D'accord, mais est-ce que tu baises ? / Niisha

A chaque fois que c’est fait comme ça en urgence, lui à genoux comme une chienne en chaleur, et toi appuyé dans un mélange de curiosité et d’avidité certaines contre la paroi, ça te rappelle indubitablement la toute première fois où vous avez couché ensemble. Impossible donc, de savoir si le délicieux sursaut qui te parcourt jusqu’à te faire pencher la tête en arrière contre le mur en te mordant la lèvre et en fermant les yeux, est dû à ce souvenir où à l’acte réel ; très certainement un peu des deux. Tu as un souffle chaud et lourd, difficilement retenu quand il te demande d’essayer de deviner.

« Tu me distrais... » geins-tu lascivement. « Pas facile de se concentrer avec toi. »

C’est un compliment ? Bien sûr. Un de ceux qui lui donnent de la contenance et lui permettent des gestes plus assurés et provocateurs tandis que tu tentes de résister vainement aux vagues de chaleur qui grimpent au creux de ton ventre.
Chose rendue difficile par son mouvement de gorge, le fait que votre dernière étreinte date d’il y a une éternité, et ton propre désir qui se manifeste, déjà, en un gémissement grave.

Tes dents grincent d’inconfort quand il recule pour te reprendre en main, lascivement et te frustrer exactement comme tu détestes.

« Pourquoi tu enlèves tes lèvres, t’es chiant. »

Ca aussi il fait exprès peut-être ?
Bien sûr qu’il fait exprès ; sa réputation de princesse aimant à se faire désirer, réclamer, supplier même, n’est plus à faire, et toi comme un con tu t’y plies. Que ne ferait-on pas par amour, je vous jure.
L’ambiance est différente ; à celle, pailletée et parfumée de la Lanterne se substitue le froufroutement humide de votre jungle, même si dans les deux cas vous pouvez être surpris. Et pourtant, il y a tant de chemin parcouru jusque là.
Suffisamment pour que contrairement à la toute première fois, tu sois bavard.

« Reviens s’il te plaît. »

Tes doigts glissent dans ses cheveux que tu rabats en arrière, les tirant très légèrement sous la force des chocs électriques qui te saisissent.

« S’il te plaît princesse. »

Ton corps s’appuie plus franchement contre la paroi du bunker quand il remonte contre toi, et tu profites de cette proximité retrouvée, même s’il fait chaud, pour le serrer lascivement contre toi, caler un instant tes mains contre ses reins, écarter son jean de ses hanches pour finalement glisser tes doigts dans le bouton de ce dernier pour le faire jouer et tirer sur ses fringues afin que vous puissiez arriver au même état. Tu attrapes ses lèvres, qui portent cet étrange goût de toi au creux de leur pulpe, les avales et les fais rougir de tes baisers avides, distractions insidieuses permettant à tes mains de glisser entre vous et de le saisir.
Tu parviens à peine à l’atteindre qu’il plaque quelque chose contre toi. La vibration te fait sursauter, rater un battement de cœur, lâcher un petit couinement de surprise. Surprise, c’est le cas de le dire.

« J’en étais sûr. »

C’était forcément ça. Venant d’Alyosha ça ne pouvait être que ça. Ta main qui s’était resserrée vigoureusement sur le haut de sa queue, calme son étreinte autour de sa chair, la rend plus douce et plus lâche, jusqu’à ce qu’il se frotte contre toi lui aussi, pendant que toi, tu sens les vibrations agiter la moindre de tes vertèbres.

« Fais doucement. » siffles-tu entre tes dents alors qu’il te fait écarter les jambes pour glisser l’objet à l’entrée de ton corps.

La difficulté liée à l’introduction de l’objet au creux de ta chair montre à quel point tu n’avais plus l’habitude de ce genre d’exercice depuis que vous avez aménagé ici – aménagé est un grand mot. Tu serres les dents, essaies de te détendre en t’appuyant sur les mouvements de langue d’Alyosha et sur une respiration qui se saccade entre douleur et avidité de l’extase. Tes doigts, serrés sur ses épaules, se plantent dans sa chair nue, y laissant déjà des traces, comme autrefois.
C’est comme s’il n’y avait jamais eu de ruptures dans vos jeux, juste une petite ellipse, un mauvais rêve, et que la réalité était de retour, heureusement, maintenant.

Ta respiration s’accélère de nouveau quand les vibrations se remettent en marche ; la sensation est foutrement désagréable au début, alors que la douleur, la gêne, n’a pas encore glissé vers le plaisir. Tu repousses un peu Alyosha et te laisses glisser contre le mur, jusqu’au sol. Plus ou moins assis sur ce dernier, autant qu’on peut l’être avec un œuf enfoncé dans le cul, tu tires sur la main de ton amant, l’enjoignant à te chevauche, les doigts courant déjà, humides, entre ses cuisses.

La maladresse de tes gestes se ressent ; elle te rendrait presque honteux d’avoir oublié comment tu fais l’amour à ton mari. Lorsque tes mains se glissent dans son dos, et que tes bras se referment autour de ses hanches pour empêcher la gravité de l’attraper et l’empaler trop fort, elles te donnent l’impression de s’emmêler, et de ne pas pouvoir soutenir le corps de ton amant. Et ce dernier, soudainement, dans ce tremblement de gêne inconfortable, pousse son caractère précieux à quelque chose d’inévitablement fragile que tu pourrais briser d’un claquement de doigts. Tu le soutiens contre toi, tes lèvres appelant les siennes comme une ultime source d’oxygène dans ce bunker pour l’instant surchauffé. Les sensations pétillent dans ton ventre comme autant de bulles de champagne, car s’il y a quelque chose à fêter dignement ce sont ces retrouvailles qui ferment le chapitre un peu trop sombre de cette fuite acharnée pour votre survie. L’odeur d’Alyosha se répand tout autour de toi, sa chaleur se serre autour de ta chair, la compresse, imprime dans chaque parcelle de ton être sa présence impérieuse, impossible à oublier. Naturellement.
Tu attrapes sa lèvre inférieur d’un coup de dents, le rappelle à toi comme s’il allait oublier à qui appartient cette fantastique queue qui le déchire, saisis la sienne entre tes doigts comme si tu la prenais pour une nouvelle première fois.

La paroi du bunker vibre violemment quand ton corps corps s'y cogne mais aussi forte que soit la vibration elle n’a aucune importance quand celle de l'œuf est en train de t’agiter les entrailles. À chaque fois qu’Alyosha se relève tu crois que l’objet va glisser hors de ton corps et la caresse devient tendre et frustrante. Tandis que lorsqu'il redescend, toutes tes chairs se contractent autour du petit élément qui d'un coup semble immense, et se loge à un endroit beaucoup trop intéressant pour que ce soit humain.

-Moi aussi, tu chuchotes contre ses lèvres.

Définitivement ça t'avait manqué. Comment pouvait-il en être autrement ? Tu guides bientôt les mouvements de ses hanches de ta main fièrement campées sur l'os saillant de ces dernières, l’aidant à chasser son orgasme, résistant à la venue du tien qui se rapproche beaucoup trop vite.

Tout arrive trop vite et trop fort, mais tu t'en consoleras plus tard, en partie parce que se sentant pris au piège c'est ton mari qui a augmenté les vibrations de sorte de te faire basculer. Quelque chose de chaud a éclot dans tes reins, te tirant de longs et doux couinements ondulatoires tandis que tu jouissais sans rien pouvoir faire d'autre que donner tes hanches à ton mari en espérant le transporter à destination avant de devenir inutile par la force biologique des choses. Tu gémis encore quelque temps contre ses lèvres, les doigts plantés dans sa chair et dans la tienne, avant de t’immobiliser, ruisselant, épuisé mais conquis. Alyosha se moule contre toi, te permettant de déposer ta tête contre la sienne dans un soupir satisfait de bête sauvage contentée. Tu fermes les yeux et te laisses aller à une léthargie que Alyosha vient bientôt briser.
Tu souris simplement.

-Si tu me sautes, peut-être.

Il n’a certainement pas oublié le tempérament joueur de celui avec lequel il avait décidé de faire sa vie.

-Oh, alors si c'est l’inverse d'un problème…

Tu passes la main entre tes cuisses pour retirer sans aucune pudeur l'œuf qui dormait entre tes chairs et le laisser rouler sur le sol dans un bruit humide.

-Alors tout va bien.

La désagréable vague de froid qui vient traditionnellement après l’orgasme est cette fois ci simplement tiède tant il fait chaud. C’est l’avantage qui permet à Alyosha de rester collé contre toi, vautré sur tes genoux et lové contre ta poitrine. Comme à chaque fois que tu jouis aussi puissamment, l’extase amène sur tes papilles le manque de tabac, et il est évident que pour le bien de la Minette personne ne fume à l’intérieur.

-Je serai toujours là pour toi.

Tu déposes un baiser sur sa tempe.
Bien entendu tu penses la même chose ; si Alyosha n'était pas là tu n’aurais pas avancé dans beaucoup de domaines de ta vie mais ce n'est pas toujours facile à avouer, malgré tout l'amour que tu éprouves pour Alyosha, que parfois, tu as besoin d'aide.

-Je t'aime aussi.

Tu glisses tes doigts dans ses cheveux, caresses sa nuque distraitement. Autour de vous les plantes froufroutent en silence.