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 Enjoy the Silence - Slavina

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MessageSujet: Enjoy the Silence - Slavina   Enjoy the Silence - Slavina EmptyDim 29 Juil - 11:30


Enjoy the Silence


26 juillet - 18h35

D'un geste agacé, j'essuie la goutte de sueur qui roule sur ma nuque, menace de glisser sous le col de l'uniforme qui me colle un peu trop à la peau. Les ventilateurs posés de chaque côté du comptoir et les stores baissés n'empêchent pas la chaleur d'être étouffante, Queenie assure que la vieille climatisation est en panne, je me demande si elle a en réalité jamais fonctionné.

Le tic-tac de l'horloge murale ne fait qu'augmenter mon anxiété, je devrais déjà être rentrée, mon service est terminé depuis un peu plus d'une demie-heure mais la relève n'est pas encore arrivée. L'un des routiers installé à la seule table occupée me fait signe en levant sa tasse et je soupire tout en tendant la main vers la cafetière encore fumante, que je leur rapporte. Ils sont en route pour le Mexique, des bribes de conversation qui me sont parvenues je crois que c'est leur dernière halte avant destination et pourtant les quatre hommes sont installés depuis une heure déjà. Je verse le liquide âpre dans les tasses, serre les dents pour offrir un sourire aux « merci ma jolie » quand je voudrais leur éclater la cafetière sur la figure, et m'éloigne pour retourner derrière le comptoir.

De la poche de mon tablier, je tire le téléphone portable acheté dans une station service et dont la batterie est encore déchargée. Vivre sous une tente, c'est ne pas avoir de prise à disposition, et j'ai oublié le chargeur quelque part sous mes fringues en partant ce matin. Slavenko doit être mort d'inquiétude et je tape nerveusement du pied en fixant la porte vitrée, attendant désespérément l'arrivée de ma remplaçante pour la soirée.
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MessageSujet: Re: Enjoy the Silence - Slavina   Enjoy the Silence - Slavina EmptyDim 29 Juil - 11:31

La vie ici s’écoule sur un rythme étrange et je croise Nina plutôt qu’on vit ensemble. Elle a un taf de jour, et moi, je vis la nuit - ce qui vu la chaleur de ce trou paumé, est bien plus supportable, je sais pas comment elle fait ! Le matin, je ne dors pas tout de suite en rentrant du taf : il fait encore raisonnablement chaud et  je m’occupe comme je peux, traînant parfois ma carcasse au Boyuyu, ou jusqu’au canal si je dois laver des fringues. Je garde les heures brûlantes de l’après-midi pour dormir abruti de chaleur. Puis Nina me rejoint peu après 18 heures sachant que je pars taffer vers 22h. Mais aujourd’hui, elle n’arrive pas et l’angoisse monte rapidement. J’ai déjà du mal à la perdre de vue pour la laisser aller bosser, alors trente minutes de retard, je crève d’inquiétude au point d’avoir la nausée. Je pars en ville, à sa rencontre, à sa recherche.

Je pousse la porte du Queenie où je ne vais quasiment jamais. Je n’aime pas aller en ville et je rôde plutôt dans les campements ou à l’extérieur. Le soulagement qui me saisit en voyant Nina, toujours en tenue de serveuse me serre les tripes. Je m’arrête juste après la porte, son carillon aigre persistant quelques secondes une fois le battant fermé. Mon regard de loup traqué fait le tour de la pièce se posant furtivement sur les quatre hommes attablés. Une fois que j’ai respiré l’atmosphère, je me décide à faire un pas, à avancer vers le comptoir où est Nina. Je peine à croiser son regard, fait un geste vague, d’excuse pour me pointer comme ça à l’improviste, et esquisse un sourire éteint. “Je pensais que tu finissais à 18h…” Je sais très bien qu’elle finissait à 18h, mais je sonde prudemment la raison de son retard, et surtout pourquoi elle ne m’a pas prévenu. Elle sait pourtant que je deviens dingue quand on sort de ce qui est prévu. Je ne nous laisserais plus surprendre, je me le suis promis quand on s’est retrouvé alors que je pensais qu’on allait crever loin l’un de l’autre. “tu finis plus tard ?”
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MessageSujet: Re: Enjoy the Silence - Slavina   Enjoy the Silence - Slavina EmptyDim 29 Juil - 11:31

Je le connais trop bien, j’ai eu trop peur de le perdre pour ne pas deviner, sentir sa présence avant même de croiser son regard. La silhouette qui se découpe derrière la porte, un peu plus mince qu’elle ne l’était auparavant, hante chacune de mes pensées, chacun de mes soupirs, de façon bien trop poignante pour que je ne le reconnaisse pas. La culpabilité me noue la gorge, le ventre, il trompe peut-être les autres mais pas moi, certainement pas moi et je lis l’inquiétude, l’angoisse au fond de ses yeux sombres. Comme à chaque fois que je le vois, depuis toujours mais plus encore depuis nos retrouvailles, mon instinct premier me pousserait à me jeter à son cou. Malheureusement cet instinct est aujourd’hui étouffé, tenu en laisse par la peur, l’angoisse et la douleur qui me rongent. Je ne sais pas cloisonner, je n’ai jamais su le faire, et ma seule façon de ne pas sombrer est de tenir la bride aux sentiments, aux émotions. Je ne peux pas étouffer la peine et la souffrance sans étouffer aussi les élans qui d’ordinaire me portent vers lui.

Je lève sur lui le même regard éteint, que d’habitude, le regard déboussolé qui est le mien depuis que nous sommes arrivés ici. L’autre serveuse est en retard et… Je soupire, tire une nouvelle fois mon téléphone de ma poche pour le lui tendre. J’ai plus de batterie. C’est assez compliqué pour moi, je n’ai pas l’habitude de ne pas pouvoir le joindre comme je veux, d’autant que malgré tout, le réseau est assez mauvais par ici et si je capte quand je suis en ville, ce n’est pas toujours le cas au campement, en fonction de l’endroit où l’on se trouve. Cela dit comme les mots semblent m’écorcher la langue en ce moment, le fait de ne pas pouvoir communiquer ne devrait pas tant me poser de problème… Je finis quand même par souffler : Désolée… Tu m’attends ? On se voit déjà peu, trop peu, et quand bien même on se contente de rester l’un à côté de l’autre sans se parler, nos regards se croisant à peine, je ne supporte pas d’être loin de lui.
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MessageSujet: Re: Enjoy the Silence - Slavina   Enjoy the Silence - Slavina EmptyDim 29 Juil - 11:32

C’est un peu étrange de la voir dans cet uniforme tout droit sortie d’une époque révolue. Mais notre vie est faite d’époques révolues. Nina est trop mince, les cernes ombrent trop fort son visage et elle est pâle malgré le soleil de plomb qui règne à Slab City. Elle est pâle d’une pâleur maladive qui défie même le hâle imposé par le climat. Pourtant, je la trouve toujours aussi belle malgré son regard aux abois. Je suis soulagé de la raison de son absence et son silence. J’ai toujours peur, qu’il lui arrive quelque chose ou qu’elle se fasse du mal à elle même.

Je me glisse sur un de ces hauts tabourets rembourrés en skaï, et une bouffée étrange me rappelle que je faisais la même chose quand elle bossait au Stan’s. Je me surprends à penser que je n’aurais jamais dû quitter le Klan, que c’est à ce moment là que je nous ai mis en danger. Je me repasse une fois encore - la millième, la dix millionième - les mois qui ont conduit à ce qu’on en arrive là. “Bien sur je t’attends. Il te reste du café ?” Les conditions font que le café, les clopes, toutes mes addictions se font rares et compliquées à assouvir. Sauf la weed, ici, il y en a à foison, je ne sais pas comment ils arrivent à faire pousser ce truc en plein milieu du désert, mais c’est le cas ! Mais je n’y touche pas, je veux rester lucide, j’ai besoin de rester lucide, sur le qui-vive, au maximum.

J’ai une moue en tripotant son téléphone comme si j’allais résoudre le problème. “On devrait essayer de se dégoter des talkies, ou des téléphones satellitaires… Je bosse ce soir, on verra” On verra… deux mots récurrents. On verra si ça se passe bien, combien d’argent nous permettront de survivre encore un peu et si on pourra se permettre ces achats. On a aussi d’autres priorités, j’aimerais bien pouvoir nous loger ailleurs que dans la tente minuscule que nous a filé Sly. C’est trop petit, étouffant, et je ne m’y sens pas en sécurité. Jamais. Je suis du regard une goutte de sueur qui part du cou de Nina pour se perdre dans le col de con uniforme “tu veux qu’on aille faire un tour au réservoir ? Il fait crevant.” Dehors comme dedans d’ailleurs. Mon tee-shirt me colle à la peau, et je ne quitte jamais mon treillis et mes rangers, contrastant avec les tenues légères usuelles du campement.
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MessageSujet: Re: Enjoy the Silence - Slavina   Enjoy the Silence - Slavina EmptyDim 29 Juil - 11:32

Je hoche la tête pour toute réponse et me penche pour récupérer une tasse propre sous le comptoir, j’y vide ce qu’il reste de café dans la cafetière et la pose sous ses yeux, avant de m’écarter pour préparer une autre nouvelle tournée de café. Les gens en boivent à toute heure, aussi étrange que ça puisse paraître il y a pas mal de routiers qui s’arrêtent dans le dinner, et tous ont besoin de rester éveillés. J’ouvre l’un des frigos pour en tirer une bouteille d’eau fraîche que je colle directement sur mon cou brûlant. J’ai toujours préféré la chaleur, Slavenko le sait bien, mais je ne suis pas habituée à ce qu’elle soit aussi étouffante. Ce n’est pas comme en Louisiane où l’air est humide, ici le climat est sec, aride, et surtout on n’échappe pas aux températures parce qu’il y a très peu de végétation, et donc très peu d’ombre où s’abriter. Le matin je suis réveillée aux aurores, soit par Slavenko qui rentre au campement, soit par le soleil qui cogne contre la tente à rendre l’intérieur irrespirable. Je ne me fais pas à cette vie, et pourtant je ne me projette pas plus loin. Je n’arrive pas à imaginer de quoi demain sera fait, où nous vivrons, si on trouvera un moyen de rendre le quotidien ici un peu plus supportable. Je me renseignerais aussi, pour les téléphones. Ou des talkies. C’est bien plus important à mes yeux que le reste, j’ai besoin qu’on puisse se joindre, constamment. Je ne me remets pas d’avoir été si violemment séparée de lui.

Oui, bonne idée. J’approuve pour le réservoir avant de m’éloigner pour aller encaisser les routiers, enfin prêts à reprendre la route. La jupe volante de ma robe patineuse me dévoile un peu trop pour que je me sente tout à fait à l’aise, mais au moins n’ai-je pas à subir l’inconfort d’un tissu moulant par cette chaleur infernale. Je récupère leurs billets, leur rend la monnaie, et écarquille les yeux quand ils croisent en sortant la serveuse qui arrive pour assurer le service du soir. Elle m’offre un sourire ultra-bright auquel je réponds par un regard noir. La prochaine fois j’attendrais pas qu’tu t’pointes, tu t’expliqueras avec Queenie. Je l’avertis gravement avant de lui coller une tasse salle entre les mains pour faire signe à Slavenko qu’on peut y aller.
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MessageSujet: Re: Enjoy the Silence - Slavina   Enjoy the Silence - Slavina EmptyDim 29 Juil - 11:32

“Ouai, ce serait bien, t’as surement plus de chance d’en chopper en ville…” Avec des colporteurs, de ces mecs qui vendent tout et n’importe quoi, des routiers, des mecs qui trafiquent avec le Mexique. J’ai peut-être une chance auprès de Machete, mon employeur - ouai il a pris ce nom à cause de son idole de cinéma , je sais même pas comment il s’appelle en vrai - mais je préfère éviter d’être redevable auprès de connaissances, ou même de me lier d’amitié. Les tâches de sang persistantes sur mes rangers, discrètes auréoles brunes sur noir, me rappelle combien il en coûte à mes amis.

Je regarde Nina aller encaisser les routiers, mon regard s'appesantissent sur eux même si je ne dis rien alors qu’ils n’ont pas leurs yeux dans leur poche. Je ne peux même pas me permettre d’être excessif ici. On a besoin de son taf, et on a besoin de cette planque. Je ne peux pas me mettre en colère, je ne peux plus et de toute façon, je n’y arrive plus. Je crois que si quelqu’un touchait Nina, ou la menaçait, je le tuerais froidement, sans colère. Mon caractère explosif m’a déserté. Au milieu du désert, l’expression est ironique. Le café est brûlant et je me crame la gueule pour me dépêcher de le boire quand l’autre serveuse se pointe. On sort de là dans la foulée, frappés la chaleur du dehors, finalement pire que dedans.

“On repasse au camp en chemin, je vais prendre les jerricans pour l’eau.” Ce qui évite de devoir à chaque fois faire des allers retour pour avoir de la flotte pour se rincer, ou laver un truc. Il ne s’agit même pas d’un détour, on s’est installé provisoirement au Nord. Enfin, j’espère que c’est provisoire, j’espère trouver mieux que ça. Chargé des deux bidons de plastiques, j’attends Nina et on repart vers les réservoirs, s’en dégottant difficilement un où il n’y a personne. C’est qu’on commence à approcher de l’heure parfaite pour se baigner , non en réalité ce sera plutôt dans une heure, juste à l’amorce de la fin de journée, là il fait encore un peu chaud. J’ai la chance d’avoir un flingue, un glock volé au moment de notre départ. Il me reste six balles, que je garde précieusement pour notre protection. En général la vue de l’arme est suffisamment dissuasive. On s’installe sur une rive, entre des touffes éparses et des arbres chétifs, pas loin d’une échelle en bois qui mène dans l’eau marron et chaude. Je m’assieds sur la berge, les genoux pliés. Je ne me baigne jamais quand Nina est là, je la protège.
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MessageSujet: Re: Enjoy the Silence - Slavina   Enjoy the Silence - Slavina EmptyDim 29 Juil - 11:33

Une nappe de chaleur nous enveloppe lorsqu’on franchit la porte, et comme toujours il me faut ces quelques secondes d’adaptation pour reprendre mes esprits, en clignant des yeux. Le soleil brille encore, moins aveuglant qu’en pleine après-midi, ce qui ne m’empêche pas de récupérer les lunettes de soleil laissées en vrac dans mon sac. C’est une besace en tissu, volée sur un marché, qui ne contient malheureusement pas grand chose. J’en profite pour y foutre le tablier qui me gêne tandis qu’on se dirige vers le campement pour récupérer les bidons dans lesquels Slavenko entrepose l’eau.

Je me fais la même réflexion chaque fois que l’on arrive devant la tente bien trop petite pour la grande carcasse du slave : comment notre vie a-t-elle pu changer à ce point ? Il y a quelques semaines encore, on découvrait le résultat magnifique des travaux du Chalet, devenu exactement tel que nous l’avions toujours rêvé. On se baignait ensemble sur la terrasse, dans le jacuzzi, avant de se vautrer dans un lit immense face à des baies vitrées qui nous baignaient de lumière, perdus en pleine nature. Aujourd’hui on étouffe dans une tente posée au beau milieu du désert, et le contact entre nous est si inexistant que je peine à me souvenir de ces douches délicieuses qui rythmaient notre quotidien. Je serre les dents, inspire un coup pour refréner la bouffée d’émotion qui menace. J’applique les enseignements de mon mari : je verrouille tout.

Il nous trouve un coin désert, suffisamment calme et isolé pour que j’envisage seulement d’ôter mes fringues. Mes deux poignets sont habillés de dizaines de bracelets multicolores, volés eux aussi, qui servaient à masquer les marques rouges laissées par les cordages qui me retenaient. Aujourd’hui les marques ont presque entièrement disparu, mais je ne suis pas parvenue à me défaire des bracelets. Slavenko s’assied sans faire le moindre geste pour se baigner, il ne le fait jamais. Moi je meurs de chaud et je ne résiste pas à l’appel de l’eau. Je lui tourne le dos dans un élan de pudeur devenu habituel, et que je n’avais pourtant jamais eu avec lui, pour retirer mes chaussures et la robe blanche à rayures rouges qui me sert d’uniforme. Je conserve mes sous-vêtements, le port du soutien-gorge est nouveau lui aussi mais la nudité me gêne à présent, et je gagne l’échelle pour descendre dans l’eau. Je n’ai pas besoin de m’acclimater, elle est trop chaude pour être réellement rafraîchissante, et j’y entre d’un coup, étrangement plus sereine une fois mon corps dissimulé par l’eau.

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MessageSujet: Re: Enjoy the Silence - Slavina   Enjoy the Silence - Slavina EmptyDim 29 Juil - 11:33

Une esquisse de sourire passe sur mon visage quand je la vois entrer dans l’eau sans hésiter. Un sourire nostalgique, un peu douloureux aussi. Avant, elle mettait un temps fou à entrer dans l’eau de la piscine ou de la mer, je jouais à l’attirer dans l’eau. Aujourd’hui, l’eau est sale et chaude et je veille sur la berge, attentif au moindre bruit. Attentif, j’aurais du l’être à la nouvelle Orléans, j’aurais du savoir, j’aurais du me renseigner avant. Sur sa peau avant qu’elle ne se dissimule, je cherche encore machinalement les traces de son séjour entre les mains de son tourmenteur. Je le vois surtout dans sa minceur à la limite de la maigreur, mais plus encore dans son attitude si différente du jour où je l’ai connue, petite furie prête à me mordre et à se rebeller. Et je lis dans son regard, que j’évite, ne supportant la culpabilité qui me tord les tripes, la colère sourde qui me consume inutilement, mais surtout la peine de voir mon amour abimé.
Je chipote le côté de mon treillis, palpant la poche qui contient mon paquet de cigarettes. Combien en reste-t-il ? J’essayerais d’en racheter ce soir de l’autre coté de la frontière. Elles sont bien plus dégueulasse, tabac coupé de poussière, mais bien moins chères aussi. Ou je prendrais les clopes d’un de ceux que je convoie. Il suffit que je demande, ils ne refusent rien au passeur. Pas si prêt du but. Ils ont tout donné déjà pour tenter le rêve américain, ils seraient prêts encore à donner leur femme, leur fille. Le rêve américain, tu parles, je n’y ai jamais cru, les Etats-Unis ont été pour moi une terre d’Exil, jusqu’à ce que je trouve Nina.

“Je fais un voyage cette nuit. T’as besoin que je te ramène quelque chose du Mexique ?” Il y a des petites boutiques pas chères, on y achète parfois un peu de bouffe ou des produits de première nécessité, du savon, de quoi me raser, ce genre de conneries. Je passe ma main sur mes joues râpeuses, je ferais bien de me raser d’ailleurs. Mes cheveux sont très courts, je les ai rasés pendant la cavale et je ne le regrette pas, il fait si chaud ici. J’ai l’air d’un taulard - encore que c’est con comme expression, en taule j’avais les cheveux longs - j’ai l’air un militaire, d’un mercenaire. Avec un soupir, je cède et sort - à gestes lents, précautionneux - une cigarette. Je déteste laisser Nina seule la nuit dans la tente, je lui laisse toujours le Glock, Machete me passant un fusil au taf si j’en ai besoin. J’ai ce sentiment que tout m’échappe comme du sable entre mes doigts. A quoi bon veiller comme je le fais maintenant si c’est pour la laisser seule des heures durant la nuit ? Mais il faut bien manger, et je ne sais pas faire grand chose des mes mains.
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MessageSujet: Re: Enjoy the Silence - Slavina   Enjoy the Silence - Slavina EmptyDim 29 Juil - 11:33

Je m’enfouis dans l’eau jusqu’au cou, mes cheveux retenus en queue de cheval par un ruban rouge assorti à l’uniforme, il fait de toute façon trop chaud pour que je les laisse trop souvent détachés. Il n’y a guère plus que la nuit que je me débarrasse de tous ces artifices, une fois le soleil couché, à l’abri des regards, y compris de celui du slave puisqu’il n’est plus là pour apaiser mes cauchemars. Je crois que la fatigue se lit de toute façon sur nos visages, je suis pour ma part incapable de m’endormir s’il n’est pas à mes côtés, et je refuse le secours de la kétamine pour m’aider à trouver le sommeil. Pourtant, si beaucoup de choses manquent à Slab City, la drogue n’en fait pas partie, elle pullule dans tous les coins, mais comme Slavenko je préfère rester aussi lucide que possible, surtout la nuit, lorsqu’il n’est pas là. Les heures durant lesquelles il disparaît sont les plus douloureuses, parce qu’à la peur de me retrouver seule se mêle l’inquiétude qu’il lui arrive quelque chose et qu’il ne rentre pas, et je veille généralement jusqu’à son retour, une main posée sur le flingue qui ne suffit pourtant jamais à me rassurer tout à fait. D’ailleurs il lui suffit de mentionner la nuit à venir pour que ma gorge se noue douloureusement, et je fronce les sourcils pour tenter de rassembler mes esprits et lui répondre factuellement. Du shampoing, si tu en trouves ? Il fait si chaud que je me lave les cheveux tous les jours, et très honnêtement utiliser du savon pour ça est loin d’être idéal…

J’inspire longuement et finis par pivoter pour lui faire face, relevant la tête pour tenter de croiser son regard. Tu ne veux pas venir ? Elle est presque fraîche… En tout cas plus fraîche que la température extérieure, c’est toujours ça de pris. Le voir se morfondre et jouer les gardes du corps me brise le coeur, encore plus à présent que j’ai cette sensation douloureuse que c’est inutile. Les vitres blindées du Chalet et notre stock d’armes n’ont pas suffit à nous protéger, comment un Glock le pourrait-il quand on est ainsi à découvert au milieu de nulle part ? Pourtant, comme je crains qu’il refuse de baisser sa garde, ne serait-ce qu’un peu, je propose : On échange, si tu veux, je reste sur la berge le temps que tu te baignes… Les quelques heures qui suivent mon service sont les seules que l’on partage réellement, et pourtant on ne fait rien de plus qu’échanger quelques phrases banales qui semblent chaque fois nous demander un effort considérable. Moi qui passais mon temps accrochée à sa peau, je ne me souviens plus de la sensation de chaleur sous mes doigts, j’ai oublié son souffle dans mon cou, son coeur palpitant à l’unisson du mien.

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MessageSujet: Re: Enjoy the Silence - Slavina   Enjoy the Silence - Slavina EmptyDim 29 Juil - 11:33

Ca n’a pas changé, j’essaye toujours de lui faire plaisir si je peux, et je sais déjà que je me démènerais pour trouver du shampooing, quelque soit le boulot exact prévu par Machete ce soir. Après ma mission, j’arriverais à passer aux boutique 24/24 du poste frontière, et à lui ramener ce qu’elle veut. “D’accord. Parfum de fleurs pas de fruits. Correct ?” Je le dis avec un demi sourire d’antan. Elle aime la fleur d’oranger, de préférence aux parfums trop sucrés. “et je te ramènerais des biscuits mexicains, tu veux ? “

Je décline sa proposition en lui montrant la clope tout juste allumée, comme un rempart. Mais ce n’est qu’une excuse, je pourrais dire oui après les trois minutes que vont me prendre la cigarette. Mais je refuse, je ne me baigne jamais avec Nina, devant Nina. Je ne me déshabille non plus jamais devant elle. Les stigmates de mon passage entre les mains de mes bourreaux n’ont pas disparues, je ne sais même pas si elles partiront toutes un jour. Il est plus probable qu’elles finissent en cicatrices qui s’estomperont avec le temps. Mais pour l’instant, je ne suis absolument pas apte à croiser son regard, j’appréhende sa pitié, le mépris, le dégout que je pourrais lire en plus que ce profond désarroi dans ses yeux. Je garde un tee-shirt constamment en sa présence, et la plupart du temps, je garde aussi mon treillis. Je dors tout habillé malgré la chaleur. La journée, quand elle n’est pas là, je me lave ainsi que mes affaires. “Non c’est bon, j’ai pas envie de me baigner. Je sais pas comment tu fais, l’eau est marron… ” Une autre excuse, mais c’est vrai que ces trous d’eau sont boueux. Parfois, on pousse au canal, c’est plus propre mais tellement plus fréquenté ! “Mais prend ton temps si elle est bonne, ça ne me dérange pas. On est mieux ici...“ et je sais pertinemment que comme moi, elle n’a pas faim.

Je me suis calé dans l’ombre rachitique d’un arbre, et il fait meilleur ici qu’à notre campement. L’eau dégage un peu de fraîcheur. Minime mais c’est mieux que la cagna de la tente et de ses environs ! “On devrait peut-être explorer un peu les alentours pour voir si on peut pas trouver autre chose que la tente...t’en dis quoi ? “
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MessageSujet: Re: Enjoy the Silence - Slavina   Enjoy the Silence - Slavina EmptyDim 29 Juil - 11:34

Je ne me rends pas compte qu’il sourit et je hausse les épaules. Ce que tu trouves. Très honnêtement à ce stade, le parfum de mon shampoing n’a pas la moindre importance. Toutes les choses qui me faisaient sourire au quotidien ont perdu leur saveur, parce que lui ne sourit plus, parce qu’on a tout perdu et que malgré sa présence j’ai la sensation qu’on s’est perdus aussi. Et ça me tue, lentement mais sûrement, sans doute encore plus parce qu’on venait tout juste de trouver un équilibre, parce qu’on avait enfin un avenir, des projets, parce qu’on s’était retrouvés pour de bon cette fois. Je veux bien, oui. C’est un mensonge ridicule, je n’ai pas pris un gramme depuis qu’on s’est posés ici, mais on n’est plus jamais ensemble, il ne peut plus vérifier que je mange correctement et je crois que de toute façon, lui-même se nourrit trop mal.

Je ne m’attendais pas à ce qu’il accepte, et pourtant son refus me poigne. Je baisse les yeux pour dissimuler ma déception, difficilement. Si je rechigne à me déshabiller devant lui, le faisant toujours très rapidement comme tout à l’heure, je n’ai pour ma part pas de blessures à cacher. J’avais quelques bleus, des traces de strangulation encore, les marques sur mes poignets mais rien de grave. Disons que la torture infligée par Logan n’a pas laissé sur ma peau de signes qui soient encore visibles aujourd’hui. Pourtant une partie de moi est convaincue que c’est à cause de ça qu’il ne me touche plus, qu’il ne me touchera plus jamais. D’autres m’ont souillée, salie, et son regard ne s’attarde plus sur moi. Je ne fais rien, cela dit, pour vaincre cette distance insupportable entre nous, je crois que je préfère encore mourir qu’affronter un rejet franc. Je sais, mais j’ai chaud. Qu’importe que l’eau soit sale, tout l’est ici, moi y compris.

Je n’ai pas envie de sortir tout de suite, parce que ça voudrait dire le voir détourner le regard encore une fois, et pour l’instant l’eau trouble est un rempart qui me va bien. Au moins n’est-elle pas assez claire pour qu’il puisse me voir à travers. Ce serait bien, oui… Au dinner un vieux disait qu’il avait acheté sa caravane pour 60 dollars. Je ne sais pas ce que l’on cherche exactement, combien de temps on va rester ici, je ne suis pas sûre qu’il le sache lui-même. Ce que je sais, en revanche, c’est que cette tente minuscule est invivable, qu’il y fait une chaleur infernale et que je suis prise de bouffées d’angoisse chaque fois que je me retrouve seule à l’intérieur. Je ne me sens en sécurité nulle part, mais encore moins derrière un pauvre rempart en toile.
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MessageSujet: Re: Enjoy the Silence - Slavina   Enjoy the Silence - Slavina EmptyDim 29 Juil - 11:34

Ses réponses pourtant pleines de concession, de bonne volonté, sonnent creuses. Je la connais trop Nina pour ne pas percevoir l’indifférence réelle qui se cache derrière ces paroles. Et cette indifférence - fusse pour la senteur d’un shampoing - me fait mal au coeur quand je la sais si passionnée dans ses choix. Mais tout ça est pour le moment révolu.

Pour le moment ? Tous les jours, j’essaye de me persuader que tout ça n’est que temporaire, qu’on va remonter la pente, mais j’ai du mal à y croire moi-même. Je ne veux y croire que pour Nina, pour ramener un semblant de lumière dans son regard. Je suis déjà satisfait qu’elle ait trouvé cette place au Queenie. Je ne pense pas que rester avec moi tout le temps soit la meilleure des solutions, au moins a-t-elle l’occasion de voir du monde, et des gens de la ville, différents des campers. Un semblant de civilisation que moi je fuis autant que je peux. “60$ ? C’est intéressant. On pourrait trouver quelque chose comme ça. Tu sais où il l’a achetée ? Avec ton salaire et le mien, on devrait pouvoir sortir ça assez vite. Plutôt que des talkies...” Parce que ça ne va pas s’arranger pour le temps, alors si on pouvait éviter de périr cramer sous le soleil ! Nina s’en sort bien à bosser en intérieur, et moi à bosser la nuit. Mais dormir dans la tente l’après-midi relève de l’exploit, c’est la chaleur qui m’assomme et me fait dormir, sans vrai repos.

J’écrase mon mégot et le mets de côté. Y a un type qui les récolte. Je crois qu’il fait une sorte de jus de nicotine avec, j’ai pas trop cherché à savoir ce qu’il en faisait après . Toujours est-il qu’il rachète les mégots et à moi ça ne me coûte rien de les lui garder. En plus c’est notre voisin de gauche le plus proche, à plusieurs centaines de mètres de notre tente.. Je préfère être en bon terme avec lui. “Ou alors faut qu’on monte nous même une baraque en taule ou en bois. Pousser jusqu’à la décharge pour ramener du matos. Il parait que le mieux c’est des palettes, ça se monte super bien” Je mords ma langue avant de parler de Sly. Ca me fait trop penser au fait que c’est lui qui avait conseillé Nina pour le Chalet, et puis qui nous avait aidé pour les plans avec l’architecte. Je demande prudemment à la place “tu voudrais une caravane ou quelque chose du genre ?” Personnellement, j’en sais rien, je sais juste que la tente c’est l’enfer. L’hiver ça doit aller, mais en ce moment, c’est terrible. D’ailleurs la ville est bien moins fréquentée par les Snowbirds, en ce moment, ils sont tous au nord. D’ailleurs c’était un miracle - un vrai - qu’on tombe sur un gars en camping car qui descendait ici. C’est contraire au calendrier des migrations de ces oiseaux étranges et motorisés. C’est bien le seul moment où on a eu un peu de chance.
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MessageSujet: Re: Enjoy the Silence - Slavina   Enjoy the Silence - Slavina EmptyDim 29 Juil - 11:34

Je dodeline de la tête. Un autre nomade lui a vendue. Tout se passe comme ça ici, par du bouche à oreille. D'ailleurs beaucoup d’acquisitions se font par le biais du troc, les échanges fonctionnent bien sur le campement. On devrait peut-être demander, se renseigner… Auprès des résidents annuels, eux savent comment les choses se passent, où dégoter les meilleures affaires. Encore faut-il gagner leur confiance, la communauté de Slab City est terriblement difficile à apprivoiser, ils sont assez soudés entre eux mais il est compliqué de s’y faire une place, ils se méfient des étrangers. Je crois que le fait qu’on connaisse Sly nous a aidés sur ce coup-là, peut-être pas à nous attirer la sympathie réelle des habitants mais au moins à ne pas avoir d’ennuis.

Sa proposition de monter nous-mêmes un abri me fait froncer les sourcils et je secoue légèrement la tête. Ça va nous prendre un temps fou… Il est sans doute plus à l'aise que moi avec ce genre de choses mais j’ai pour ma part du mal à imaginer comment on peut se construire un abri à partir de rien. Ça m’est égal ce qu’on trouve, même si c’est provisoire… Je voudrais juste qu’on trouve rapidement. Je suis prête à passer un mois à monter une cabane en palettes, mais durant le mois en question il va bien falloir qu’on se loge malgré tout ! Baissant les yeux pour fuir son regard, j’avoue d’une voix légèrement tremblante, bien que je me maîtrise encore : Je veux pas rester dans cette tente… Outre le fait qu’on y soit comme dans un four, elle me fout la trouille, réellement. Les ombres qui se dessinent sur la toile me font trembler de peur, le fait de savoir qu’une lame suffirait à la déchirer me pétrifie, y être seule sans lui est un véritable calvaire et même lors des très rares moments où nous y sommes ensemble, je ne suis pas tranquille. J’ai besoin d’un toit et de murs, fussent les murs troués d’une cabane en bois. Ce n'est pas une situation provisoire qui me convient, j’ai besoin d’autre chose, d’une autre étape avant qu’on puisse peut-être trouver quelque chose qui fonctionne vraiment.

Une fois de plus, j’inspire pour faire passer la peur et l’angoisse qui tournoient dans mon ventre, et je ne reprends la parole qu’une fois certaine de ne pas me mettre à pleurer. On devrait aller en ville, dans la grande ville. Trouver quelques maisons à forcer, récupérer des affaires, de la bouffe… De l’argent peut-être aussi. On pourrait partir sur toute une journée et essayer d’amasser le plus de choses possibles pour voir ce que ça donne. Mais encore une fois, entreposer nos trouvailles dans une tente me semble assez compliqué…
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MessageSujet: Re: Enjoy the Silence - Slavina   Enjoy the Silence - Slavina EmptyDim 29 Juil - 11:34

Je ne pense pas que monter un truc en palettes prennent du temps. Un abri se construit en une journée, deux. Au moins la base avant de l’améliorer. J’ai un besoin irrationnel de murs alors que les murs n’ont pas sur nous protéger. Je sais que c’est idiot. Je m’en rends compte. Qui a dit déjà il n’est de murs de solides que les hommes qui les défendent ? Je ne sais plus, mais c’est la vérité, et je n’ai pas su défendre les nôtres. J'avais fait mettre des vitres blindées au Chalet, mais ça ne résiste pas aux lance-roquettes figurez vous. Les flics sont arrivés étrangement bien trop tard aussi, nous avions déjà été capturés et il ne restait que des cendres.

Je me résigne, une caravane ce sera mieux. Au moins nous ne seront plus au raz du sol, ce qui est mieux à cause des serpents. “Je me renseignerais, toi, demande à Sly ou ton ancien boss, là...Sam, ils ont l’air de connaître tout le monde ici. Ou à Queenie. Tu t’entends bien avec elle ?” S’entendre bien façon de parler. Nina parlant à peine, c’est compliqué de nouer des relations, pareil pour moi, je fais mon taf, je me mêle difficilement aux autres.

J’ai un geste infime, presque sans bouger, signe de mon impuissance à nous faire avancer, à nous sortir de ce champs de sable. “On a pas de bagnole…” Pas de bagnole, à moins d’aller à Nilland pour ne chourer une mais comme ils ont déjà tendance à accuser Slab City de tous les maux… Et puis aller à une grande ville, c’est prendre le risque de se faire repérer. Je sais que la haine de cet homme est si tenace - mais surtout son besoin de posséder Nina - qu’il ne la laissera jamais. On ne monte pas une opération d’envergure comme il l’a fait juste pour une pute qui vous échappe. Du bout du pied, je pousse un caillou qui roule sous ma semelle. “Il faudra qu’on fasse ça au Mexique.” ça me semble plus raisonnable, moins dangereux. On peut passer la frontière, je le fais quasiment tous les jours.
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MessageSujet: Re: Enjoy the Silence - Slavina   Enjoy the Silence - Slavina EmptyDim 29 Juil - 11:34

J’ai un léger haussement d’épaules qui traduit assez bien, sans le savoir, le fond de sa pensée. Je ne saurais dire si je m’entends bien avec Queenie, même au moment de l’embauche, elle n’était pas vraiment regardante et on a finalement peu parlé. Je demanderais à Sam. Je me sens bien plus à l’aise avec ceux que je connais déjà. Encore que même avec lui, ou avec Sly, j’ai tendance à mettre une distance que je n’aurais jamais mise auparavant, de crainte qu’ils ne soient blessés par ma faute. Slavenko a été torturé par un homme qui voulait ma peau, nos amis sont morts à cause de lui, à cause de moi, ce n’est pas quelque chose que je peux oublier, et c’est un fardeau bien trop lourd avec lequel j’ai du mal à vivre au quotidien -quel euphémisme !-. Quoiqu’il en soit il y a forcément un endroit, pas loin, où on doit pouvoir trouver ce genre de choses. Des tentes, des caravanes, même des bagnoles… D’occasion bien-sûr, et probablement en très mauvais état, mais ce sera toujours mieux que ce qu’on a pour le moment.

Une voiture ça se trouve. Il le sait, on en a trouvé plusieurs sur la route pour venir jusqu’ici, on en a changé souvent et si on n’avait pas été chassés de la dernière, on serait peut-être même arrivés jusqu’à Slab City avec une bagnole dans laquelle pioncer. Les sourcils froncés face à ses réticences, je songe déjà à me rendre seule en ville, une nuit où il bossera, plutôt que de l’attendre dans la tente. Je sais forcer et démarrer une voiture, quant aux cambriolages je me suis toujours débrouillée seule… Heureusement, il lâche du lest et j’en profite pour acquiescer sans discuter. D’accord, au Mexique. C’est comme ça que j’imaginais les choses, vous savez ? On se serait enfuis au Mexique, on aurait trouvé un boulot en bord de mer et on aurait refait notre vie… Mais la civilisation nous est interdite, parce qu’ils finiraient forcément par nous retrouver… Ici, nous n’avons pas d’identité, les habitants parlent peu, ils ne balancent rien aux étrangers, mon boulot au dinner n’est pas officiel, il n’y a pas de traces de notre passage. Nous n’avons pas besoin d’adresse, c’est l’endroit le plus sûr où l’on puisse se trouver. D’ailleurs il suffit de voir la faune qui vit dans les tentes et les caravanes pour voir qu’on n’est pas les seuls à l’avoir compris !

Seule dans l’eau, je ne prends aucun plaisir sinon celui de ne plus être complètement morte de chaud, et je finis par retourner vers l’échelle, me décidant à sortir. Mon regard fuit soigneusement le sien tandis que je me hisse sur les marches en bois, et je tends aussitôt le bras pour récupérer la serviette un peu trop petite qui traîne au fond de ma besace. Je pourrais attendre que le soleil et la chaleur sèchent les gouttes sur ma peau, ça ne prendrait que quelques minutes, mais je m’enveloppe de la serviette, dans une tentative vaine de continuer à me dissimuler à sa vue. Tu veux… Qu’on y aille maintenant…? Explorer les alentours…?
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MessageSujet: Re: Enjoy the Silence - Slavina   Enjoy the Silence - Slavina EmptyDim 29 Juil - 11:34

Je hoche la tête. Je sais tout ça. Elle peut demander à Sam, elle peut trouver une voiture. Elle peut très bien se débrouiller. Depuis que je me suis révélé incapable de la protéger, je me sens inutile, boulet accroché à son pied plutôt qu’aide. Déjà juste avant d’ailleurs. Depuis Johannesburg si on y réfléchit. J’étais trop mal pour être d’une aide quelconque, et aujourd’hui, je n’ai pas le sentiment que ça se soit arrangé. Je n’ai même plus le secours de mes hommes, de mes amis. Pourtant, je sais que je suis en vie grâce à ceux qui sont morts pour venir nous sortir de là, et la moindre des choses c’est de vivre en retour. Mais je n’y parviens pas vraiment, je suis comme bloqué en pilotage automatique, en mode survie. Je crois que Nina aussi. C’est pour ça qu’elle parle peu. On a subi tous les deux un trop grand choc, traumatisme, et aucun n’arrive à soutenir l’autre, bloqué sur ses propres souffrances. J'imagine que c’est normal, c’était il y a seulement quinze jours que nous nous sommes enfuis, alors que mon autre vie me paraît à des siècles de là.

Mon regard attiré, glisse sur sa peau si blanche, inhabituelle pour ce désert brûlant. Mon coeur rate un battement, comme à chaque fois que je vois cette scène qu’on rejoue tous les jours depuis qu’on est ici. Des souvenirs d’une vie antérieure me reviennent, la Floride, Hawaï, la piscine à Savannah. Les mêmes gouttes d’eau roulent sur son corps, s’irisent sous le soleil en des milliers de petits arc-en-ciel. Je ne détourne les yeux que lorsqu’elle s’enveloppe dans sa serviette et qu’elle s’adresse à moi. Machinalement, je vérifie qu’il n’y a rien alentours, ni homme, ni crotale, encore que des deux, les premiers sont les plus dangereux. “Oui, la température commence à baisser.” C’est subtil mais après une journée à plus de 40° ça se sent ! Chaque degré compte. “On n’a qu’à aller jusqu’à la décharge. Un type m’a parlé d’un cimetière de carcasses de VR. Je sais pas à quel point il sont dégradés. Sinon, on peut en récupérer une pour faire une chambre, et construire autour.”

Une fois qu’on aura ça, on pourra penser à aller s’équiper en volant de l’autre côté de la frontière. Trouver un matelas par exemple, plutôt que de dormir cassé sur un sol sableux, un empilement de tissus dégueulasses sous nous. J’ai honte de la déchéance où nous sommes, pas pour moi mais pour Nina. J’ai honte de l’avoir conduit à ce point de non-retour.
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MessageSujet: Re: Enjoy the Silence - Slavina   Enjoy the Silence - Slavina EmptyDim 29 Juil - 11:35

Je tamponne brièvement la serviette rêche sur ma peau pour essuyer les gouttes d’eau, et la chaleur m’enveloppe à nouveau, le rafraîchissement apporté par ces baignades est toujours bien trop court. En plein après-midi, je crois que je pourrais passer des heures accroupie devant la porte ouverte du réfrigérateur de Queenie, le ventilateur collé à mon dos. Ce qui est inquiétant c’est qu’on aborde tout juste les semaines les plus chaudes et que ça ne va pas aller en s’améliorant, les lieux sont bien plus agréables en hiver, où il fait juste raisonnablement chaud, assez pour que ce ne soit pas une souffrance. Dans d’autres circonstances peut-être que je trouverais ça amusant, que j’en profiterais pour détourner cette contrainte. On passerait nos journées nus l’un contre l’autre à se baigner dans le canal et la chaleur ne serait plus un tel problème. Mais la situation n’est en rien comparable à des vacances. Depuis dix jours que nous sommes-là, il m’emmène me baigner tous les soirs après mon service, et pourtant je ne m’habitue pas à l’exercice. Chaque fois, me dévoiler à sa vue est douloureux, parfois nous n’avons même pas la force de faire semblant de discuter et seul un silence pesant nous enveloppe tous les deux.

Quand j’estime être suffisamment sèche, je ramasse la robe que j’ai laissée sur ma besace pour éviter de la salir, et je me redresse en hochant la tête. Une chambre, ce serait bien… Un lit, des murs, un endroit dans lequel je n’aurais pas chaque fois si peur de me déshabiller, de fermer les yeux, d’être vulnérable. Je coince la serviette au niveau de ma poitrine pour pouvoir lever les bras et enfiler la robe par-dessus, ne retirant la serviette qu’après pour me dévoiler le moins possible. J’ai conscience d’à quel point ces précautions sont ridicules mais je ne crains pas son jugement, il n’ose même plus enlever son tee-shirt devant moi. Tu as du liquide sur toi ? Queenie me paie en cash à la semaine, et le soir je ne ramène que les pourboires de la journée, qui sont bien maigres il faut l’avouer. Je n’ai pas envie d’aller jusqu’à la décharge si c’est pour passer à côté d’une caravane par manque de thunes. Putain, ce serait tellement plus simple s’il acceptait de me laisser aller en ville pour un cambriolage ou deux ! Ici je ne peux voler personne, la communauté est trop soudée, les gens parlent trop, on se ferait lyncher si je me faisais prendre et c’est un risque qu’on ne peut pas se permettre de courir.

Je repositionne le ruban rouge qui tient mes cheveux, tire sur ma robe dans laquelle je me sens toujours un peu mal à l’aise parce que j’ai l’impression de porter un déguisement, et je remets mes sandales à gestes rapides.

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MessageSujet: Re: Enjoy the Silence - Slavina   Enjoy the Silence - Slavina EmptyDim 29 Juil - 11:35

Je l’attends, sans hâte. Pourquoi être impatient quand le temps ici fait bien ce qu’il veut. On le croirait presque figé et si on n’y prête pas attention, dix ans se passent sans qu’on s’en rende compte, c’est ce que j’ai compris en écoutant les témoignages des locaux. On s’échoue ici et on ne repart plus, c’est comme ça qu’on devient un Slabber. Pas ceux de la ville, pas les snowbirds, non, ceux qui vivent dans ces campements improbables à l’année. Comme nous. Peut-être qu’on devrait fuir ailleurs, partir, prendre le risque mais c’est déjà trop tard. Je sais que je n’aurais pas ce courage. Le courage, je n’en ai guère plus, il ne reste que l’instinct, celui de survie a toujours été puissant chez moi.

J’approuve silencieusement. Bien sur qu’une chambre se serait bien et surtout un abri où il fait moins chaud. Dans une caravane, ou un van, on pourrait mettre un ventilo - reste encore à régler le problème de l'électricité cependant. En ville il y en a, quelques anciens ont des groupes électrogènes qui leur permettent d’avoir un frigo ou encore des systèmes solaires, comme ceux qu’on avait mis au Chalet… Je réponds à sa question, évasif “Un peu.” Tout mon fric en l'occurrence, je ne le laisse jamais à la tente, trop risqué. Je suis payé chaque soir, à la mission. La plupart de l’argent passe dans la nourriture de la journée, l’eau potable qui coûte cher par ici parce qu’il n’y a pas d’autre moyens de s’abreuver. Les réservoirs et le canal sont insalubres. Mais on a un peu d’argent d’avance. Nina a trouvé rapidement un boulot, et on ne mange pas grand chose. Sly nous a gracieusement prêté la tente et de quoi dormir.

J’espère qu’on trouvera quelque chose qui n’appartient à personne à la décharge. Ca nous éviterait de taper dans notre argent, ou alors il faudrait que ce soit quelque chose en meilleur état pour vouloir l’acheter. Peut-être que ce serait mieux. Nina aurait tout de suite de quoi se sentir mieux, je vois bien que la tente précaire l’angoisse autant que moi. Pas pour les mêmes raisons peut-être, mais le résultat est le même. Quand elle est prête, on se met en route, marchant côte à côte, son épaule frôlant mon bras. Quand on marche ainsi, pourtant si différent d’avant où elle se collait contre moi, je ressens quand même une sorte d’apaisement. Parce que nous allons dans la même direction, d’un même pas. C’est la seule chose qui est encore capable de me rassurer ou de me donner un semblant de calme intérieur et la ligne tendue de mes épaules s’adoucit, comme mon regard.

Je ne suis jamais allé à la décharge mais on m’a dit de prendre vers l’arbre au pendu et puis d’aller à gauche. Je suis le parcours et le chemin, piste de terre à peine visible dans le sol arride. Il n’y a plus de végétation, et le soleil cogne encore dur, la sueur recommence à me couler dans le dos. Je décroche la gourde de métal de ma ceinture pour boire une gorgée d’eau devenue chaude.. “Tu en veux ?”
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MessageSujet: Re: Enjoy the Silence - Slavina   Enjoy the Silence - Slavina EmptyDim 29 Juil - 11:35

Je ne sais pas si un peu sera suffisant, mais je ne pose pas la question, je crois que ce serait inutile. De toute façon nous sommes complètement fauchés, je crois que je prends réellement la mesure de ce que vivre au jour le jour signifie. On se contente de satisfaire à nos besoins vitaux, à savoir manger et boire, et de New-York nous n’avons rien pu emporter. De toute façon même si on avait eu le temps de faire nos valises, on a eu tant d’ennuis sur la route qu’elles se seraient sûrement perdues en chemin. J’ai un haut-le-coeur en pensant à tout ce qu’on a perdu, c’est idiot mais je n’ai même plus notre boîte à souvenirs pour me remonter le moral et me rappeler qu’il y a eu des jours meilleurs. Tigar et Buba me manquent, au moins les bestioles se seraient collées à moi durant la nuit pour m’apporter un semblant de réconfort. Même ça, ça a changé. La tente est minuscule et pourtant on dort l’un à côté de l’autre sans même se toucher, généralement de toute façon nos horaires ne coïncident pas suffisamment pour qu’on puisse réellement dormir ensemble. A marcher à ses côtés, je serre les poings, mâchoires crispées, refrénant l’envie douloureuse que j’ai de seulement glisser ma main dans la sienne. Dieu que son contact me manque, je tuerais pour qu’il me prenne dans ses bras. Je ne sais pas ce qui m’empêche de faire le premier pas. Est-ce la peur de le sentir stoïque contre moi, les bras le long du corps, incapable de me rendre mon étreinte ? Est-ce la culpabilité d’être la cause de notre déchéance ? La crainte qu’il ne me rejette, peut-être, qu’un pas vers lui ne fasse voler en éclats cet équilibre déjà précaire entre nous. J’essaie, de toutes mes forces, de me contenter du fait qu’on soit ensemble, qu’on s’en soit sortis vivants, qu’il veuille bien rester à mes côtés même si je n’ai jamais l’impression qu’il soit vraiment là.

J’avance visage baissé, les yeux rivés sur le sol pour fuir la luminosité dérangeante malgré mes lunettes de soleil, et pour faire gaffe où je fous les pieds aussi. On n’est jamais à l’abri de marcher sur un serpent, un scorpion ou ce genre de conneries. Je ne lève le nez que pour récupérer la gourde qu’il me tend et en boire quelques petites gorgées avant de la lui rendre sans un mot. Un peu plus loin, la décharge nous apparaît déjà, montagnes de carcasses métalliques, véhicules éventrés qui s’entassent les uns à côté des autres. Je plisse les yeux pour tenter de distinguer, déjà de là où nous sommes, ce qui pourrait nous être utile. On n’est pas forcés de trouver quelque chose de très fonctionnel… Si on trouve une vieille caravane à donner ça fera l’affaire. Encore une fois, j’ai cet espoir sorti de je ne sais où que ce soit provisoire, qu’on finisse par trouver quelque chose de mieux, soit pour partir ailleurs, soit pour s’installer ici de façon plus confortable.
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MessageSujet: Re: Enjoy the Silence - Slavina   Enjoy the Silence - Slavina EmptyDim 29 Juil - 11:35

Je ne comprends pas ce qu’elle veut dire par de “très fonctionnel” mais je ne l’interroge pas. Une vieille caravane, ce n’est pas un objectif très compliqué je pense. Mais quand je vois la décharge, je revois ma position. C’est un tel bordel que ça ne va pas être simple. On rode en bordure du foutoir, Je jette un coup d’oeil aux sandales de Nina. “Va pas dans les tas de détritus avec tes sandales.” Elle aurait vite fait de se faire mordre par un crotale. Moi avec mes rangers, je suis déjà plus protégé. Je grimpe en prenant appui prudemment sur ce qui devait être une gazinière de camping car, j’enjambe un tas en foutoir pour escalader le tas de carcasses métalliques. Je me hisse pour regarder autour de nous.

Déjà j’élimine les vans trop bouffés de rouille où le toit a complètement disparu, je ne pense pas que ça va nous aider. J’essaye d’en trouver un assez grand pour qu’il puisse servir de pièce principale, car dans un premier temps, ce sera une chambre, pour manger on peut tendre un tissu d’ombrage comme ils ont fait au Boyuyu. C’est aussi pratique. Il nous faut juste assez de place pour pouvoir dormir, et que Nina puisse s’habiller debout et non pas pliée en quatre. J’aperçois une carcasse qui m’a l’air bien et j’essaye de l’atteindre en coupant par le milieu. “Là, tu peux faire le tour pour voir. Le truc bleu clair… On l’voit pas bien, y a des trucs autour.” Je saute pour approcher, atterrit sur quelque chose de mouvant qui m’oblige à faire un pas de côté. Je pose le pied sur le toit de la caravane convoitée, j’ai peur qu’il ne s’écroule sous la rouille et mon poids, mais c’est un bon test. Je fais très attention, il y a beaucoup de nid de guêpes dans le coin, et je n’ai pas envie d’en réveiller un par mégarde. J’arrive à aller dessus et puis à me laisser glisser sur le capot pour descendre près de ce van. J’essaye d’aider Nina, lui tendant la main pour qu’elle escalade plus facilement les obstacles pour me rejoindre. “ça n’a pas l’air si mal…” Alors oui, depuis que le Chalet a cramé, j’ai revu mes exigences à la baisse, on l’aura bien compris.

La caravane a l’air assez grande et en bon état je pense. Si elle n’a pas été prise, c’est surtout qu’elle est encerclée de détritus et que la sortir de là ne va pas être une partie de plaisir. Je crois quand même qu’on peut y arriver, mais faudrait qu’on aille chourrer un 4x4 ou un pick-up pour la tirer de là. Ou qu’on demande à quelqu’un de nous en prêter un, ou de nous le louer. Les possibilités ne manquent pas.
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MessageSujet: Re: Enjoy the Silence - Slavina   Enjoy the Silence - Slavina EmptyDim 29 Juil - 11:35

J’ai un léger pincement au coeur quand il baisse les yeux sur mes pieds pour me dire de faire attention. Ses précautions sont toujours là, bien que moins flagrantes, mais il ne s’adresse plus à moi de la même façon. Il me manque encore tous ces petits surnoms qui ponctuaient chacune de ses phrases, même les plus banales. Il ne me dit plus qu’il m’aime, il ne me susurre plus de mots doux en serbe, son regard ne brille plus lorsqu’il se pose sur moi. Je suis dévastée qu’on ait tout perdu, mais plus encore je me sens brisée parce qu’on s’est perdus l’un l’autre. Même dans les moments les plus difficiles, les plus douloureux, il y avait toujours un lien entre nous. Après l’avortement, on continuait à se toucher, à s’embrasser pour se réconforter. Et pendant notre séparation, alors même qu’il s’attendait à ce que je lui envoie les papiers du divorce, il ne pouvait pourtant pas s’empêcher de m’appeler srce. Le constater me donne envie de pleurer et je ferme les yeux quelques secondes, heureusement dissimulée par les lunettes de soleil, pour reprendre mes esprits. C’est justement à cause de ce genre de choses que je suis obligée de tout verrouiller. Le mutisme reste la seule solution que j’aie trouvée pour ne pas craquer. Je crois qu’il ne me pardonnerait pas de craquer, je n’en ai pas le droit. Pas devant lui en tout cas. Seule le soir quand il s’en va, peut-être que je finirais par imploser, mais pas en sa présence.

J’avance avec précaution, le nez levé vers lui tandis qu’il inspecte les carcasses, je le laisse choisir de toute façon, je ne suis pas très exigeante. Enfin, je ne le suis plus. J’aperçois celui qui semble l’intéresser, ou en tout cas retenir son attention, mais j’ai du mal à me faire une idée réelle. Je fronce les sourcils en avisant la main tendue, autant dire que comme on ne se touche plus du tout depuis deux semaines, le moindre contact, même le plus infime, me fait un drôle d’effet. Je tends le bras, retiens mon souffle le temps que nos doigts s’accrochent, ignore le choc électrique qui se propage de mon bras jusqu’à ma nuque, et je récupère ma main presque aussitôt, comme s’il m’avait brûlée. Je me racle la gorge pour reprendre mes esprits. C’est grand… Minuscule comparé au Chalet, mais immense en comparaison de cette tente ridicule. Nos pensées se rejoignent et je demande : Tu sais comment on va la sortir de là ? Elle n’a même plus de roues, ça va être difficile de la bouger mais je me vois mal habiter directement dans la décharge, n’est-ce pas ?! Tu crois qu’on peut voir comment c’est foutu à l’intérieur ? Non pas que ça changerait quelque chose, au point où on en est, mais je suis curieuse de voir ce à quoi ça ressemble.
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MessageSujet: Re: Enjoy the Silence - Slavina   Enjoy the Silence - Slavina EmptyDim 29 Juil - 11:36

J’ignore la sensation de sa peau contre la mienne, d’autant plus qu’elle retire rapidement sa main comme si je l’avais brulée. Je suis soigneusement verrouillé et je ne me pose pas de questions depuis qu’on a réussi à s’enfuir, depuis qu’on nous a fait sortir. A quel prix ! Elle a un drôle de regard mais je détourne la tête en crispant légèrement les mâchoires. Je fronce les sourcils. “Avec de l’huile de coude… On n’a pas tellement le choix. Une fois qu’on aura dégagé le tour, on la tractera. On peut surement demander la dépanneuse au garage.” La journée, je peux bosser ici, ça ira vite. Et le soir, si je ne veux pas faire de missions, il suffit que j’y aille pas. Je n’ai pas d’obligations. Machete embarque les mecs qui se pointent le soir au point de rendez-vous. J’ai été plutôt assidu jusqu’alors à cause de l’argent, mais on peut se serrer la ceinture - un peu plus - et vivre sur la thune de Nina durant une semaine ou deux.

“Oui, on va essayer” Je me déplace et je commence à bouger ce qui gène l’accès de la porte de la caravane. Elle est plutôt en bon état général même si bien sur le vitres manquent et qu’une porte a disparu pour autant que je puisse en juger. Je vire des tôles, des appareils électroménagers rouillés et des sacs poubelles, des détritus en tout genre. Je fais un passage jusqu’à la porte et une fois que c’est fait, je force la porte rouillée, coincée parce qu’elle est déformée. Mais en forçant, j’arrive à s'entrouvrir, ce qui me permet ensuite de pouvoir poser mon pied, et arc bouté contre le chambranle, de finir d’ouvrir suffisamment la porte. Par presque quarante degrés, je transpire à grosses gouttes sous l’effort. Je passe la tête à l’intérieur, vérifie qu’il n’y a pas de bestioles, enfin si y en a, des fourmis, sans doute des “amies” à huit pattes que Nina déteste tant, planquées dans les coins, mais je ne vois pas de nid de frelons ou de serpents. Les souris ont du s’en donner à coeur joie, les coussins en mousse sont bouffés. Ca pue aussi… Mais ce que je vois, c’est que la structure est saine, et ça c’est le plus important. Mon regard s’éclaire sous ce coup de chance imprévu. Je grimpe dans le van.
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MessageSujet: Re: Enjoy the Silence - Slavina   Enjoy the Silence - Slavina EmptyDim 29 Juil - 11:36

Je hoche pensivement la tête, essayant sans grand succès de penser à des solutions. On devrait pouvoir, oui. Ce qu’il y a de bien dans cette ville, et ça je l’ai rapidement compris, c’est qu’on peut toujours s’arranger pour s’en tirer, même sans argent. Soit on nous filera la dépanneuse sans poser de problème et tout ira bien, soit on nous demandera un service en échange. En somme on s’en sort toujours contre un peu d’huile de coude, si on est prêts à mettre la main à la pâte. C’est assez nouveau pour moi de devoir réfléchir de cette façon parce que j’ai toujours eu l’habitude de simplement me servir quand j’ai eu besoin de quelque chose. Même dans le Bronx lors des moments difficiles, il me suffisait d’organiser un cambriolage pour qu’on puisse se refaire. Mais Slavenko ne semble malheureusement pas très enclin à me laisser faire, ce que je ne comprends pas vraiment. Je ne vois pas ce que ça change, je passe des nuits entières toute seule à l’attendre, il n’est pas là pour me protéger, je ne serais pas plus vulnérable en train de cambrioler une baraque que je le suis déjà dans la tente.

Je le laisse faire en me tenant légèrement en retrait tandis qu’il s’efforce de dégager l’entrée de la caravane, sans trop rien toucher moi-même de craindre de me faire bouffer la main par un serpent. J’attends qu’il fasse un signe dans ma direction pour m’autoriser à le rejoindre, grimpant à sa suite. Comme lui, je ne fais pas vraiment attention au fait que c’est en si mauvais état qu’il va juste falloir absolument vider tout l’intérieur parce que tout est à jeter. C’est un vrai toit au-dessus de nos têtes, des murs qui nous protègeront mieux que le tissu de la tente. Même en virant tout et en dormant à même le sol, ce sera moins inconfortable que par terre sous la tente. On pourra tenter de l’aménager progressivement mais je ne sais même pas si j’ai la force de me projeter si loin. Très franchement je me demande à quoi bon. A quoi bon vouloir nous créer un endroit plus confortable où vivre ? Les travaux de l’appartement, du Chalet, ce lit qu’on avait acheté ensemble, la décoration, tout ça n’avait de sens que parce qu’on était ensemble, parce qu’on partageait quelque chose. Mais on ne partage plus rien, et sur un matelas confortable je me sentirais toujours aussi mal tant que ses bras ne seront pas là pour m’enlacer. Il faudra tout virer. Je commente seulement.
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MessageSujet: Re: Enjoy the Silence - Slavina   Enjoy the Silence - Slavina EmptyDim 29 Juil - 11:36

“ça c’est pas un problème, on le fera ici, avant de la déplacer. Il faudra la surveiller quand on aura assez avancé, qu’on se la fasse pas piquer connement.” Je ne connais pas assez bien les lois qui régissent le coin, je ne pense pas que quelqu’un du campement se risquerait à la prendre mais je sais aussi qu’il y a des squatteurs vers Salton sea, et ils pourraient bien ne pas avoir les mêmes scrupules. Je fronce à nouveau les sourcils en réfléchissant, frotte ma barbe trop rèche. Pour ma part je serais soulagé quand nous aurons autre chose que la tente “Je vais pas y aller ce soir, j’vais commencer à dégager. En deux ou trois jours, ça peut être réglé.” Il reste encore au moins trois heures de luminosité, quatre en forçant un peu. Je ressors pour faire le tour de la caravane, escaland quand il faut pour trouver le meilleur passage. Une ou deux fois des bruits dans les déchets me font me figer avant de repartir. Heureusement, si on leur en laisse le temps, la plupart des animaux préfèrent fuir.

L’endroit le plus simple pour accéder et donc dégager le passage est celui par lequel Nina est arrivée. Ensuite, il faut enlever ce qu’il y autour du van pour le dégager. Et en dernier virer le bordel dedans. Je commence donc par me concentrer par le passage d’accès, déplaçant et poussant plus loin - bien loin - tout ce qui nous barre la route.
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MessageSujet: Re: Enjoy the Silence - Slavina   Enjoy the Silence - Slavina EmptyDim 29 Juil - 11:36

La surveiller. Le terme me fait froncer les sourcils, je vois mal comment on va pouvoir faire ça. Je bosse la journée et je ne peux pas me permettre de ne pas me pointer au dinner. Si on reste ici longtemps, les offres d’emplois stables ne courent pas les rues et je n’ai aucune envie de me faire virer de chez Queenie. C’est un boulot de merde, clairement, mais il nous permet de manger. Après, il bosse la nuit et moi la journée, alors on peut peut-être se relayer… Je n’émets pas d’avis à voix haute pour l’instant, j’économise mes mots au cas où vous ne l’auriez pas remarqué.

En revanche, je crois bien que mon coeur fait un bond inattendu dans ma poitrine quand il balance l’air de rien qu’il n’ira pas bosser ce soir. La seule nuit qu’on ait passée ensemble depuis le départ, c’est celle de notre arrivée. Ce soir ? Je peux… Ma phrase reste suspendue, je referme la bouche. J’allais lui demander si je pouvais l’aider, mais j’ai peur qu’il refuse, et je ne veux pas lui laisser la possibilité de refuser. A deux on devrait avancer vite. Ce n’est pas une façon très subtile de reformuler mais je crois que la chaleur grille un peu trop mes neurones pour que je sois encore capable de subtilité. Je n’ose plus lui parler, je n’ose plus le toucher, mais j’ai toujours ce besoin viscéral d’être avec lui, quelque part dans son sillage, même si je ne peux rien faire d’autre que sentir sa présence, savoir qu’il est là, pas loin. Je me contenterais de ça.

Il s’éloigne sans rien dire, commençant à bosser seul comme si je n’étais pas là… Et je ne comprends pas pourquoi ça me peine tant, est-ce que ce n’est pas ce qu’on fait au quotidien, prétendre que l’autre n’est pas là ? Je ravale mon amertume et entreprends de l’aider. Je ne me risque pas à l’extérieur, la plupart de ce qui gêne est de toute façon trop lourd pour moi, mais je peux déjà commencer à faire le ménage à l’intérieur. J’y vais prudemment pour ne pas foutre la main sur une bestiole, et je vire tout ce qui a vraiment trop morflé, les coussins moisis, les sacs de déchets, les conserves qui traînent au sol, etc. Je trouve une caisse en bois dans laquelle je fourre toutes les merdes pour faire les voyages, et je fous ça suffisamment loin pour que ça ne vienne pas encombrer le passage qu’il est en train de dégager.

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