule, et je ne veux pas qu'il se sente... Comment dire, dépossédé de ses choix ? Mais s'il m'assure que ça ne le dérange pas, je le crois sur parole.

Moi je checke, t'es sûr ? Tu sais mieux que moi à quoi c'est censé ressembler un bunker ! Je fronce les sourcils en m'enfonçant dans mon siège, le regard déjà tourné vers la route pour observer les alentours. Tu sais je pensais que c'était forcément... Sous terre ou bien... Enfoncé dans une montagne, ce genre de trucs. C'est le moment où il se fout de ma gueule, normalement, moi et mon manque total de culture ! Est-ce que... Est-ce que ce qu'on voit à l'extérieur c'est tout le truc ? Ou bien c'est comme... Comme un iceberg, tu vois ? Je plisse le nez, sincèrement curieuse tandis qu'il roule. Au bout d'un moment pourtant, je le stoppe en désignant quelque chose. Ah tiens, c'est ça ! Regarde ! Du sol émerge une sorte de bosse en béton, on ne peut pas se tromper. Je fronce les sourcils en avisant la façade, entièrement peinte de plusieurs couleurs, et la phrase "Jesus lives" peinte en rouge. Enfin celui-là pour être décoré comme ça, y a des chances qu'il soit habité...

—oui tu checkes parce que moi je conduis et je checke les nids de poules...ou d'autruches vu les ornières qui m'obligent à ralentir pour me mettre au pas. —un bunker c'est pas forcément souterrain. C'est une fortification en béton armé. Y en a en surface ou semi enterré. Tu confonds pas avec les abri anti-nucléaires que tout américain parano fait construire dans son jardin et où on accède par une trappe comme dans les films d'horreur? Ouai, je me fous gentiment de sa poire.

J'arrête quasiment la voiture devant la construction, —ouai voilà, mais forcément on est encore près de Salvation Mountain, du coup les slogans religieux vont être monnaie courante. On va essayer de s'éloigner de la route et de la communauté religieux... Prie pour que la bagnole tienne... ha ha, Dieu peut bien faire ça pour nous. Jebote ! Sur ce joli blasphème, je change de trajectoire, on cherche quelque chose d'abandonné si possible, et j'aimerais bien près du canal ou d'un réservoir, dont je prends par là. Près de l'ancienne piscine aujourd'hui vide et abandonnée du camp Dunlap, il y a des réservoirs à fuel, eux aussi sont peints. Une nouvelle fois, je stoppe. —c'est ça dont je te parlais, les citernes. Tu vois celle là est habitée c'est sur. Regarde sur le toit, y a des fringues près de l'échelle.

Je fronce les sourcils, je vois bien qu'il se fout de moi. Si, peut-être bien que je confonds... Maintenant qu'il le dit ça me paraît assez évident en plus, pourtant je ne suis pas sûre de réellement confondre les deux parce que dans mon esprit les abris ne ressemblent pas à des bunkers. Mais j'imaginais quand même les bunkers mieux dissimulés, pas nécessairement sous terre mais à moitié ouais... J'ai dû mater trop de films ! En fait c'est ça qu'il nous faut, un abri anti-nucléaire. Tu crois qu'il y en a dans le coin ? Honnêtement ce ne serait pas surprenant, vu les illuminés qui vivent ici j'imagine très bien un gars construisant un abri pour se protéger d'une éventuelle apocalypse zombies ! Je hausse finalement les épaules. Les slogans c'est pas trop grave on peut repeindre. Mais ouais quelque chose de plus isolé ce serait pas plus mal. J'ai pas envie que le mormon vienne toquer à ma porte pour voir si je veux l'épouser vous voyez ?

Je plisse le nez en avisant la citerne qu'il me montre. Habitée ? J'ai du mal à y croire, c'est que c'est hyper grand et vachement haut aussi ! Mais comment ils font...? Ils ont aménagé ça comment ? En tout cas ça m'étonnerait qu'ils aient l'eau courante ou l'électricité. C'est sûr que ça fait une sacrée surface m'enfin je ne veux pas d'un truc immense, ça fait longtemps que je n'en suis plus là, je veux seulement quelque chose qui soit confortable et qui nous permette de nous laver vraiment et de faire chauffer de la bouffe... Ou d'avoir de la lumière la nuit.

J'ai un sourire indulgent pour mon américaine de femme — J'sais pas, y a beaucoup de tarés qui croient que les Aliens vont débarquer dans c'désert.
? Si oui y a des chances. Oui, à chaque ses préjugés, merci.

Je regarde le réservoir de fuel un long moment avant de redémarrer. —Je suis d'accord, un bunker ou une canonnière ce serait plus pratique. Plus facile d'accès, parce que là pour grimper, y a que l'échelle et faut descendre à l'intérieur ensuite. On passe devant des campements fait de divers matériaux, un amas de bois en pyramide, un camping car avec panneau solaire et une barrière autour, une estrade en béton avec un van et des canapés sous tonnelles, une maison bancale... les gens sont imaginatifs. Ce qui me fait penser. —tu m'as pas parlé d'un oeuf ? C'est par où ?


En roulant, je réfléchis à haute voix, un peu rêveur, utopiste, contaminé par Nina parce que réellement, je ne crois pas qu'on puisse pour l'instant trouver autre chose que ce qu'on a. —C'est une yourte qu'il nous faudrait. On la pose dans le désert, et voilà.

Je dodeline de la tête. Franchement ouais, j'suis sûre qu'y'en a des tas par ici. Beaucoup de campeurs cherchent à fuir les autorités, mais beaucoup sont aussi là parce qu'ils croient dur comme fer à toutes les théories du complot possible, ou parce qu'ils sont persuadés que les aliens sont déjà parmi nous ou d'autres conneries du genre. Maintenant est-ce que ces types ont eu le temps et l'argent de construire un abri, c'est autre chose. En tout cas s'ils en ont un, je doute fort qu'ils le lèguent à qui que ce soit, à moins qu'ils aient clamsé entre temps...

C'est exactement à ce que je pensais en regardant le réservoir et j'approuve d'un hochement de tête. Ouais, c'est pas pratique du tout. Je ne le dis pas à voix haute mais en plus je trouve que ça fait un peu piège à rats. Il suffirait de vraiment peu de chance -et Dieu sait qu'on est les pros du domaine- pour se retrouver acculés, pris au piège dans notre propre habitation. J'imagine très bien Logan perché en haut de l'échelle, à nous mater pendant qu'on sera en bas en train de pioncer sans aucune autre issue possible. Un frisson d'effroi me hérisse l'échine à cette pensée et je secoue la tête pour la chasser. L'œuf ? Je sais pas du tout, j'en ai juste entendu parler... Vaguement... Mais c'est vers Salvation c'est sûr. Enfin l'œuf en question est habité il me semble.

Une yourte ? Je répète en fronçant les sourcils, amusée. Ça règle pas vraiment nos problèmes de douche, une yourte, mh ? Mais l'idée est plaisante, j'imagine très bien ça dans le décor. Je le fais une nouvelle fois arrêter la voiture lorsqu'on approche d'un autre bunker, il y en a vraiment beaucoup dans le coin. La façade de celui-ci est taguée mais seulement d'écritures stupides et d'insultes, pas de jolis dessins ni de citations religieuses. Tiens, tu crois qu'il est habité celui-là ? Il n'y a pas de linge dehors, rien qui laisse imaginer la présence de quelqu'un en-dehors d'emballages de chips et de cadavres de bouteilles de bière. Mais ça peut être un résident permanent comme un groupe de squatteur qui aura déserté...

Si je savais à quoi elle pense, je lui dirais bien que c'est la même chose avec un Bunker, vu qu'il n'y a qu'une seule entrée et c’est pareil pour toute les habitations, si Logan nous retrouve, ce sera comme au Chalet, c'est pour ça que je préfère qu'on reste discret, anonyme, invisible. —Humm...la douche, c'est pareil dans un bunker aussi faudra installer ou réparer, Ce sont des installations des années cinquante, t'imagine ! Et tu connais mes dons en plomberie, mais on se débrouillera. Je trouverais bien quelqu'un avec qui échanger des compétences, des services... Puisque c'est comme ça que ça marche ici, je suis prêt à me sociabiliser, à essayer de m'intégrer. —Pour une douche il faut une citerne, et amener de l'eau, c'est ça le gros point. Après on peut foutre n'importe quel genre de citerne.

Quand elle me montre l'installation qui a l'air déserte, j'arrête la voiture et j'attends une minute, personne ne vient voir. Le glock est glissé à ma taille et je sors dans la fournaise du dehors. Un air plus dur se calque à mon visage en prévision d'éventuelles emmerdes, je suis sur mes gardes. —allons voir. Mon regard se pose avec nostalgie sur les emballages de paquets de chips. Faut vraiment qu'on en achète un de ces quatre. J'avance d'un pas décidé vers l'entrée, muscles tendus. La porte métallique est grand ouverte, je tire ma lampe torche de ma poche.

Oui mais dans un bunker si on a de la chance, on pourra juste réparer. Ce sera toujours beaucoup plus simple que de devoir faire toute l'installation. Pour ne pas dire que la deuxième option me semble complètement impossible en fait, on n'aura jamais suffisamment d'argent pour ça. Je me demande si certains bunkers ou autres n'ont pas eu, à une époque, une véritable arrivée d'eau. Après tout ces trucs étaient conçus pour qu'on puisse y rester des plombes, non ? Alors je veux bien admettre que se doucher n'était peut-être pas une priorité, mais avoir de l'eau potable par cette chaleur... Ben ça me semble assez primordial en fait. C'est ce que je tente d'expliquer : Pour amener l'eau... Y a forcément des installations existantes, c'est obligé. Pas partout, mais il doit y en avoir. Maintenant dans quel état elles sont, c'est un autre débat, mais on est sur une ancienne base militaire, ils avaient forcément pensé à l'eau !

Je sors de la voiture à sa suite pour avancer vers l'entrée, prudemment, sur mes gardes moi aussi. Sourcils froncés, je me fais la réflexion idiote que l'absence de fenêtres va peut-être poser problème, m'enfin je laisserais Slavenko régler ce genre de détails, n'est-ce pas ? Comme c'est lui qui a la lampe torche, je reste sagement derrière lui... J'ai peur de tomber sur des bestioles à l'intérieur et je ne suis pas tranquille du tout. Des tarentules nourries aux chips, elles doivent être énormes ! On passe prudemment la lourde porte et j'avise l'intérieur par dessus l'épaule du slave avant de m'exclamer : Bon sang c'est vachement grand ! (J'interprète le dé wtf comme je veux ok ?) Et à priori c'est inhabité, en tout cas je ne vois pas de sac de couchage ou de fringues qui traînent, ce genre de choses. Les insultes taguées sur le mur ont du dissuader les nomades de s'installer...

J'ai une moue dubitative sans répondre aux hypothèses de Nina. Les miennes sont toujours plus pessimistes, vous voyez ? Il faudrait vraiment qu'on passe chez Niilo et Alyosha pour voir, mais ils ont du récupérer un truc déjà abouti, pas comme ici. Alyosha m'a dit qu'ils avaient acheté le leur il me semble. En tout cas avant il était habité, ici c'est abandonné, même s'il y a eu des squatteurs, très certainement cet hiver.

Je balaye la pièce de la lampe torche, monte le rayon de lumière au plafond vers les bouches d'aération. c'est vrai que c'est grand, la pièce est bien rectangulaire et il y fait frais. C'est que les murs épais entouré de sable garde bien du soleil et font une double isolation, plus frais l'été, plus chaud l'hiver. Bon, il faut dire ce qui est, ça pue un peu, et c'est sombre, mais le problème des lampes n'en est pas vraiment un, il est plus facile d'avoir l'électricité que l'eau courante. Il faudrait mettre une citerne sur le toit. —tu crois qu'on est à combien du canal ? S'il y a une installation d'eau, c'est par là qu'elle doit être raccordée. J'avance, écrasant du verre sous mes rangers sans prendre garde aux bestioles qui s'enfuit sous la lumière. Comme pour le reste, aménager un truc pareil, c'est une question d'argent et d'huile de coude. Je marche jusqu'au fond du Bunker.

Je n'arrive pas à vraiment voir l'argent comme un problème... J'ai encore tendance à penser que si on en manque, c'est parce que Slavenko ne me laisse pas en ramener comme je le voudrais. Bon sang je suis encore capable d'organiser un cambriolage, je suis sûre que les bijouteries des villes alentours ne doivent pas être aussi surveillées que celles de New-York ! Alors bien-sûr, elles rapporteront forcément moins de thunes, mais suffisamment en tout cas pour qu'on puisse aménager, petit à petit, un endroit comme ça. D'autant que même la douche, ce n'est pas urgent. C'est ma priorité, mais on peut toujours s'installer sans l'avoir, après tout là où nous sommes on se débrouille bien sans. Moi je ne suis pas sûre de vouloir voir où vivent Niilo et Alyosha, j'ai bien peur d'être terriblement jalouse parce que s'ils ont le confort que Slavenko semble penser qu'ils ont... Je sais déjà qu'on en est bien loin, et qu'on va le rester un moment...

A l'intérieur du bunker, ce n'est pas comme je l'imaginais. En fait je m'attendais à ce qu'il y ait plusieurs pièces, celle-ci est grande mais il n'y a rien d'autre, ça ne ressemble pas du tout au bunker que j'avais visité étant plus jeune... Dans celui que j'avais vu, on avait pu visiter un dortoir, une cuisine, une salle d'eau aussi sans parler bien-sûr de tout ce qui était purement militaire. C'était carrément autre chose et avec mon esprit étriqué d'américaine n'ayant jamais connu la guerre, je pensais naïvement que tous les bunkers étaient similaires. Slavenko s'éloigne et je reste collée à lui, pas tranquille du tout. J'ai à peine le temps de réfléchir à sa question qu'une bestiole nous passe juste à côté, m'arrachant un couinement suraigu tandis que je me propulse sur le côté. Putain d'merde. Je ne sais même pas si c'était une araignée ou pas mais bordel, j'aime pas ce genre d'endroits où je ne vois pas où je mets les pieds !

—ça devait être une casemate passive, y a pas d'ouverture sur l'extérieur hormis la porte. Après un silence où j'explore, j'ajoute en explication. —Ça servait à protéger le matériel, mais aussi les troupes en cas d'attaque aérienne et de bombardement. Sur un campement militaire d'entrainement, les baraquements des soldats étaient surement des préfabriqués extérieurs. J'adorerais avoir une carte détaillée de la zone à l'époque et maintenant, c'est quelque chose qui a toujours attisé ma curiosité - j'aime bien visiter des sites militaires - durement du fait de mon passé. —en tout cas il fait plus frais ici et vu que ça ne sent pas trop le renfermé, les aérations ne doivent pas être bouchées. J'en ai vu au moins deux.

Le cri suraigu de Nina m'interrompt et me fait rire. —ça va srce ? Fais attention avec tes sandales, y a des bouts de verre partout...Ils sont plus dangereux que tes copines à huit-pattes Je baisse la lampe vers le sol pour me tourner vers Nina sans l'éblouir. J'ai un sourire goguenard parce que je sais déjà ce qu'elle veut. —et donc on emménage quand ? Et dire que j'ai bossé comme un dingue pendant plus d'une semaine sur les palissades autour du van !

Je grimace légèrement. Une casemate ? Ok j'aurais dû profiter d'être encore à NY pour prendre des cours d'histoire en accéléré, clairement j'ai beaucoup trop loupé l'école. En même temps je ne pouvais pas prévoir que j'allais me marier avec un homme plus vieux qui n'aurait non pas appris ça à l'école mais qui l'aurait vécu ! Sérieusement, quelle idée aussi. C'est quand même emmerdant non ? Qu'il y ait pas du tout d'ouvertures en-dehors de la porte... Ok, je voulais être protégée des bestioles, mais là ça fait un peu prison, non...? En plus c'est pas vraiment comme le van ou comme une baraque, on va pas péter un mur pour foutre une fenêtre vous voyez ? Ça risque d'être rapidement problématique. Du coup tu crois que tous les bunkers sont comme celui-ci ? A ses explications, je comprends ma méprise, le bunker que j'ai visité était différent, je me souviens vaguement de la visite, je sais qu'il a été habité durant des années... Forcément ils avaient besoin de vraies habitations. Encore qu'il n'y avait pas vraiment d'ouvertures sur l'extérieur non plus, maintenant que j'y pense.

Je foudroie Slavenko du regard, quand bien même l'obscurité l'empêche de me voir. Les bouts de verre vont pas me mordre pour m'injecter du venin et m'enrouler dans une toile immense pour me bouffer plus tard. Le seigneur des anneaux m'a traumatisée, je suis désolée. J'écarquille les yeux, secoue la tête dans un rire. Monsieur Kovács je vous trouve bien pressé ! C'est le premier bunker qu'on voit, on t'a pas dit qu'il fallait jamais se jeter sur le premier appart' visité sans avoir vu les autres ? Le premier qui dit que ça ne s'applique pas ici, je lui fais bouffer sa langue. Tu t'rends pas compte, on passe peut-être à côté d'un immense réservoir aménagé, ou d'un bunker souterrain, ou d'une yourte ! J'ai un sourire amusé. Non non, on va noter celui-ci dans un coin, et on va continuer la visite. Et ensuite, si on trouve autre chose, on fera une liste des pour et des contre et on choisira. Ouais je déraille grave mais cette illusion de maîtrise, d'organisation, me donne une impression de normalité, de légèreté aussi de façon assez paradoxale, qui me fait un bien fou.

—Une casemate, un bunker, une fortification...appelle ça comme tu veux srce. Et c'est le principe, les ouvertures affaiblissent la structure donc il y en le minimum possible. Sur les caponnières, où c'est pour tirer dehors, il y a des petites ouvertures, des meurtrières. Donc non, ils ne doivent pas tous être pareils, je ne sais pas, faudrait voir des photos de l'époque. Comme c'était un camp d'entrainement, je sais pas trop comment c'était disposé. D'autant que c'est une structure militaire américaine et que je n'ai jamais été dans l'armée de ce coté ci de l'océan.

J'ai un nouvel éclat de rire quand elle exagère complètement pour les araignées. —fais attention, elle te suspendrait au plafond la tête en bas. La suite me surprend, non je n'aurais jamais pensé qu'il fallait continuer à sillonner la zone ! —Ok, ok, sortons de cet antre des huit pattes et continuons à explorer. Je la trouve adorable à protester comme ça et me faire la leçon. Je me penche brutalement pour lui prendre un baiser à la volée, dans un élan spontané et sauvage, je dois bien le dire. —Je t'aime

J'écarquille les yeux, m'exclame brusquement : Ah ! Les meurtrières, ça je connais. S'il pouvait employer les mêmes mots que tout le monde, ce serait quand même franchement plus simple. Je n'étais pas très attentive le jour où j'ai visité ce bunker -en même temps je ne m'intéressais pas à ce genre de choses et j'étais loin de me douter que ça me servirait un jour- mais j'ai quand même retenu deux-trois trucs. Et puis bon, j'ai maté des films de guerre aussi. Je ne suis pas super fière de mes références mais j'ai fait comme j'ai pu avec les moyens que j'avais... Tu sais quoi ? J'me renseignerais auprès des vieux qui traînent au dinner, ils doivent en savoir pas mal sur le sujet. Si ça t'intéresse tu pourrais même venir boire un café une après-midi et discuter avec eux, ils sont toujours là pour jouer aux cartes. Je fronce le nez, propose : Oh, j'y ai jamais été mais sinon à la bibliothèque ils doivent avoir des documents qui parlent de ça, non ? Enfin ça me paraît assez évident que la bibliothèque de la ville ait des infos sur la ville et le campement autour... Mais ici tout est possible, alors je me méfie.

Le rire qui lui échappe me ferait presque oublier les araignées et mon regard s'éclaire d'une lueur attendrie subitement, tandis que je me contente de hocher la tête en l'accompagnant dehors. Je ne suis pas mécontente de quitter cet endroit, si on ne trouve rien d'autre et que Slavenko veut qu'on s'installe ici, il a intérêt à faire un ménage à fond et je ne foutrais pas les pieds dedans tant que ce ne sera pas éclairé, c'est clair. J'ai à peine passé la porte qu'il m'attire à lui pour un brusque baiser qui me coupe le souffle par sa soudaineté, et la déclaration qui s'en suit m'achève. Je ne sais pas d'où lui vient cet élan soudain, je ne cherche pas à le comprendre. Je jette mes bras autour de son cou, me presse contre lui pour l'embrasser encore.

—J'ai dit au petit Prince que j'irais à la bibliothèque, il bosse là bas. J'lui demanderais s'il a des documents sur le camp Dunlap. Je ne suis pas encore prêt d'aller parler avec les vieux du Queenie, de parler à des inconnus, j'évite, j'aime pas ça, même si c'est comme ça que j'ai dégoter mon boulot auprès de Machete.

Je manque de la cogner en l'embrassant parce que je me jette sur elle, nos bouches s'écrasent l'une contre l'autre et je saisis le bas de son tee-shirt, le serrant dans mon poing pour m'y agripper. Elle jette ses bras autour de mon coup pour m'embrasser plus fort et je me penche dans le même mouvement avant de me redresser pour la hisser à moi, mon bras autour de sa taille, ma main toujours accrochée à elle. C'est une brutale explosion d'amour passionné qui me pète à la gueule sans que je sache pourquoi, comment, pourquoi maintenant, juste parce qu'elle parlait en me taquinant. Ma langue envahit sa bouche, cherche la sienne dans un besoin d'elle intense, un besoin irrépressible. Son chapeau s'est écrasé contre mon front et je le repousse machinalement avant de m'écarter, le souffle court, le cœur battant trop fort. J'encadre son visage de ma large main, caresse sa joue du pouce. Je la mange du regard, frémissant avant de tenter de reprendre le contrôle de ma voix. —on continue ? J'esquisse un sourire, cille à l'ambiguïté de ma phrase, mais on est dans un bunker dégueulasse. —à chercher j'veux dire...tu viens ?

Je fronce les sourcils, j'aime pas tellement qu'il appelle Alyosha comme ça. Je ne suis pas jalouse de ce type quand bien même je ne l'ai jamais vu que de loin, d'autant plus qu'il est marié... Mais quelque chose me dérange dans ce surnom. C'est moi, sa princeza, je ne veux pas que quelqu'un d'autre me dispute le titre, quand bien même ce serait un homme. Mais je ne dis rien, je ne fais pas de commentaires, il a étouffé sa jalousie depuis que nous sommes ici, je m'efforce de faire de même... Au moins en apparence en tout cas. Et puis objectivement, je sais que ma jalousie n'a pas lieu d'être, pas pour ce type en tout cas.

De toute façon la brusque déferlante d'émotions qui m'envahit juste après me fait oublier tout le reste. Je m'accroche à lui, dévore sa bouche avec une avidité fébrile, mon cœur s'emballant brusquement. La façon dont il m'agrippe, m'attire à lui, me ferait presque oublier l'endroit où nous sommes et je repose les talons au sol en haletant quand il me relâche. J'ai le regard brillant, noir du désir qui vient de fondre sur moi avec une violence surprenante. Je regarde autour de nous, acquiesce en silence parce que ouais, maintenant qu'il le dit, j'ai aucune envie de baiser ici. Je m'accroche à son bras pour regagner la bagnole, en essayant de reprendre mes esprits, et il me faut toute ma volonté pour le relâcher et m'installer côté passager. Je suis tournée vers lui quand il arrive, et je le bouffe des yeux quand il s'assoit. Je ne réfléchis pas en venant me couler contre lui, mon corps collé au sien dans un besoin irrépressible de contact. Dieu que j'ai envie de l'embrasser encore.

Je suis loin d'imaginer la jalousie de Nina au surnom que je donne à Alyosha. Parce que ce n'est pas un surnom, ce gars là c'est un vrai Prince Russe et qu'on a tout les deux une dent contre les communistes de son pays d'origine. C'est comme ça qu'on est devenu amis.

On sort et j'esquisse une caresse sur le haut du dos de Nina avant de la laisser contourner la voiture. J'inspire et reprends mes esprits avant de rentrer dans l'habitacle brûlant. Le volant est bouillant. Nina vient se coller contre moi dans un geste qui me saisit et me rend muet. La dernière fois, c'était dans le Pick-up orange, quand on allait au chalet, je m'en souviens brusquement avec acuité. Je passe un bras pardessus son épaule et je trifouille les fils pour redémarrer très lentement cette fois, on irait sans doute plus vite à pied. Ma main se loge dans son cou, sous ses cheveux, et je caresse tendrement la peau si douce. —quelle heure est-ce qu'il est ? J'veux pas te mettre en retard... On pourra continuer la visite plus tard si on n'a pas le temps aujourd'hui. J'ai perdu le fil des heures et du temps depuis hier soir. C'est vrai que c'est dommage qu'elle doive travailler ce soir. Heureusement, nous sommes à dix bonnes minutes en voiture du Queenie si je roule à vitesse normale !

Il passe son bras autour de moi, glisse sa main sous mes cheveux dans le même geste qu'autrefois et ça me liquéfie de l'intérieur. Je crois pas qu'il soit l'heure encore... Toi tu restes au campement ce soir ? C'est en tout cas ce que j'espère qu'il fasse parce que sa blessure n'est pas encore cicatrisée et je voudrais qu'il se repose encore, qu'il prenne le temps de guérir pour de bon. Je fronce les sourcils parce que je n'ai pas de montre sur moi, et encore moins mon téléphone puisque nous sommes ensemble. Il doit pas être l'heure encore... Je pense qu'on peut continuer à tourner un peu. Sans doute pas des plombes, mais au moins le temps de voir un deuxième... Lieu ? Je pencherais pour un autre bunker, j'aimerais voir à quoi ils ressemblent.

Comme la voiture redémarre, je glisse ma main sous son tee-shirt pour toucher sa peau, son ventre... Exactement comme je le faisais avant. J'ai envie de retrouver ces gestes-là, Dieu que ça me manque. Je ne pourrais même pas faire la liste de toutes les choses dont je suis nostalgique... Bien-sûr il y a tout ce qu'on a perdu mais je pense surtout à notre relation, parce que c'est la seule chose encore sauvable, la seule qui ne soit pas morte. Mes doigts remontent lentement le long de son torse avant de redescendre dans une caresse aérienne.

—Non...je vais voir si Machete a besoin de moi. Je suis complètement à sec et je ne veux pas que Nina m'entretienne, c'est juste hors de question. Je me sens assez bien pour aller bosser ce soir. —J'ai mis un message au Queenie, on verra si j'ai d'autres offres de taf, mais en attendant... J'ai un sourire rassurant —Je me sens bien, je t'assure. Si c'est pas encore l'heure, alors continuons un peu. Tu checkes, et je conduis, ok ?

La voiture fait un drôle de bond quand j'appuie trop fort sur l'accélérateur parce que sa main se faufile sous mon tee-shirt. Je reprends le contrôle sans mot dire, brusquement concentré sur la douceur des doigts de Nina sur ma peau, qui me caresse. J'en oublie les bunkers à tel point que je dois certainement sortir de la zone où ils sont parce que je n'en vois aucun autre. En fait j'arrive près de l'arbre au pendu. Je ne sais pas pourquoi on l'appelle comme ça et franchement, j'ai pas cherché à savoir. C'est désert par ici et j'arrête la voiture sous l'ombre. je m'appuie sur le dossier du siège en me tournant à demi vers Nina, mon bras l'enserrant plus fort. Mon regard brille en se posant sur elle tandis que je réclame dans un souffle —poljubi me