D'accord, mais est-ce que tu baises ? / Niisha

Alyosha est toujours le premier de vous deux qui attire l'attention surtout depuis qu’il a quasi tout le temps votre fille dans les bras, et c'est donc le premier qui est interrogé par votre hôte. Sa question te tire toutefois un sourire ; ton mari t'a beaucoup aidé pour la Jungle mais il est plutôt du genre, euh, design d’espace tu vois.
Tu acquiesces quand il se tourne finalement vers toi, et lui même semble satisfait d’avoir affaire au plus baraque des deux. Tandis qu'il file, tu embrasses ton mari sur la joue sans te soucier du fait que ça puisse déranger quelqu'un ici. Et si ça dérange tu mets des claques, tant pis.

-Je m'occupe de tout, je te prends…

Tu passes ta main dans la poche de son jean pour attraper les clés du van et tu en profites pour soulever son tee-shirt et carresser un morceau de peau qui passe.

-Ça. A toute !

L’œil canaille, tu fais un signe à ta fille et tournes le dos pour suivre le mec après qu'il t'ait apostrophé.

-Y'aura pas de miracles mais je vais faire ce que je peux. Montez, on crève ici.

Maggie éclate de rire semblant avoir réellement cru que tu faisais une blague, car tout le monde sauf toi apparemment s’est habitué à ce que le thermomètre ne passe jamais en dessous des trente degrés. Tu es persuadé que ça ne sera jamais ton cas, mais comme tu l'as si bien dit : mieux vaut ça qu'être poursuivi.
Tu attrapes le magazine de Nadeshda, songeant que son père biologique ne s’empêche jamais de gâter la princesse (Sinon ça n'en serait pas une).

-Ah bon ?

Tu jettes un regard très appuyé à Alyosha ; l’avantage comme l’inconvénient de celui là c'est qu'il a l’imagination très, très fertile.
Pourtant tu ne lui accordes qu'un sourire mystérieux.

-J'ai hâte de voir ce que ça peut être. Bonne journée Mag !

Elle t'adresse un signe de la main semblable à celui qu'une princesse adresse à son prince qui soit partir à la guerre, et disparaît bientôt dans le nuage de poussière généré par le van.

-Le vendeur m'a demandé si le minet qui m'accompagnait était mon mari, racontes-tu dans un rire, retirant une mèche blonde qui s'accroche à ta barbe mal taillée.

Oh très bien. Donc la question n’est pas de savoir ce qu'il y a dans le colis en question, mais comment Alyosha va réussir à faire garder Minette pour l’ouvrir devant toi. Tu te mords la lèvre pour t’empêcher de rire à cette pensée, le creux de tes reins fourmillant agréablement à son résonnement. C’était donc pour ça, cette fameuse réplique mimée à l’allée.
La question qui suit a le mérite de te rappeler pourquoi ton mari est ton mari et à quel point il te connaît bien.

-Parfaitement. Mais dommage, tu n’étais pas là cette fois-ci pour lui lancer ton regard de princesse condescendante tout en frétillant de ton admirable postérieur.

Nadeshda prononçant un mot en Norvégien te fait immanquablement lever les yeux dans le rétroviseur pour croiser son regard bleu ; elle a du sentir car elle lève la tête et te sourit, ce qui fait un peu fondre l’iceberg en toi.
Minette a changé beaucoup de choses dans ta vie à toi aussi.

Tout, de la chaleur écrasante aux cahots de ce qui n’a de toute façon jamais été une route, concourt à faire passer le meilleur conducteur pour un adolescent bourré qui n’a pas son permis. Le van crachote avec difficulté comme si vous étiez trop lourds pour lui, et le Land Rover te manque cruellement avec ses pneus crantés, ses amortisseurs et sa putain de clim.
La ville s’éloigne bientôt derrière vous jusqu'à ne plus être qu’une grappe de petits points noirs dans les tourbillons de sable. Le désert vous entoure alors de ses étendues impitoyablement arides, ses cactus, ses quelques rares animaux téméraires.

Le vent fouette le van quand vous vous arrêtez enfin. Minette descend, bientôt entourée de sa garde rapprochée et alors que tout le monde est descendu et après t'être assuré que tu pouvais quitter trente secondes ta fille des yeux, tu pousses Alyosha du coude.

-Hey.

Et au moment où il lève les yeux vers toi tu en profites pour lui voler ses lèvres un court instant, avant de sortir rapidement, ne laissant derrière toi qu'une image subliminale.

Remonté à la surface aride après avoir déchargé, tu confies à Lester les clés de son van qu'il vous a si gentiment prêté en le remerciant. C’est alors que Alyosha remonte en se donnant des airs de cow boy avec ses nouvelles pompes. Tu baisses les yeux vers ces dernières.

-Il ne te manque plus que ma veste sur les épaules et tu es presque prêt pour l’armée.

Lester pince les lèvres, visiblement peu à l'aise avec le concept sans doute un peu violent dans l'imaginaire commun, mais toi tout ce à quoi tu penses c’est à cette veste qui lui fait des épaules si carrées et massives et que tu lui as offerte un soir de février, sur un bateau ballotté par l'orage.

-Oh ? Je vais aller à la rivière alors oui, j’ai vu que les plantes faisaient la gueule. Nadeshda tu veux venir ?

Levant le nez de son magazine de poneys, Nadeshda pose son regard bleu foncé sur toi avant de secouer franchement la tête, faisant onduler et bondir ses boucles brunes sur ses épaules.

Tu fais super attention à bien couvrir la petite tête de la princesse tandis que vous partez, et lui permets même d'aller faire trempette dans une des poches de la rivière qui ne sont pas dominées par un courant très fort et une profondeur risquée. Néanmoins la rivière n’a rien de glaciale et ça fait désormais un moment qu'elle ne vous permet plus de vous rafraîchir correctement face à la chaleur cuisante du pays. Qu'à cela ne tienne, tu remplis précautionneusement de lourds récipients d’eau que tu ramènes à la Jungle, laquelle clapote agréablement tandis que Alyosha en parfait inspecteur des travaux finis, redescend. Vue l'heure Yngvil ne devrait pas trop tarder à donner sa relève aussi mais on ne sait jamais vraiment avec Slab City ; les horaires sont pour ainsi dire fluctuants.

-Vraiment ? tu questionnes avec intérêt. Où ?

Tu retires tes mains abîmées par la chaleur d’un enchevêtrement de cordes qui permettront plus tard de faire le nid dans lequel Fayne pourra dormir si elle daigne se pointer.

-C'était rapide. Je te manque tant que ça ?

Après l'historique du bunker tu penches la tête de côté.

-S’il est grand il vaut peut-être mieux le laisser de son côté dans un premier temps plutôt que d’essayer de le ramener. Je ne sais pas si c'est une bonne chose de les avoir trop près l'un de l'autre.

Ton regard bascule un instant dans une obscurité où prennent place les habituelles peurs que tu pouvais avoir au Bronx : avoir le plus de planques possibles, jamais au même endroit, afin que tout ne soit pas détruit d’un seul coup si…
Mais franchement, qui ferait ça à Slab City ? Les gangs s’ils existent ont des choses beaucoup plus importantes à faire sans nul doute.

-J’irai le voir alors.

Quand il a ce geste vers les dog tag, qui a quelque chose à voir avec le regard inquiet que tu viens d'avoir, tu glisses un doigt sous la chaîne, contre sa peau, et replace correctement les deux plaques de métal avant de l’embrasser sur le front dans une réassurance muette.

-Oui si tu veux. Il faut qu'on déplace les plantes mais j’aimerais attendre que quelqu'un s'occupe de Nad pour ne pas l’avoir dans les jambes, y'a trop de trucs qui vont traîner. Yngvil devrait pas trop tarder.

« Hmm tu peux dire que t’es pas d’accord, je connais cet air là. »

Pour l’instant cependant tu n’arrêtes aucune décision ; vous n’êtes pas là depuis longtemps et tu aimerais cerner l’ambiance générale de l’environnement avant de faire des choses concrètes. Ton activité de dealer t’a permis de savoir qu’il ne fallait pas fréquenter certaines personnes et ne pas t’aventurer sur certains territoires, mais ça, c’est comme partout.
Tu poseras la question en allant au Boyuyu ; tu ne peux plus te permettre de t’en remettre à la capacité de défense d’Yngvil et Alyosha maintenant qu’il y a Nadeshda, et bientôt Fayne, à protéger.
Trop risqué.

« Je sais que tu aimerais. Pour l’instant je peux rien te promettre. On fera ce qu’on peut, c’est tout ce que je peux te dire. »

Ta caresse termine sur sa mâchoire au moment où Yngvil descend et tu peux donc le lâcher pour te tourner vers ta fille épuisée par le taf, la chaleur et un peu de son sale caractère, aussi (surtout). Elle attrape sa petite sœur dans ses bras, remonte avec les chiens, vous laissant seuls.

« Tu entends ? » chuchotes-tu.

Il entend probablement rien ; y’a plus rien à entendre, et ça, c’est cool.

« Je sais. Laisse-moi juste un peu de temps. »

Tu as tes propres angoisses, qui concrètement ne devraient plus être valables à Slab City, mais le sont tout de même, accrochées par de solides grappins à tes souvenirs sensitifs de la fusillade qui vous a chassés de New York ; des balles pleuvant derrière le comptoir ; des pleurs de Nadeshda morte de trouille plaquée contre ton torse sous le gilet pare-balle qui l’étouffait ; de la mort prochaine en reflet au fond des pupilles de Clyde et Valentina ; d’Yngvil, la chair de ta chair, blessée gravement pour vous défendre.
Tout militaire que tu as été, c’est quelque chose qui frappe, et laisse une marque durable qui aujourd’hui encore, pulse douloureusement, amenant avec elle son lot d’angoisses, de superstitions, et d’images macabres empoisonnant les rêves en cauchemar, en tranchant la toile pour générer multiples réveils brutaux dans une réalité à peine meilleure.
Mais ça, tu consens à l’oublier un instant.

Ta main attirée par la sienne, se pose sur sa taille et tu prolonges le contact en appuyant sur son corps jusqu’à ce qu’il recule et étende sa longue silhouette d’ancien danseur contre l’un des rares murs inoccupés et frais de la jungle. Lorsqu’il tend la nuque ce n’est pas ses lèvres que tu embrasses, mais bien son cou, dans une invitation claire à saisir cette rare opportunité d’être seul à seul.

La chaleur grimpe immédiatement, pas à cause des hormones qui s’éveillent mais simplement parce que vous êtes l’un contre l’autre ; une manifestation qui a tendance à devenir désagréable avec la chaleur qui règne perpétuellement à Slab City. C’est ainsi que lorsque, remontant une cuisse contre toi, il montre le désir de te virer tes fringues, tu ne te le fais pas prier. Tu sais que la chaleur va grimper encore, d’autant plus que le bunker, non verrouillé et accessible à tout moment par les filles, peut être ouvert et vous interrompre, ce qui serait...vaguement gênant, mais qui rajoute du défi à l’activité.
Mieux que ça : un sentiment d’urgence animale.

Alors tu t’écartes, lui laissant remonter la fringue jusqu’à ce que tu doives l’aider en levant les bras et en semant le tissu sur le sol. Tu reviens alors vers lui, lui administrant le même traitement. Vos peaux se rencontrent, la chaleur monte de quelques degrés de plus, ton cœur s’emballe, la moiteur de l’environnement gagne tes membres, et tes soupirs, soudain, sont plus lourds.

Les caresses d’Alyosha ont toujours été toutes douces contre toi, une fois que la fièvre gagnant ses membres au moment de te retirer tes fringues a passé. C’est comme si une fois ces barrières futiles tombées ta nudité prouvait que t’étais à lui et qu’il n’avait plus aucun territoire à défendre, donc aucune animosité à montrer. Bien sûr son caractère impérial demeure, sinon ce ne serait pas lui ; mais tu t’y es fait jusqu’à le trouver charmant, jusqu’à n’opposer aucune résistance quand il te dirige manifestement vers la paroi de métal, t’y appuyant avec éloquence pour descendre le long de ton corps. Tes omoplates se collent contre la paroi, et la moiteur a tôt fait de produire son effet ventouse passablement désagréable. Mais ce n’est pas grave. Ce qui compte bientôt c’est le corps de ton amant qui descend jusqu’à se fiche à genoux en face de toi.
L’appréhension de ce qu’il va faire te colle une balle de feu dans le bas ventre.

Ton froc glisse sur tes hanches que tu as animé d’un léger mouvement vers l’avant pour l’aider, et un courant d’air se faufile entre tes cuisses, réussissant à faire frissonner ta peau ruisselante.

« Y’avait quoi alors finalement, dans cette boîte ? » chuchotes-tu comme si on allait vous entendre.